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Actualités - CHRONOLOGIE

FESTIVAL DE BAALBECK - Clôture au temple de Bacchus Clarté et profondeur avec Abdel Rahman el-Bacha

La soirée de clôture du Festival de Baalbeck a été un moment privilégié pour les pianophiles chevronnés venus nombreux applaudir le virtuose du clavier Abdel Rahman el-Bacha, au sommet d’une interprétation éblouissante faite de clarté et de profondeur. La permission d’applaudir au bon moment, prenant en toute franchise le public pour un fieffé ignorant, et l’injonction aux photographes de dégager faite, avec autorité, ont constitué quelques notes noires pour l’ouverture du concert, vite dissipées par le talent du pianiste qui sort de sa loge après quelques minutes d’attente… Premières mesures du Prélude et fugue en ut dièse mineur (extrait du Clavier bien tempéré) du cantor. Douceur de Bach empreinte de toute la ferveur de l’humanisme de la Renaissance entrecoupée par des feux d’artifice et des pétarades intempestives venus d’ailleurs, probablement d’une nouba baalbeckiote impromptue… Le calme s’est aussitôt rétabli et les notes du clavier de Abdel Rahman el-Bacha ont triomphé du vol en rase-motte des chauves-souris prisonnières dans les rais des spots et du silence imbibé de moiteur de la nuit. Le Clair de lune du maître de Bonn (La Sonate n° 14 Quasi una fantasia en ut dièse mineur op 27 n°2 ) avait un écrin de rêve dans ce cadre d’un temple au toit à ciel ouvert. Du pèlerin polonais un Impromptu n° 3en sol bémol majeur op 51 et la Deuxième sonate en si bémol mineur op 35 avec son redoutable cortège de la mort. Deux superbes narrations de Chopin, le prince du clavier, différemment lumineuses que le pianiste restitue dans une beauté étincelante, sans jamais tomber dans la fioriture d’une surcharge lyrique? ou des excès de sentimentalisme. Un respect absolu du texte dans sa plus grande sobriété. Équilibre et harmonie Ravel séduit immensément avec sa Pavane et ses Jeux d’eau, œuvre dédiée à Fauré et inspirée des murmures des sources et du chant des cascades. Touches délicates pour un frémissant impressionnisme. Hommage à Toufic el-Bacha, le père du pianiste, lui-même éminent musicien du monde arabe, qu’on écoute ici dans un Rondo oriental suivi d’une Nostalgie. Pour conclure, des extraits d’Iberia d’Albeniz. Évocations incantatoires de l’Andalousie où Abdel Rahman el-Bacha dépose en toute délicatesse, en bon Méditerranéen, le soleil et les couleurs suffisantes pour que l’auditeur ne cille pas des paupières sous l’aveuglement d’une lumière trop vive. Une pluie d’applaudissements d’un public religieusement à l’écoute. Deux bis généreusement accordés,?avec le calme olympien qui caractérise le pianiste quand craque, en plein concert, le support de la pédale et vole, en plein chromatisme, le bout d’une touche d’ivoire… De sa propre composition, une œuvre qui a justement l’esprit des lieux, baptisée Bacchus. Pour la touche finale, ce somptueux Prélude de Rachmaninov où le lyrisme, admirablement maîtrisé, est sans surenchère, ostentation ou emphase. Avec Abdel Rahman el-Bacha, le monde de la musique est synonyme d’harmonie, équilibre, de douceur et de profondeur. Edgar DAVIDIAN
La soirée de clôture du Festival de Baalbeck a été un moment privilégié pour les pianophiles chevronnés venus nombreux applaudir le virtuose du clavier Abdel Rahman el-Bacha, au sommet d’une interprétation éblouissante faite de clarté et de profondeur. La permission d’applaudir au bon moment, prenant en toute franchise le public pour un fieffé ignorant, et l’injonction...