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Actualités - CHRONOLOGIE

Moubarak s’est éclipsé d’une conférence lors du discours du président américain À Charm el-Cheikh, les tensions égypto-US ont éclaté au grand jour

L’Égypte a fait ses adieux sans regrets à George W. Bush ce week-end, à l’occasion d’un forum économique sur le Moyen-Orient à Charm el-Cheikh, où le président américain a appelé à des réformes démocratiques dans les pays arabes. Le président égyptien Hosni Moubarak, hôte de cette conférence, a rompu avec sa courtoisie habituelle en s’éclipsant rapidement dimanche après avoir prononcé son discours inaugural, sans attendre celui de M. Bush, qui terminait une tournée régionale. Le geste de M. Moubarak a surpris les participants, dont le roi Abdallah II de Jordanie qui est patiemment resté, lui, jusqu’à la fin de la séance. Aucune explication officielle n’a été fournie à cet acte inattendu de M. Moubarak, qui n’a pas effectué de visite aux États-Unis depuis 2004. Mais la presse gouvernementale égyptienne a laissé entendre qu’il s’agissait d’un geste délibéré. Très sensible aux appels à une démocratisation de son régime, M. Moubarak, 80 ans, a été d’autant plus irrité par les critiques de M. Bush qu’elles interviennent alors que la question de sa succession accapare le débat politique en Égypte depuis plusieurs années. Son fils Gamal, 44 ans, considéré comme son successeur potentiel, joue un rôle politique de premier ordre depuis cinq ans en sa qualité de haut responsable du parti au pouvoir. Gamal, cité hier par la presse locale, a réagi au discours de M. Bush devant le « Davos » du Moyen-Orient, le qualifiant de « décevant en ce qui concerne la question palestinienne ». MM. Moubarak et Bush ont échangé, par discours interposés, des arguments et des contre-arguments sur la démocratie dans les pays arabes. M. Bush, dont la tournée est intervenue en pleine campagne électorale aux États-Unis, a dénoncé le refus des régimes arabes de donner à leurs peuples le droit de choisir leurs dirigeants. Affirmant que l’Égypte avait avancé sur la voie des réformes économiques, M. Bush a souligné que « la réforme économique doit cependant être accompagnée d’une réforme politique », avant d’ajouter : « J’espère toujours que l’Égypte pourra conduire la région vers » une telle réforme. « Très souvent au Moyen-Orient, la politique consiste en un seul dirigeant au pouvoir et l’opposition en prison », a dit M. Bush. L’Égypte a plusieurs fois été critiquée par Washington sur la question des droits de l’homme. M. Moubarak a, pour sa part, réaffirmé dans son discours que son pays refusait « les tentatives d’imposer la démocratie par l’étranger » et « poursuivait ses réformes démocratiques en prenant en considération les spécificités de notre société ». M. Bush a ouvertement réfuté cette logique : « Certains (dans le monde arabe) disent que la démocratie est une valeur occidentale que l’Amérique veut imposer à des citoyens qui n’en veulent pas (...), or en vérité la liberté est un droit universel. » Le chef de la diplomatie égyptienne, Ahmad Aboul Gheit, a profité d’un débat lundi dans le cadre de la conférence pour critiquer implicitement M. Bush. « Nous devons être vigilants car ceux qui œuvrent pour un conflit des civilisations sont sur le point de réussir et juste hier, nous avons entendu des propos sur une mauvaise compréhension dans les pays musulmans des valeurs occidentales », a-t-il dit. Interrogé par le médiateur du débat s’il parlait du discours de M. Bush, M. Aboul Gheit a implicitement confirmé en répondant : « Quoi qu’il en soit, quoi qu’il en soit », provoquant les applaudissements des participants égyptiens, parmi lesquels figurait Suzanne Moubarak, l’épouse du président.
L’Égypte a fait ses adieux sans regrets à George W. Bush ce week-end, à l’occasion d’un forum économique sur le Moyen-Orient à Charm el-Cheikh, où le président américain a appelé à des réformes démocratiques dans les pays arabes.
Le président égyptien Hosni Moubarak, hôte de cette conférence, a rompu avec sa courtoisie habituelle en s’éclipsant rapidement...