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Actualités - CHRONOLOGIE

CORRESPONDANCE - «?La presse X réservée aux mâles?», contée par d’éminents professeurs d’université Le «?Sex and the City?» des années 1840

WASHINGTON, d’Irène MOSALLI Quatre jeunes New-Yorkaises, belles, toutes en glamour, d’une élégance à faire pâlir toutes les femmes de la planète, menant de brillantes carrières et faisant partie de toutes les «?parties?» de Manhattan où il faut être… Et qui plus est, parlant librement, ouvertement de leur vie amoureuse et étalant tous leurs secrets d’alcôve. C’est le film Sex and the City,?tiré de la série télévisée du même nom qui fait actuellement un tabac aux États-Unis et en Europe. C’est aussi l’art de vivre et d’aimer, façon Big Apple des temps modernes. Or autres temps, autres mœurs. Alors qu’on ne parle que de Carrie (journaliste disséquant les relations hommes-femmes) ; Charlotte (galeriste naïve et romantique) ; Miranda, (avocate et cérébrale) et Samantha (attachée de presse nymphomane), les quatre héroïnes du film, un livre, récemment publié, vient rappeler l’état de la libido dans l’Amérique du XIXe siècle. Son titre?: The Press Fash, ou Les hebdomadaires pour homme dans le New York des années 1840. Ses signataires?? Trois éminents professeurs d’histoire?: Patricia Cline Cohen, de l’Université de Californie, Thimothy J. Gilfoyle, de l’Université Loyola de Chicago, et Helen Lefkowitz Horowitz, du Smith College. Le trio a réalisé cet ouvrage en collaboration avec l’American Antiquarian Society, où ils ont à l’origine puisé l’idée de leur étude. C’est Patricia Cohen qui, tout en faisant des recherches à l’American Antiquarian Society sur le meurtre d’une courtisane du XIXe siècle, Helen Jewett, est tombée sur une collection de revues, «?pour hommes?». Elle avait fait part de ses trouvailles à Timothy J. Gilfoyle, qui en a fait mention dans une étude sur la prostitution new-yorkaise intitulée City of Eros (1992). Helen Lefkowitz Horowitz, auteur de Rereading Sex, travaillait elle aussi le sujet de l’évolution sociale de la sexualité. Ce qui a mené ces trois professeurs d’université à rédiger ensemble un document sur la presse «?X?» américaine au XIXe siècle. Paillardises et humour bon marché À l’époque, relatent-ils, ces publications, notamment Flash et Whip, qualifiées d’obscènes, de libidineuses et de répugnantes, étaient en fait un amalgame d’humour bon marché, de dessins suggestifs et de potins salaces sur les prostituées, les gens de spectacle, les sportifs. Au début très populaires, ils sont rapidement tombés dans l’oubli. Dans leur ouvrage, les trois auteurs donnent un échantillon de ce qu’était l’air du temps en reproduisant des chroniques de la vie urbaine, des éditoriaux sur la prostitution, des textes fustigeant l’homosexualité, etc. Le tout résumant une forme distincte du journalisme citadin. Outre ces écrits, hauts en couleur qu’ils rapportent et leur impact sur les lecteurs de l’époque, les trois auteurs examinent l’idée de la sexualité et de la liberté, puisée à la fois dans le libéralisme politique de Tom Paine (Britannique et fervent défenseur de l’indépendance de l’Amérique) et de l’idéologie sexuelle du marquis de Sade. Ils ont aussi retracé l’évolution de la censure et des lois contre l’obscénité, montrant comment une bataille légale a conduit à la mort de ces revues «?X?». Leurs éditeurs ont été traînés devant les tribunaux, puis emprisonnés pour crime d’atteinte à la pudeur, avant de voir leurs publications fermées. Mais cela, en ayant changé à jamais le débat sur l’approche publique de la sexualité et sur la liberté d’expression dans la plus importante cité américaine, New York. Une liberté d’expression et d’être qui, aujourd’hui, est l’apanage des hommes et des femmes. À elles le droit de choisir leur mode de vie et de le vivre au grand jour, de préférence avec panache, comme les héroïnes de Sex and the City. Bien loin du personnage de la femme de chambre, soumise au droit de cuissage de son employeur, et autres histoires paillardes véhiculées par ces revues destinées à affrioler les hommes.
WASHINGTON, d’Irène MOSALLI

Quatre jeunes New-Yorkaises, belles, toutes en glamour, d’une élégance à faire pâlir toutes les femmes de la planète, menant de brillantes carrières et faisant partie de toutes les «?parties?» de Manhattan où il faut être… Et qui plus est, parlant librement, ouvertement de leur vie amoureuse et étalant tous leurs secrets d’alcôve....