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ÉNERGIE - Le géant norvégien peine à transformer le gaz de l’Arctique en or sonnant et trébuchant « Blanche-Neige », un conte de fées qui vire à la tourmente pour StatoilHydro

La mise en exploitation de l’usine de liquéfaction du gaz la plus septentrionale au monde avait valu à StatoilHydro le titre de pionnier industriel l’an dernier, mais le géant norvégien de l’énergie peine depuis à transformer le gaz de l’Arctique en or. «C’est vrai que nous avons eu quelques problèmes avec les coûts, certains aspects de la technologie et les émissions de CO2 », confesse Sverre Kojedal, porte-parole du projet Snoehvit (« Blanche-Neige » en norvégien) du nom du gisement offshore qui abonde en gaz l’usine de Melkoeya (nord de la Norvège). Depuis la découverte de Snoehvit et de deux petits gisements attenants dans les années 80 à environ 2 000 km du pôle Nord, StatoilHydro s’impatientait de pomper cette manne d’environ 193 milliards de m3, d’une valeur de plusieurs dizaines de milliards d’euros. La solution technique retenue – des installations de production entièrement sous-marines situées jusqu’à 340 m de profondeur et reliées à un gazoduc de 145 km pour acheminer le gaz vers Melkoeya – en a fait, depuis, un projet-vitrine. StatoilHydro se positionnait ainsi parmi les pionniers dans la ruée sur les hydrocarbures de l’Arctique, désormais plus accessibles grâce aux avancées technologiques et au recul des glaces lié au réchauffement climatique. C’est là que le conte de fées prend fin et que les ennuis commencent. StatoilHydro, qui détient 33,5 % de Snoehvit, et ses partenaires, dont les français Total et Gaz de France, ont dû débourser près de 50 % de plus que le budget initial de 39 milliards de couronnes (4,9 milliards d’euros) pour développer le projet, et ce, avec un an de retard. La société semble « s’être un peu trop précipitée dans la phase de conception », estime Arnstein Wigestrand, un analyste d’Enskilda. Certaines difficultés étaient peut-être prévisibles sous de telles latitudes, telle cette tempête impressionnante qui obligea à évacuer les 1 500 ouvriers en janvier 2006. Lorsqu’elle entra finalement en activité, l’usine GNL laissa s’échapper un nuage de suie sur toute la région au grand dam des habitants et des défenseurs de l’environnement, déjà hostiles au projet dans un écosystème aussi vulnérable que celui de l’Arctique. « Un des facteurs évoqués lorsqu’on parle de la fonte des glaces polaires, c’est la suie », explique Asle Roenning, responsable du Fonds mondial pour la nature (WWF) en Norvège, soulignant que, recouverte de cette substance noire, la glace ne réfléchissait pas les rayons solaires efficacement. Une mauvaise nouvelle pour la lutte contre le réchauffement climatique, de même que le dioxyde de carbone dont l’usine GNL a recraché 1,1 million de tonne en deux mois seulement, selon les médias norvégiens. La liquéfaction du gaz permet de le transporter par voie maritime, plutôt que par gazoduc, et donc de le distribuer sur des marchés lointains. Les défauts de jeunesse ne semblent pas s’estomper avec le temps. Après son inauguration, l’usine GNL a dû fermer pendant de très longues périodes pour cause de problèmes techniques et n’a fonctionné qu’à 60 % de ses capacités au maximum, le reste du temps. À cause de ces mêmes problèmes pour l’heure insolubles, ce n’est, au mieux, qu’en 2009 que l’usine devrait enfin fonctionner à plein régime. Un contretemps qui écorne l’image de StatoilHydro qui avait précisément utilisé le projet de Snoehvit pour se faire une place dans le développement de l’immense gisement gazier Chtokman, un projet conduit par le géant russe Gazprom dans des conditions encore plus extrêmes de l’Arctique.
La mise en exploitation de l’usine de liquéfaction du gaz la plus septentrionale au monde avait valu à StatoilHydro le titre de pionnier industriel l’an dernier, mais le géant norvégien de l’énergie peine depuis à transformer le gaz de l’Arctique en or.
«C’est vrai que nous avons eu quelques problèmes avec les coûts, certains aspects de la technologie et les...