Trois questions à… Ziad Richa : Je suis fier de porter le drapeau libanais lors de la cérémonie d’ouverture

Porte-drapeau de la délégation olympique libanaise qui prendra part aux JO 2008, Ziad Richa représentera le Liban dans la discipline du tir, catégorie skeet, aux côtés de 36 autres tireurs, dont la grande majorité sont des professionnels aguerris, venus des quatre coins de la planète. Pourtant, rien ne prédestinait ce jeune homme de 40 ans, cadre commercial dans la vie de tous les jours, à ce sport qu’il débuta d’ailleurs très tard, en 1994 pour être exact. Ziad a mis des bouchées doubles pour combler son retard. Il le fit avec art et manière puisqu’il remporta, depuis, le titre de champion du Liban à huit reprises en 1995, 1996, 1997, 2000, 2001, 2005, 2006 et 2007. Question : Quand avez-vous appris votre participation aux JO 2008 ? Réponse : En mars 2008, j’ai reçu un coup de téléphone du Comité olympique libanais m’annonçant que j’ai été choisi pour faire partie de la délégation libanaise qui participera aux Jeux de Pékin. Ma joie fut bien sûr immense, et dès lors j’ai intensifié mes entraînements pour être au top le jour J, les 15 (qualifications) et 16 août (finale de la discipline qui regroupera les 6 derniers rescapés). Q : Justement, comment s’est déroulée votre préparation ? Qu’avez-vous fait de plus qu’à l’accoutumée dans ce but ? Et qui couvre les frais d’entraînement ? R : Je me suis rendu immédiatement après en Italie où je me suis entraîné intensivement pendant près d’une semaine avec Tonino Blasi, un des meilleurs coachs du monde actuellement (Blasi a entraîné les tireurs italiens lors des JO d’Atlanta en 1996 qui remportèrent les médailles d’or et de bronze). J’ai également engagé à plein temps un autre entraîneur italien, Giovanni Malasomma, qui est d’ailleurs toujours avec moi et m’accompagnera à Pékin. Quant aux frais, c’est moi, bien sûr, qui règle tout. J’ai déjà dépensé plus de 25 000 dollars depuis mars 2008, entre mon entraîneur (qui réside au Liban, tous frais payés), l’achat du matériel nécessaire (cartouches, plats, location de terrain…) et stages d’entraînement à l’étranger. Tous les frais ont été payés par moi-même jusqu’au dernier sou, mais je ne regrette rien car le jeu vaut la chandelle. Participer aux JO, et être le porte-drapeau de sa délégation, de surcroît, lors de la cérémonie d’ouverture, sous les yeux du monde entier, est un grand honneur pour moi, et représente l’aboutissement d’un rêve auquel aspire tout sportif de haut niveau. Q : Sur quelle base avez-vous été choisi pour représenter le Liban dans cette discipline plutôt qu’un autre tireur ? Vous ne pensez pas que votre poste à la fédération y est pour quelque chose (NDLR : Ziad Richa occupe actuellement le poste de secrétaire général à la Fédération libanaise de tir et chasse) ? Et enfin, quelle performance pensez-vous réaliser à Pékin ? R : Ma sélection pour Pékin est uniquement basée sur mes résultats sportifs. Hormis mon titre de champion du Liban en 2007, j’ai tout simplement réalisé le meilleur score lors des tournois internationaux auxquels j’ai participé en compagnie d’autres tireurs libanais. Cent treize sur 125 lors du championnat du monde à Chypre en 2007, 117 sur 125 aux Mondiaux de Belgrade en juin 2008 et 117 sur 125 également à Chypre, lors du championnat d’Europe qui s’y est déroulé en juillet dernier. C’est simple, les chiffres parlent en ma faveur, aucun Libanais n’a réalisé une performance meilleure que la mienne, et c’est pour cette raison que ma candidature a été acceptée par le CIO (Comité international olympique). Côté résultats, une place sur le podium est a priori inaccessible, vu que sur les 36 tireurs participants, plus de 25 sont des professionnels qui ne vivent que pour ce sport. Mais je pense pouvoir améliorer mes résultats personnels, et dépasser la barre des 120/125, ce qui m’assurerait une place dans les dix premiers au classement général final. Propos recueillis par Tony HAYEK