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Actualités - REPORTAGE

PORTRAIT Les années folles berlinoises avec Max Raabe

Edgar DAVIDIAN De l’art lyrique aux feux de la rampe de cabaret. On se souvient avec délectation du film aux huit Oscar de Bob Fosse. L’incomparable Cabaret faisait revivre un Berlin fascinant. Un Berlin déjà effrayant des premiers signes avant-coureurs de la funeste tornade nazie. Liza Minnelli y était merveilleuse et émouvante. Michael York angélique. Helmut Griem, l’incarnation de la beauté aryenne, suffisamment séduisant en play-boy impitoyable bourreau des cœurs. Mais la palme de l’émotion revient à Joel Grey, d’ailleurs détenteur du prix pour le second rôle. Défraîchi, enfariné, la mèche triste, les lippes vermillonnées, le regard humide mais lubrique, voilà l’énigmatique maître de cérémonie de cet enfumé Kit-Kat Club aux soirées douces-dingues… C’est dans ce sillage d’années folles berlinoises que Max Raabe se taille un succès phénoménal aussi bien en Allemagne qu’en Europe, et surtout outre-Atlantique. C’est par un retentissant concert à New York au Carnegie-Hall que le chanteur et son orchestre Palast ont consacré le retour aux airs de la République de Weimar… Comme quoi l’esprit de cabaret est immortel, même au cœur des salles les plus prestigieuses et les mieux fréquentées… Lumière donc sur ce chanteur allemand qui ressuscite la chanson populaire germanique des années 1920-1930 avec un délicieux et sulfureux parfum de la République de Weimar… Parfum mêlant une pointe d’humour, un zeste d’ironie, un rien de nostalgie et un capiteux souffle de tendre irrévérence. À quarante-six ans, Max Raabe, cheveux blonds gominés, taille svelte et fine, regard de velours et plein de malice, personnage-clef des soirées qui épousent les aurores agitées, campe un parfait maître de cérémonie. Mais aussi leader d’un groupe musical. Un ensemble de musiciens qui ont pour nom l’orchestre Palast. « Son » orchestre fondé en 1986 suit, depuis – succès oblige –, en toute docilité la sinuosité de ses innombrables mélodies (plus de 11 disques sur le marché) remettant au goût du jour aussi bien les œuvres de Kurt Weil que des chansons des années folles, toujours aussi pétillantes que rafraîchissantes… Max Raabe est sous les feux des spots. Qui aurait jamais imaginé ce baryton sorti des universités de Berlin, promis à une carrière de chanteur lyrique, dans cette cavalcade de chansons qui parleraient de crocodile, de cochon, de cactus et d’autres balivernes entre esprit facétieux et boniments d’un amuseur public qui sait faire mouche avec ses mots et ses notes ? Carrière surprenante pour ce chanteur allemand qui ne s’est pas contenté de ressusciter les chansons populaires allemandes, mais a également signé des tubes à des vedettes du show business international. À titre d’exemples, on cite le Oops… Did It Again de Britney Spears et le Sex Bomb de Tom Jones. Par ailleurs, public et presse ne sont pas prêts d’oublier sa prestation, sur scène, auprès de Nina Hagen dans l’Opéra de quat’sous de Berthold Brecht. Personnage glamour aussi avec ses fréquentations, Max Raabe était au château irlandais Gottfried Helnwein pour les mariages de deux stars surmédiatisées, Marylin Manson et Ditta von Teese. Pour ses vingt ans de scène, avec son orchestre Palast, le concert de Max Raabe sur les gradins de la Waldbuhne à Berlin a été plus qu’un triomphe. Résurrection tout en panache et humour d’une époque contrastée pour une mélodie entre mélancolie douce-amère et une certaine ironie.
Edgar DAVIDIAN

De l’art lyrique aux feux de la rampe de cabaret.


On se souvient avec délectation du film aux huit Oscar de Bob Fosse. L’incomparable Cabaret faisait revivre un Berlin fascinant. Un Berlin déjà effrayant des premiers signes avant-coureurs de la funeste tornade nazie. Liza Minnelli y était merveilleuse et émouvante. Michael York angélique. Helmut Griem,...