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Des élections en 2009 ? À quoi bon ? Ayman GEORGES

La loi électorale ne se limite pas au découpage des circonscriptions et au mode de scrutin. La tenue d’élections démocratiques nécessite une série de réformes techniques et administratives pour assurer la transparence et l’équité du scrutin électoral (une commission électorale indépendante, la régulation des médias et du financement des campagnes, l’utilisation de bulletins de vote préimprimés, la tenue des élections en un seul jour, etc.). Mais tout cela ne suffit pas… Croire que le découpage des circonscriptions suffit pour refléter la volonté du peuple est faux. Même si toutes les réformes que la commission Boutros a suggérées sont intégrées au code électoral, les prochaines élections ne seront ni libres ni démocratiques, si la situation politique actuelle perdure. Supposons que les élections législatives de 2009 soient régies par le meilleur code possible d’un point de vue théorique. Serai-je libre de déposer dans l’urne le bulletin de mon choix quand je sais que mon voisin est armé et qu’il est prêt à tout moment de prendre – par la violence – le contrôle de ma rue et imposer la loi de son parti politique ? Pourquoi irai-je voter quand je sais que le Hezbollah et ses alliés sont disposés à envahir le pays et à faire chanter tout gouvernement qui ne suivrait pas leurs diktats ? Je ne vote pas à Beyrouth, mais après l’occupation de Beyrouth par les miliciens du Hezbollah, de Amal et du PSNS, je deviens Beyrouthin de cœur. La blessure et l’humiliation causées par cette action ignoble ne seront pas oubliées de sitôt. À moins d’un découpage inique des circonscriptions de Beyrouth, il est impensable que les forces du 8 Mars puissent un jour gagner – démocratiquement – les élections dans la capitale. Le Hezbollah a prouvé qu’il n’a cure de cette réalité, de la volonté du peuple de Beyrouth. Moi, électeur de la capitale, pourquoi irai-je voter quand je sais que même si mes 19 candidats sont élus, leurs idées seront purement et simplement ignorées par des milices, prêts à imposer par les armes leurs critères et leurs valeurs ? Enfin, pourquoi irai-je voter quand je sais que mon Parlement restera à la merci des milices et de leurs puissances de tutelle ? Les mêmes députés, sous pression armée, ont voté en 1982 pour Bachir Gemayel et en 1989 pour Élias Hraoui. Les mêmes députés en 2001 ont changé d’avis en moins de dix jours à propos du code de procédure pénale. Quelle est la garantie dont disposeront demain les députés pour rester libres de légiférer en leur âme et conscience ? Pourquoi irai-je voter pour des députés qui ne seront pas maîtres de leur décision ? Chers amis de la société civile qui militez pour la réforme électorale et la démocratie du scrutin, vous faites un travail formidable, mais malheureusement un travail de surface. Sans régler la question des armes et des milices, sans procéder à une unification de la notion d’État, tout changement de la loi électorale ne sera que cosmétique… En l’absence de garantie d’équité réelle sur le terrain entre candidats et partis, en l’absence de garantie réelle de respect du choix des citoyens, les élections ne serviront qu’à traduire la loi du plus fort… sans doute la pire. Ayman GEORGES Analyste et consultant politique Article paru le mardi 20 mai 2008
La loi électorale ne se limite pas au découpage des circonscriptions et au mode de scrutin. La tenue d’élections démocratiques nécessite une série de réformes techniques et administratives pour assurer la transparence et l’équité du scrutin électoral (une commission électorale indépendante, la régulation des médias et du financement des campagnes, l’utilisation de...