La céramique à «reflet d’or» au musée de Cluny

La céramique à «?lustre métallique?», une technique venue d’Orient qui donnait aux vases ou aux coupes d’argile l’aspect chatoyant du métal, très prisée en Occident au XVe siècle, fait l’objet d’une exposition au musée de Cluny, en association avec le musée du Louvre. «?Reflets d’or?» (jusqu’au 1er septembre) présente quelque 125 pièces de céramique, pour la plupart issues des deux musées, mais également de Sèvres ou du Musée d’art islamique de Berlin, qui datent de la fin du IXe au XVe siècle, de l’Irak abbasside aux ateliers de Valence en Espagne. La céramique «?lustrée?» est d’abord une technique, sans doute déjà mise au point «?par les Romains et assurément par l’Égypte copte?» (IVe-VIIe), explique à l’AFP Xavier Dectot, l’un des commissaires de l’exposition. Il s’agit de poser un décor sur l’émail déjà cuit du vase d’argile, que l’on peint avec un mélange d’oxydes métalliques de cuivre et d’argent. Au cours d’une nouvelle cuisson, les oxydes s’intègrent à l’émail et lui donnent des reflets métalliques chatoyants. C’est une «?recette qui s’est transmise à l’intérieur de l’islam avant de passer en Occident, via l’Espagne musulmane et sa “?poterie de Malaga”?», dit le commissaire. Rosaces, fleurs, volutes, animaux, inscriptions, figures de soldats ou de grands personnages composent les décors de pièces d’apparat, coupes, vases, carreaux, que produisent au cours des siècles de grands centres en Égypte, en Syrie puis en Espagne, à Valence, au XVe siècle. Selon les styles ou les zones de production, les pièces sont d’une seule couleur ou agrémentées de bleu ou de rouge. Au XVe siècle, la céramique lustrée «?concurrence l’orfèvrerie?» en vaisselle d’apparat, dit M. Dectot. Les ateliers de Valence produisent des pièces de faïence particulièrement demandées en Toscane, avec des commandes spéciales aux armes des Médicis ou des Ricci de Florence.