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Actualités - CHRONOLOGIE

CÉRÉMONIE «Le Roi lion», Malkovich: les Molières transformés en prix de l’Amérique

Un vent d’Amérique a soufflé lundi soir sur les 22es Molières, les récompenses du théâtre français, qui ont primé trois fois le spectacle musical made in Broadway Le Roi lion et, dans deux catégories, Good Canary, une pièce mise en scène par l’acteur américain John Malkovich. Le spectacle La vie devant soi a lui aussi obtenu trois Molières, dont celui du théâtre privé et une autre statuette pour Myriam Boyer dans la catégorie comédienne. Son fils Clovis Cornillac, qui coprésidait avec Barbara Schulz cette soirée retransmise sur France 2 en direct des Folies Bergère à Paris, a lui échoué dans la catégorie comédien face au vétéran Michel Galabru, qui a obtenu le premier Molière de sa carrière, à 85 ans, pour Les Chaussettes - opus 124. Un autre octogénaire, Roland Dubillard (84 ans), dont l’univers mêle l’humour à la poésie, a obtenu son premier Molière au titre du meilleur auteur pour Les Diablogues. L’adaptation française du Roi lion, spectacle plein d’invention visuelle, a réalisé un carton plein en étant sacré dans les trois catégories (théâtre musical, créateur costumes pour l’Américaine Julie Taymor, créateur lumières pour son compatriote Donald Holder) dans lesquelles elle était nommée. Un triple succès qui a fait dire à l’un des promoteurs de cette production que dorénavant «?le théâtre musical ce n’est pas simplement Broadway, ce n’est pas simplement Londres, c’est aussi Paris?». John Malkovich a lui reçu le Molière du metteur en scène pour Good Canary de l’Américain Zach Helm, la pièce la plus nommée (six citations), qui n’obtient par ailleurs qu’un accessit (Pierre-François Limbosch, meilleur décorateur-scénographe). Raphaëline Goupilleau, qui n’est pourtant pas une débutante, a été sacrée «?révélation théâtrale?» pour son rôle dans Une souris verte et s’est amusée de ce Molière aux allures de «?lifting agréable?». Les deux seconds rôles distingués sont Valérie Bonneton dans Le Dieu du carnage de Yasmina Reza et Gilles Privat pour sa composition virtuose dans L’Hôtel du libre-échange de Feydeau à La Colline. Ce dernier a été récompensé pour une pièce du théâtre public, qui apparaît minoré par rapport au secteur privé dans le palmarès, alors qu’un certain équilibre émanait de la liste des nominations. En ouverture de cérémonie, Clovis Cornillac avait pourtant souhaité placer la soirée «?sous le signe d’une possible conciliation des deux théâtres, le privé et le public?». Les résultats ne lui ont pas donné raison : sur les 17 Molières attribués, le secteur subventionné n’en obtient que cinq, dont un automatique (celui du théâtre public pour Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce, mise en scène de Michel Raskine) et deux attendus (meilleure compagnie et spectacle jeune public). Signe que l’Académie des Molières (1 700 votants) a relativement boudé le théâtre public, La seconde surprise de l’amour dans la mise en scène du Suisse Luc Bondy, pourtant nommée cinq fois, est repartie bredouille. Les rares lauréats du secteur public ont profité de la cérémonie pour faire passer quelques messages dans une soirée très consensuelle, sans prise de parole d’intermittents du spectacle ni même de professionnels s’élevant contre l’hypothèse d’une baisse des subventions de l’État. «?Dans la famille déjà bien malmenée du théâtre, les enfants restent toujours les parents pauvres?», a quand même dit l’auteur Philippe Dorin lors d’un vibrant plaidoyer pour les spectacles jeune public. Quant à André Engel, distingué pour La petite Catherine de Heilbronn de Kleist à l’Odéon, il a présenté avec une pointe d’amertume sa compagnie primée (Le Vengeur masqué) comme étant «?dirigée par une espèce menacée : les metteurs en scène de plus de 55 ans?». Échos des coulisses Myriam Boyer, «?la fin du tunnel?» Récompensée par le Molière de la comédienne, Myriam Boyer a estimé dans les coulisses que cette récompense représentait pour elle «?la fin du tunnel. Ce Molière me donne raison dans la manière avec laquelle je me suis battue pour défendre mes spectacles, a-t-elle ajouté, très émue. Il y a onze ans, j’ai eu un premier Molière pour Qui a peur de Virginie Woolf?? Je passais des moments difficiles et j’ai eu l’impression d’un prix de consolation. Ce nouveau Molière justifie le premier. Il arrive à un moment important pour moi en tant que comédienne et en tant que femme.?» Myriam Boyer n’est pas peinée par le Molière manqué par son fils, Clovis Cornillac : «?Je ne m’en fais pas pour lui. Il en aura un. Et puis, c’est tellement bien que Michel Galabru l’ait eu en regardant sa trajectoire d’acteur?», a ajouté la comédienne. Christine Albanel, ministre ravie «?Ces Molières 2008 ont été marqués par l’union harmonieuse du théâtre public et du théâtre privé, a déclaré la ministre de la Culture, Christine Albanel.?L’amour du théâtre tout court s’est manifesté de façons très diverses, avec beaucoup de chaleur et des moments d’émotion. Ces derniers mois ont été marqués aussi par un rapprochement très positif entre la télévision et le théâtre avec des retransmissions en direct qui rencontrent beaucoup de succès. Cela prouve qu’il y a un public. Le théâtre a toute sa place sur le service public.?» Le palmarès Voici le palmarès 2008 des Molières, les prix du théâtre français, qui ont été remis lors d’une cérémonie retransmise sur France 2 en direct des Folies Bergère à Paris?: Théâtre public Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce, m.e.s. Michel Raskine. Compagnies La Petite Catherine de Heilbronn de Kleist, m.e.s. André Engel (cie Le Vengeur masqué). Théâtre privé La vie devant soi de Gary/Ajar, m.e.s. Didier Long. Théâtre musical Le Roi lion. Adaptateur Xavier Jaillard pour La vie devant soi. Metteur en scène John Malkovich pour Good Canary. Révélation théâtrale Raphaëline Goupilleau dans Une souris verte. Décorateur/scénographe Pierre-Francois Limbosch pour Good Canary. Créateur costumes Julie Taymor pour Le Roi lion. Créateur lumières Donald Holder pour Le Roi lion. Spectacle seul(e) en scène Éric Métayer dans Un monde fou. Comédien Michel Galabru dans Les Chaussettes - opus 124. Comédienne Myriam Boyer dans La Vie devant soi. Comédien dans un second rôle Gilles Privat dans L’Hôtel du libre-échange. Comédienne second rôle Valérie Bonneton dans Le Dieu du carnage. Auteur Roland Dubillard, Les Diablogues. Jeune public L’hiver, 4 chiens mordent mes pieds et mes mains, Philippe Dorin, m.e.s. Sylviane Fortuny.
Un vent d’Amérique a soufflé lundi soir sur les 22es Molières, les récompenses du théâtre français, qui ont primé trois fois le spectacle musical made in Broadway Le Roi lion et, dans deux catégories, Good Canary, une pièce mise en scène par l’acteur américain John Malkovich.
Le spectacle La vie devant soi a lui aussi obtenu trois Molières, dont celui du théâtre...