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Actualités - CHRONOLOGIE

Rentrée littéraire Du champagne qui coule et fait « pssht »

Colette KHALAF Chaque année, le nouveau Nothomb est très attendu par de nombreux lecteurs et lectrices. Cette année encore, la rentrée littéraire présente le grand cru de la romancière belge. Sauf que cette fois, il s’agit de champagne… pas très pétillant. Le fait du prince (Albin Michel) est donc le dix-septième opus d’Amélie Nothomb. Il suffit de l’introduction pour basculer le lecteur dans un univers étrange, pour le moins qu’on puisse dire différent. « Si un invité meurt inopinément chez vous, ne prévenez surtout pas la police. Appelez un taxi et dites-lui de vous conduire à l’hôpital avec cet ami qui a un malaise. Le décès sera constaté en arrivant aux urgences et vous pourrez assurer, témoin à l’appui, que l’individu a trépassé en chemin. Moyennant quoi, on vous fichera la paix. » Un étrange conseil donné à Baptiste Bordave par son voisin de table lors d’un dîner chez des amis et qui donne le coup d’envoi au roman. Le lendemain, un Scandinave du nom d’Olaf Sildur sonne à la porte de Baptiste et s’effondre sur son tapis. Conditionné par sa conversation de la veille, Baptiste va prendre une incroyable décision : lassé de la fadeur de sa vie, il décide de devenir Olaf Sildur. Mais tout cela n’est-il pas une sombre machination ? Ce préambule plus qu’alléchant, à la limite du surréalisme, se noie vers la fin du roman. L’intrigue en effet tourne court et la conclusion est bâclée, noyée dans les bulles de ce champagne qui abreuve tout au long du récit les deux personnages principaux ; la boisson de luxe fait très vite « pssht » et le gaz semble s’évaporer entre les lignes. Dans ce huis clos un peu glauque (loin du Japon, mais en plein fjord suédois), les thèmes d’identité et d’existentialisme (idées potentiellement exploitables à loisir) coulent très vite au fond de multiples bouteilles débouchées. À croire que le pays du Soleil-Levant sied plus à Mademoiselle Nothomb que le « soleil » boréal. La littérature prolixe d’Amélie Nothomb est une arme à double tranchant car le lecteur a tendance à vouloir toujours comparer son roman avec le précédent. Si tel est le cas, Le fait du prince ne fait pas le poids devant le Ni d’Adam ni d’Ève qui a obtenu l’année dernière le prix de Flore. Mais à le considérer comme un volume indépendant de l’œuvre entière, le roman se lit avec intérêt, voire délectation, car la romancière n’a pas perdu ce don de piquer la curiosité et de dérouter le lecteur. Amélie Nothomb signe là un polar qui tangue entre espionnage et simples jeux de hasard et coïncidences. Encore un tour de magie sorti des grands chapeaux de celle qu’on a tendance à comparer à un lutin facétieux.
Colette KHALAF


Chaque année, le nouveau Nothomb est très attendu par de nombreux lecteurs et lectrices. Cette année encore,
la rentrée littéraire présente le grand cru de la romancière belge.
Sauf que cette fois, il s’agit de champagne… pas très pétillant.

Le fait du prince (Albin Michel) est donc le dix-septième opus d’Amélie Nothomb. Il suffit de...