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Actualités - CHRONOLOGIE

WEB CULTURE Le blog théâtre d’un vieux monsieur de 84 ans

Une vraie mine pour ceux que le théâtre intéresse, ce blog érudit (http://histoire-du-theatre.over-blog.org/) est constitué de comptes rendus sur des spectacles vus par l’auteur depuis plus de trente-cinq ans. André Gintzburger se décrit lui-même comme «?un vieux monsieur de 84 ans?», dont le «?métier (était) d’organiser des tournées dont l’ambition avait été, dès 1953, de promouvoir, à travers la France et puis bientôt l’Europe et le monde, ce qu’on appelait l’avant-garde?». C’est?à l’automne de 1970 qu’il a commencé à rédiger systématiquement des comptes rendus sur des spectacles qu’il avait vus la veille au soir. Ces « critiques » n’ont jamais été publiées. Il les écrivait «?à usage interne?». «?Cela ne signifie pas, bien entendu, que j’ai commencé seulement à 47 ans à m’intéresser au théâtre?», précise André Gintzburger, auteur du blog. «?Mais je ne peux, pour la période antérieure, me fier qu’à des souvenirs. Beaucoup sont personnels?», ajoute-t-il en précisant qu’ils feront l’objet d’un éventuel roman autobiographique racontant, sous le titre L’indifférence et la curiosité, son parcours singulier à travers les méandres de la vie. André Gintzburger est aujourd’hui largement à l’âge de la retraite, mais il n’est pas à la retraite. On pourrait dire qu’il est un «?agent?», mais il n’aime pas cette qualification à connotation quelque peu péjorative. On pourrait aussi l’appeler «?tourneur?», mais il ne fait pas partie du syndicat de ces «?entrepreneurs?». Sous le titre de «?conseiller en organisation de spectacles vivants?», il tente d’aider certaines compagnies de théâtre dans et hors les murs, et de cirque «?nouveau?», à vivre et à survivre. De 1948 à 1952, il a été administrateur du deuxième Centre dramatique national fondé par Jeanne Laurent à Strasbourg (le premier, celui de Saint-Étienne, ayant été confié à Jean Dasté). Administrateur, en ce temps-là, correspondait à ce qu’on appelle aujourd’hui secrétaire général, voire dramaturge dans un théâtre ayant pignon sur rue. Il rapporte ici l’histoire d’un théâtre, d’un certain théâtre, qui passe par Charles Dullin, André Clavé, Jean-Marie Serreau, Roger Blin, Eugène Ionesco, Arthur Adamov, Jean Vauthier, Sacha Pitoeff grâce à qui l’auteur du blog a découvert comment il fallait jouer Tchékhov?et puis plus tard Antoine Vitez, Patrice Chéreau, Roland Dubillard et sa « metteuse en scène conflictuelle Arlette Reinerg », André Cellier, qui refusait d’arrêter de jouer Que ferez-vous en ce novembre ? de René Ehni en mai 68 alors que toute la profession se mettait en grève, y est liée, parce qu’il lui semblait que l’œuvre était prémonitoire des lendemains qui se sont révélés. Pour quelle raison prenait-il ces notes ? «?Mon métier étant d’organiser des tournées, il fallait bien que je voie des spectacles?», indique-t-il. Il le faisait donc par devoir professionnel, mais aussi par plaisir. Rêvant d’une société différente, longtemps étayée sur le modèle d’un communisme idéalisé, son repère essentiel de jugement était politique. «?Mais pas seulement. J’entendais qu’un discours me soit tenu, pas forcément un message allant dans le sens de mes convictions. D’ailleurs, les nécessités de mon métier m’obligeaient parfois à composer dans mes choix avec mes rêves d’un autre avenir humain. Cela ressort de certains carnets de voyages que je crois utile de glisser au milieu de ces critiques, ne serait-ce que pour expliquer des trous dans mes explorations de spectacles. Je les crois d’ailleurs croustillants.?» L’auteur poursuit en précisant que le label «?avant-garde?» était devenu obsolète au moment où il a commencé cette relation écrite, car la mouvance avait changé de nature, le «?pouvoir?» ayant cessé d’être celui des auteurs écrivant dans la sérénité de leurs solitudes et livrant leurs œuvres écrites à des serviteurs chargés de les rendre vivantes.?«?Depuis les assises de Villeurbanne organisées en mai 1968 par ceux qui allaient devenir les barons de la décentralisation, une tendance s’était dessinée. Désormais le “pouvoir” serait aux “créateurs”, c’est-à-dire aux metteurs en scène et aux dramaturges, à charge pour eux de livrer à “leurs” publics des “ relectures” de leurs crus des choses écrites.?» «?Il a bien fallu que j’accepte cette ligne de force?», conclut-il. Le lecteur pourra constater, à travers ces commentaires a posteriori,?comment, au fil de ces petits textes, l’enthousiasme des années 71 est allé s’estompant jusqu’au jour où, en juillet 1999, l’auteur a mis un point final à cet hommage à sa mémoire d’un théâtre qu’il a aimé. M.G.H.
Une vraie mine pour ceux que le théâtre intéresse, ce blog érudit (http://histoire-du-theatre.over-blog.org/) est constitué de comptes rendus sur des spectacles vus par l’auteur depuis plus de trente-cinq ans.
André Gintzburger se décrit lui-même comme «?un vieux monsieur de 84 ans?», dont le «?métier (était) d’organiser des tournées dont l’ambition avait été,...