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CORRESPONDANCE - L’art de l’affiche dans tous ses états à la National Portrait Gallery Une esthétique racoleuse et tapageuse, de Rita Hayworth à Johnny Depp, via Thomas Edison WASHINGTON, d’Irène MOSALLI

« Pour moi, j’aimerais mieux toutes les chambres de l’exposition tapissées des chromos de Chéret… » Le grand critique d’art français Huysmans, qui évoquait ainsi Chéret, l’un des premiers maîtres de l’art de l’affiche et qui sera pour beaucoup dans la popularité du genre, ne renierait pas l’exposition qui se tient actuellement à la National Portrait Gallery sous le titre : « Abattage publicitaire : l’affiche comme art du portrait ». Les soixante œuvres sur cimaises sont toutes axées sur des visages américains du monde du cinéma, de la musique et du sport. Les visiteurs sont accueillis par une sulfureuse Rita Hayworth dans la promotion de la version italienne (1953) du film Trinidad. À la sortie, ils seront salués par Johnny Depp dans son rôle de Jack Sparrow dans Pirates des Caraïbes. Entre-temps, ils auront suivi l’évolution de cette forme artistique dont les débuts remontent à 1860, au moment où l’urbanisation croissante a généré un engouement pour la publicité dans la rue. Les affiches américaines de l’époque se préoccupaient de slogans accrocheurs insérés entre les images. « Il parle, il chante, il rit, il joue des chansons », peut-on lire sur une affiche vantant les possibilités d’une nouvelle invention signée Thomas Edison : le phonographe. Pour sa part, l’Europe, avec en tête Jules Cheret, avait fait de la publicité un véritable art. L’exposition donne à voir sa représentation de la danseuse américaine Loïe Fuller, célèbre pour les voiles qu’elle faisait tournoyer dans ses chorégraphies. Vers 1890, l’influence du style japonais, qu’avaient adopté les disciples de Chéret, s’est étendue aux États-Unis, comme en témoignent un lancement de livre réalisé par le peintre William Sergeant Kendall et un calendrier par l’affichiste de renom Edward Penfield. Courtisé par les spectacles, la troupe et les politiques La promotion des arts du spectacle a de suite adopté ce style punch. Et durant les deux guerres mondiales, les militaires ont eu recours à l’affiche pour leur recrutement. Les célébrités en uniforme (Clark Gable et le boxeur noir Joe Louis) ont été mises à profit pour attirer l’enrôlement des Blancs et des Noirs durant la Seconde Guerre mondiale, lorsqu’il existait encore une ségrégation dans la troupe. Une section spéciale est réservée aux très spectaculaires affiches des années 60. La plus connue est celle de Bob Dylan, réalisée par Milton Glaser pour l’un de ses albums. Il le montre de profil et lui fait arborer des tresses aux couleurs de l’arc-en-ciel, symbolisant son statut contre-culturel. Cette composition est annonciatrice des gravures psychédéliques, mêlant le rêve et l’imagerie surréaliste, les formes et les couleurs vibrantes de l’op art et les courbes de l’art nouveau. Également sur cimaises, les affiches comme support des campagnes politiques, qui sont par la suite devenues objets de collection. Cela va du simple portrait (Barry Goldwater, candidat à la présidentielle de 1964), à une composition surchargée pour McGovern avec un croquis de Nixon sur fond de la géographie du pays en pièces de puzzle. Ailleurs, le candidat du Parti progressiste, Henry Wallace, n’apparaît pas sur le poster de sa campagne de 1948, qui donne à voir les autres concurrents. Il y a aussi Harry Truman jouant sur un piano sur lequel s’est perché son concurrent Thomas Dewey, dans une pose empruntée à l’actrice Lauren Bacall, ainsi photographiée avec Truman. Sont également placées sur le piano des partitions ainsi intitulées Un homme valable est difficile à trouver et Et voilà, la même chanson. En introduction à cette exposition, il était précisé qu’elle était consacrée à « l’art graphique, racoleur et tapageur ».
« Pour moi, j’aimerais mieux toutes les chambres de l’exposition tapissées des chromos de Chéret… » Le grand critique d’art français Huysmans, qui évoquait ainsi Chéret, l’un des premiers maîtres de l’art de l’affiche et qui sera pour beaucoup dans la popularité du genre, ne renierait pas l’exposition qui se tient actuellement à la National Portrait Gallery sous le...