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Actualités - OPINION

Rien qui change…

On fait des études d’avocat, on travaille dans la pub, on investit dans un restaurant et on meurt banquier. C’est l’homme moderne. Il s’adapte, se transforme, rebondit face aux contraintes de l’économie. L’économie, la valeur sûre au Liban. On ne sait plus qui fait quoi, qui est qui. Une société en mouvement. Une constante?: la politique. On naît politicien et on meurt politicien. On transforme nos corps, on les affine d’une part, on les gonfle de l’autre. On rase d’un côté, on implante de l’autre. On ne sait plus qui est qui et qui fait quoi. Tout le monde se ressemble, tout le monde se croit différent. Une constante?: «?le?» politique. Il ne change rien, ne se transforme pas, mais on ne sait plus non plus qui fait quoi et qui est qui. Nos immeubles se ressemblent. Un empilement de balcons. On les construit en logements, on les loue en bureaux, on les vend en commerces. Ils s’adaptent, embellissent?: c’est la société contemporaine. On s’identifie à tout, sinon à rien. Une constante?: c’est la loi. Elle s’applique partout, elle défend ses atouts?: l’économie et le politique. Nos collines se ressemblent. Boutonneuses, écorchées, on ne sait plus où on est?: à Bsalim, à Mtayleb ou à Naccache. On trace une autoroute, elle nous mène chez un politique ou à un lieu saint. Elle coupe les maisons en deux et si par bonheur elle est en hauteur, elle prolonge nos séjours. Une constante, c’est la mer. On se la dispute. Une parcelle qui cache l’autre et qui attend son tour pour être cachée. Elle est belle la mer(de)! Une église par-ci, une mosquée par-là, une petite par-ci, une plus grande par-là. Une constante celle-ci?: la religion. On la soigne, on se la dispute. Elle nous aide à mourir, elle nous empêche de vivre. Une petite guerre par-ci, une plus violente par-là. Elle détruit nos maisons, elle préserve nos paysages. On reconstruit nos maisons, on détruit nos paysages. On ne sait plus non plus qui fait quoi. Les pubs sur les pylônes, d’autres sur les toits, des plus grandes sur les façades, des longitudinales sur les ponts. Des produits de beauté et des beautés tout court?: des politiques partout, des slogans qui vendent, du n’importe quoi à n’importe qui. Je ne sais plus qui je suis ni où je vais. Les routes se ressemblent, les visages aussi. Du changement partout, mais rien qui change. Youssef TOHMÉ Architecte
On fait des études d’avocat, on travaille dans la pub, on investit dans un restaurant et on meurt banquier. C’est l’homme moderne. Il s’adapte, se transforme, rebondit face aux contraintes de l’économie. L’économie, la valeur sûre au Liban. On ne sait plus qui fait quoi, qui est qui. Une société en mouvement. Une constante?: la politique. On naît politicien et on...