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Actualités - CHRONOLOGIE

EXPOSITION - «?Lebanon Now?» à l’Association des artistes libanais* Quand l’art numérique se fait politique

Il s’agit, sans doute, de la première (hors cadre universitaire) exposition en son genre. Sous l’intitulé «?Lebanon Now?», l’art des nouveaux médias s’affiche sur des écrans d’ordinateurs à l’Association des artistes libanais. Des œuvres réalisées grâce aux moyens techniques les plus avancés s’interrogent sur un Liban aujourd’hui plus déconcertant, plus intrigant que jamais. Les artistes se livrent à des expériences où le code binaire occupe le devant de la scène, où la nouvelle technologie de l’information et de la communication est vue autrement. Nul doute que le socioculturel ainsi que le sociopolitique sont à l’ordre du jour. Les artistes «?racontent?» leur Liban à travers les éléments du monde numérique, à savoir?: les images, le son et les mots. «?Cette manifestation (sponsorisée par USAid) transpose l’observateur (métamorphosé en utilisateur) dans une expérimentation esthétique nouvelle?; elle est l’occasion tant attendue, aussi bien par les artistes que par un public qui aime l’art (et la technologie), pour expérimenter ensemble une forme de l’art contemporain où sont impliqués, non seulement l’observateur, mais également une importante équipe de scientifiques et d’ingénieurs informatiques sans lesquels l’art des nouveaux médias est simplement inconcevable?», fait remarquer Ricardo Mbarkho, organisateur de l’événement. À travers leur Message not delivered, Jean-Louis Eddé et Hayla Saab Demelero construisent une représentation d’eux-mêmes dans la société, dans laquelle sont mis en scène des éléments de leurs vies respectives qui ont un sens par rapport à leur vécu. Par un système de téléprésence, ils traitent de la question de l’immigration et celle de la relation du couple à distance. 6 O’clock est une expérimentation multimédia en ligne : le travail de Charbel Haber et Yara Raffoul se définit comme une balade qui peut être vue de deux manières. D’un côté, c’est une balade graphique et visuelle accompagnée de musique, de bruits, de nappes de son. Ce même parcours peut aussi être vu dans le sens inverse : c’est le graphisme qui figure, représente la musique.?Cette balade reste une balade libre de mise en page traditionnelle, de proportion, de typographie et même de lisibilité. How he lost his right hand finger est le site Web expérimental?de Mansour el-Habre. L’artiste présente donc un site sur lequel l’utilisateur est invité à surfer afin de rassembler des éléments de réponse à la question?: «?Il a fait comment, étant petit, pour perdre le majeur de la main droite ??» La réponse à cette question se fait par le biais d’une navigation labyrinthique qui met l’utilisateur face à de multiples possibilités dérangeantes qui remettent en cause la réalité de la guerre civile libanaise de 1975. Rabih Khalil a imaginé un moteur de recherche sur Internet intitulé Lebanon everywhere. C’est un collecteur de lettres, pour ainsi dire, qui cherche exclusivement les lettres composant le mot «?Lebanon?». Dans n’importe quel texte apparaissant dans n’importe quel site Web choisi par l’utilisateur, les lettres constituant le mot «?Lebanon?» sont automatiquement sélectionnées, rassemblées et affichées. Code binaire et image Ricardo Mbarkho présente, lui, une série d’images numériques imprimées sur papiers photo grande taille. Elles sont faites à partir de multiples accords conclus par l’État libanais depuis l’indépendance du Liban jusqu’à nos jours. Pour avoir ces images, l’artiste a fait «?croire?» à l’ordinateur que les fichiers contenant les textes de ces accords sont bel et bien des fichiers images. L’ordinateur calcule ainsi le code binaire de chaque fichier-texte pour en générer l’image équivalente. Dans la série, on trouve des images issues des codes binaires de textes comme?: l’accord de Doha, l’accord de Taëf, Lebanon-Syria Treaty of Brotherhood, Cooperation and Coordination, l’accord tripartite, l’accord du Caire, le pacte national, la Constitution du Liban, ainsi que le mot «?Lebanon?» lui-même. Nadia Oufrid propose une pièce de théâtre en ligne intitulée?Dialogue. Dès qu’on se connecte au site Web du projet, se présentent à nous deux acteurs virtuels jouant sur un plateau virtuel. Ils récitent sous les feux des projecteurs des textes tirés de deux adresses URL choisies aléatoirement par le système. L’internaute peut modifier à son gré les adresses URL et changer ainsi le dialogue des acteurs en puisant dans?différents sites, par exemple des sites libanais à l’occasion de cette exposition (politiques, artistiques ou autres). Les diverses émotions dont sont chargées les répliques sont rendues par le ton de la voix, le bruitage et la musique. Construct Lebanon, le projet de Shawki Youssef, est un jeu en ligne sur les possibilités d’une éventuelle «?construction?» du Liban, fondée sur le discours politique quotidien. Sur l’écran, s’affichent?les pièces d’un puzzle constituant la carte du Liban. Le joueur devra rassembler manuellement les pièces, mais le succès de la manœuvre dépend du choix des «?mots?» des leaders politiques libanais publiés dans les quotidiens. Quelques «?mots?» pourraient mener le joueur à la «?victoire?» et marquer la fin de la partie, tandis que d’autres déclencheraient le passage à un degré de difficulté supérieur, prolongeant ainsi la durée du jeu. M.G.H. * L’exposition se poursuit jusqu’au 30 juin, de 11h00 à 19h00 (sauf les dimanches). À la galerie LAA, imm.?al-Waqf al-durzi, 2e étage, rue de Verdun.
Il s’agit, sans doute, de la première (hors cadre universitaire) exposition en son genre. Sous l’intitulé «?Lebanon Now?», l’art des nouveaux médias s’affiche sur des écrans d’ordinateurs à l’Association des artistes libanais.

Des œuvres réalisées grâce aux moyens techniques les plus avancés s’interrogent sur un Liban aujourd’hui plus déconcertant, plus...