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Actualités - REPORTAGE

REPORTAGE Le piano, bulle d’oxygène de Zuhal

À 16 ans, Zuhal se passionne pour le piano qui l’a aidée à surmonter les violences de la guerre, mais à Bagdad où elle vit, les professeurs ont déserté la ville, et la jeune musicienne suit désormais des cours virtuels sur Internet pour progresser sur son instrument. «Je me sens très privilégiée d’avoir la musique », explique Zuhal avec un grand sourire en ajustant l’une de ses mèches de cheveux noirs. « C’est un trait d’espoir pour l’avenir, et ça me permet d’oublier la violence », ajoute la jeune fille de passage à Genève. Ces cinq dernières années ont été éprouvantes pour Zuhal et sa famille, son père a été tué en 2003 et elle a perdu sa mère, morte de maladie l’an dernier. « Sans la musique, je deviendrais folle », assure Zuhal. De Genève où elle a été invitée par le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) pour parler de sa situation, la jeune fille souhaite « appeler le monde à s’occuper des enfants irakiens ». « Si le monde ne se concentre pas sur eux maintenant, il n’y aura pas d’espoir pour un meilleur pays », insiste-t-elle. De sa vie à Bagdad, Zuhal décrit l’affection de ses frères qui s’occupent d’elle depuis le décès de ses parents, ses cours à l’École de musique et de ballet de Bagdad et ses répétitions avec l’Orchestre philharmonique de la ville où elle a été admise l’an dernier. « Un grand honneur », sourit-elle. Le problème, explique Zuhal, c’est qu’il n’y a plus de professeurs à l’École de musique. « Il y a une importante fuite de cerveaux en Irak, les scientifiques, les musiciens sont partis, et ils sont ceux dont l’Irak a le plus besoin », s’attriste-t-elle. Depuis 2004, Zuhal s’entraîne donc seule à son instrument, en lisant des partitions sur Internet, ou en rejouant des musiques entendues à la télévision. Mais depuis quelques mois, une professeur de New York, Reiko Aizawa, lui prodigue gratuitement des cours, grâce au Web. Désormais, plusieurs fois par semaine, Zuhal installe sa Webcam et se connecte par Internet pour suivre l’enseignement de Reiko. « J’ai fait de grands progrès grâce à ces cours », s’enthousiasme-t-elle. Dans le même temps, Zuhal regrette de ne pouvoir mener « une vie normale d’adolescente ». « La plupart des jeunes n’ont pas de vie sociale, on ne peut pas sortir faire du shopping ou aller au cinéma. On se fait seulement du souci, du souci et du souci », décrit-elle. L’Unicef a rappelé mardi que la moitié des enfants irakiens ne peuvent pas aller à l’école, le taux de scolarisation qui était de 83 % en 2005 est tombé à 54 %. Soit leurs parents craignent de les voir enlever sur le chemin de l’école, soit le nombre d’enseignants est insuffisant pour assurer les cours, a expliqué l’Unicef. Aude MARCOVITCH (AFP)
À 16 ans, Zuhal se passionne pour le piano qui l’a aidée à surmonter les violences de la guerre, mais à Bagdad où elle vit, les professeurs ont déserté la ville, et la jeune musicienne suit désormais des cours virtuels sur Internet pour progresser sur son instrument.
«Je me sens très privilégiée d’avoir la musique », explique Zuhal avec un grand sourire en ajustant...