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THÉÂTRE - « La smala BB » de Khaled Benghrib et la Cie 2k-Far au Tournesol La tourmente de vivre dans un monde absurde…

Sur une scène nue avec tentures blanches, cinq garçons en costumes bleu marine sombre et pieds nus investissent un monde surréaliste et agité dans son silence et sa folie incompréhensible…Cheveux ébouriffés ou rasés à même le crâne, torses nus, sciés en deux ou droits comme un i, lianes entortillées ou funambules sur une corde raide, ces jeunes gens peu conventionnels, entre la tourmente de Jérôme Bosch et les images des personnages sans tête de Magritte, à la gestuelle surprenante de précision, de dérision et d’un délire gesticulant, parlent aux spectateurs du théâtre du Tournesol (rond-point Tayyouné) de la dualité paradis-enfer… Des spectateurs venus quand même relativement nombreux dans une capitale aux artères presque désertes, à la veille des échéances et des décisions politiques cruciales de leur caste dirigeante opérant mille pas, conciliabules et conclaves à l’étranger… Pour en revenir à cette dualité paradis-enfer, vécue ici en une muette théâtralité, sous les feux de la rampe, sur tous les tempos possibles et impossibles, elle s’exprime à travers une expression corporelle des plus délurées et des plus fantaisistes, sans oublier toutefois les notions de signes, de clins d’œil ou de symboles… Telle est la vision tragi-comique dans La smala BB (titre très ionescien !) du Marocain chorégraphe Khaled Benghrib, dirigeant sa troupe de danseurs, la Cie 2k-far, composée de Aboulaakouf Younès, Atbane Younès, Atbane Zouheir, Nadif Aziz et de lui-même dans ce petit peloton entre mecs… Avec des objets faits de bric et de broc comme accessoires de scène (une échelle recouverte de scotch jaune, du papier kraft, des pseudo mini-futons, un écheveau de rouleau de colle, un projecteur…), ces danseurs, à la souplesse de corps parfois saisissante, font vivre un univers cauchemardesque, onirique, ludique, robotisé, habité de confusion et de déroute… Jonglerie, équilibre, gestuelle simiesque, défoulement sans frontière de cinq garçons qui revisitent le monde, avec histoire abracadabrante et contre-histoire, pour meubler vide et espace rempli de silence et d’un étrange bruitage. Avec une bande originale son qui marie subtilement les cantilènes des rues marocaines aux chuintements des moteurs, en passant par le ronron des machines, le grésillement des rouages grippés et de très belles bribes de mélodieuses chansons occidentales… Joyeuse, rafraîchissante, faussement frivole mais aussi parfois dérangeante, car délibérément choquante, invite à une farandole, où rien n’est ni sérieux ni grave, pour une quête agitée. Une quête pour « être l’élu du vide, le gardien de l’ombre », comme le souligne le texte expliquant ces acrobaties empruntant avec désinvolture et un soupçon d’irrévérence à tous les courants de la danse contemporaine… Une grinçante fable moderne aux images entre ironie et cruauté pour révéler les troublants remous de tout univers intérieur soumis à un flot de pressions invisibles mais perceptibles…Une sarabande ne cédant guère aux émotions faciles et aux gracieusetés de la danse, mais un impitoyable miroir déformant pour un univers où nul ne domestique le vide et qui semble abandonné de la mansuétude de Dieu…. Un concept plus expérimental et sophistiqué que convaincant. Edgar DAVIDIAN
Sur une scène nue avec tentures blanches, cinq garçons en costumes bleu marine sombre et pieds nus investissent un monde surréaliste et agité dans son silence et sa folie incompréhensible…Cheveux ébouriffés ou rasés à même le crâne, torses nus, sciés en deux ou droits comme un i, lianes entortillées ou funambules sur une corde raide, ces jeunes gens peu conventionnels,...