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Actualités - OPINION

«?Stars libanaises de la finance?»?: et les femmes??...

À la suite de la publication par « Le Commerce du Levant » d’un numéro spécial consacré aux «?Stars libanaises de la finance?» (juin 2008), Élissar Boujaoudé a adressé à Sibylle Rizk, rédactrice en chef du mensuel, la lettre suivante?: «Je voudrais vous remercier et vous dire que vous avez accompli un excellent travail en captant ce qui est l’esprit de la communauté libanaise de la finance. « J’ai été quelque peu étonnée toutefois que vous ayez omis, en tant que femme, d’en dire davantage dans votre article sur la femme libanaise (je me souviens de notre discussion sur le sujet chez “Paul”). Vous dites dans votre éditorial que, pour cet article, de nombreux hommes ont été interrogés, ajoutant entre parenthèses que le groupe “ne compte qu’une seule femme”, sans même mention de son nom, le mien. En tant que femme, et surtout en tant que femme libanaise travaillant dans la finance, dans la salle des opérations des firmes de Wall Street, ma génération a parcouru beaucoup de chemin. J’espère qu’à l’avenir, vous pourrez adresser, à travers les publications spécialisées, un message à la jeune génération de Libanaises pour leur dire qu’il existe pour nous des chances réelles de réussir et de laisser notre empreinte sur le monde. « Je me souviens que, petite fille de 10 ans à peine, en regardant un livre consacré à l’arbre généalogique des Abou-Jaoudé, je demandai à mon grand-père pourquoi il n’y avait que des garçons et aucune fille sur ses branches qui s’étendent à travers tout le Liban – il n’était fait mention que des religieuses et d’une lointaine cousine, diplomate américaine. J’avais eu droit à la réponse classique d’un aîné libanais : “Parce que cet ouvrage a été conçu par un prêtre. Les filles se marient, changent de nom, les branches ne pourraient pas être reconstituées. Tu seras toujours dans mon cœur une Abou-Jaoudé.” Etc. etc. Je m’étais dit à l’époque : “Je sais que je ne veux pas devenir une religieuse pour le bel exemple que j’avais connu à l’école. Par contre, je sais qu’un jour, j’aurai mon nom inscrit sur cet arbre.” J’ai souvent pensé à cet instant tout au long de mes 30 années de vie hors du Liban, aux États-Unis et en Europe. Mais l’arbre n’est plus celui des Abou-Jaoudé ou des el-Hachem (le nom de la famille de ma mère à laquelle je dois tant). Ou encore, pour citer le récent Origins d’Amin Maalouf (en français : Les Identités meurtrières – NDLR ) dont il a si éloquemment établi le concept, il n’était plus question des racines ni de la famille à laquelle j’appartiens, mais plutôt des voies et des sentiers entremêlés tracés par mon héritage. « Armée de la fierté et de l’éthique du dur labeur du “jurd” de ma mère, de la sensibilité metniote de mon père, de la première gorgée de vie du Beyrouth de la belle époque des années soixante-dix – disparu avant que je puisse en prendre une seconde gorgée –, le quotidien de Rmeil et Daraj Geara (où, soit dit en passant, Samir Assaf et moi-même étions amis d’enfance) où l’on est passé, en l’espace de quatorze jours, de l’adolescence bénie à l’enfer. Armée disais-je de tout cela, je quittai le Liban, tout comme d’autres personnes de ma génération, celle-là même à laquelle appartiennent tous ceux mentionnés dans votre article. Nous avons emprunté des routes, ranimé de vieilles amitiés et nous en avons fait de nouvelles ; nous nous sommes soutenus les uns les autres et émergé en tant que groupe dans un monde hautement compétitif, fiers les uns des autres à chaque fois que l’un des nôtres était promu. « Lorsqu’il tente de décrocher un poste à Wall Street ou dans la City, comme on appelle Londres, un candidat se voit requis d’évoquer une “War Story” (un “parcours du combattant” - NDLR), pour donner au nouveau diplômé l’occasion de mettre en relief un défi qu’il ou elle a eu à relever. Il m’est souvent arrivé de réfléchir à notre succès. Aujourd’hui, je suis certaine que nos postes élevés, dans un secteur où seuls les plus capables survivent, nous les devons au fait que nos “War Stories” sont bien réelles. « Avec un rien d’ironie, je note que deux des 35 personnalités de votre dossier sont des Abou-Jaoudé, un homme et une femme. Peut-être pourrai-je maintenant espérer figurer dans l’association familiale de Jal el-Dib, où mon nom figurera sur une lointaine branche. Puissiez-vous un jour consacrer un numéro spécial aux “femmes libanaises”. Élissar BOUJAOUDÉ Trust Company of the West 865 S. Figueroa Street • Los Angeles, CA 90017 PS - Je suis très engagée dans le caritatif au service des causes libanaises. C’est ainsi qu’en 2002, j’ai escaladé le Kilimandjaro pour recueillir des fonds destinés à des œuvres charitables au Liban.
À la suite de la publication par « Le Commerce du Levant » d’un numéro spécial consacré aux «?Stars libanaises de la finance?» (juin 2008), Élissar Boujaoudé a adressé à Sibylle Rizk, rédactrice en chef du mensuel, la lettre suivante?:


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