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Actualités - CHRONOLOGIE

Turquie - La justice avait annulé une révision constitutionnelle autorisant le port du voile dans les universités L’AKP d’Erdogan dénonce le verdict « erroné » de la Cour

L’AKP, parti au pouvoir depuis six ans en Turquie, a estimé hier soir au terme d’une longue réunion que la Cour constitutionnelle avait violé la Constitution en invalidant la réforme qui levait l’interdiction de porter le foulard islamique dans les universités. Dengir Mir Mehmet Firat, vice-président de l’AKP, a déclaré à la presse à l’issue d’une réunion extraordinaire de six heures de la direction du parti, présidée par le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, que la Cour constitutionnelle n’était habilitée qu’à examiner les questions de procédure d’adoption des lois par le Parlement et ne pouvait pas se prononcer sur leur contenu. « La décision de la Cour constitutionnelle représente une ingérence directe dans le travail du pouvoir législatif et une violation flagrante du principe de séparation des pouvoirs », a estimé le vice-président de l’AKP. L’invalidation de la loi par la Cour constitutionnelle est un revers majeur infligé à l’AKP, issu de la mouvance islamiste et menacé de dissolution pour atteinte au principe de laïcité. Pour soutenir le parti au pouvoir, des centaines de femmes voilées ont manifesté après les prières du vendredi à Istanbul ainsi qu’à Diyarbakir, dans le sud-est du pays. « Maudits soient ceux qui sont derrière les juges (...) Allah est le plus grand », scandaient les manifestantes à Istanbul. Selon de récents sondages, les deux tiers des femmes turques portent d’une façon ou d’une autre une forme de voile et la même proportion est favorable à la levée de son interdiction pour les étudiantes. Cette question du voile joue un rôle central dans la tentative de dissoudre l’AKP pour menées antilaïques et de suspendre pour cinq ans de la vie politique 71 de ses membres, dont le chef de l’État Abdullah Gül et le Premier ministre. La Cour constitutionnelle doit se prononcer dans les mois qui viennent sur la dissolution de l’AKP. Plusieurs dirigeants du parti pensent qu’elle décidera effectivement l’interdiction et ils se préparent déjà à créer une nouvelle formation. La Cour constitutionnelle, la plus haute instance judiciaire du pays, a annulé jeudi la réforme autorisant le port du foulard islamique dans les universités. Elle a jugé que le projet de loi présenté par l’AKP entrait en contradiction avec trois articles de la Constitution turque, dont l’un d’entre eux spécifie que la Turquie est une république laïque. Le désaveu de cette réforme sonne comme une victoire pour l’opposition laïque, qui accuse le parti d’Erdogan de suivre un calendrier secret dans le but d’introduire un système de lois islamiques. Le camp laïque, avec à sa pointe l’armée, les juges et les recteurs d’université, a salué l’abandon de cette réforme. « Si la Turquie est un État démocratique, laïque, nous devons respecter les décisions (de la Cour constitutionnelle) », a déclaré le général Yasar Buyukanit. L’AKP, arrivé au pouvoir en 2002, a remporté une large victoire aux dernières législatives de juillet 2007 avec 47 % des suffrages. Au soir de sa victoire, M. Erdogan avait voulu rassurer une partie de la population, inquiète d’une islamisation progressive du pays. Mais son parti s’est ensuite attaqué à l’interdiction du voile, amendant la Constitution grâce à sa majorité au Parlement, au grand dam des laïcs. L’AKP s’était défendu en affirmant que cette interdiction contrevenait à la liberté de conscience et au droit à l’éducation. La Cour constitutionnelle s’était pourtant déjà prononcée à deux reprises dans le passé contre le port du voile dans les universités. L’interdiction avait aussi été maintenue par le Conseil d’État turc et la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH).
L’AKP, parti au pouvoir depuis six ans en Turquie, a estimé hier soir au terme d’une longue réunion que la Cour constitutionnelle avait violé la Constitution en invalidant la réforme qui levait l’interdiction de porter le foulard islamique dans les universités.
Dengir Mir Mehmet Firat, vice-président de l’AKP, a déclaré à la presse à l’issue d’une réunion...