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Actualités - CHRONOLOGIE

ENVIRONNEMENT - Ramlet el-Baïda nettoyée par une compagnie australienne et à ses frais Une technologie spéciale pour dépolluer le sable sur place a fait ses preuves

Le nettoyage de la marée noire, causée sur le littoral libanais suite à un bombardement par l’aviation israélienne des réservoirs de mazout de la centrale de Jiyeh en juillet 2006, a beau être en cours depuis presque deux ans, le problème du traitement des déchets mazoutés et du fuel retiré de l’eau reste entier. En effet, sur une partie des plages nettoyées, des sacs contenant ces déchets et ce fuel sont toujours visibles, exposés aux intempéries autant qu’aux grosses chaleurs, menaçant de recontaminer le sable. Une partie seulement a été transportée vers les raffineries à Tripoli et au Sud, à la demande du ministère de l’Environnement. Mais ce qui est sûr, c’est qu’aucune solution radicale n’a été trouvée. Une solution, c’est ce que propose aujourd’hui une société australienne, « Recoverit », dont les propriétaires sont deux Libano-Australiens. Cette société a fait fabriquer au Liban une machine créée à la base en Australie, dont la tâche est de nettoyer le sable pollué et de le rendre sur la plage. Pourquoi en parler ? Parce que les deux propriétaires de la société, Georges Farah et Rami Ayoub, ont décidé de nettoyer à leurs frais les sacs de déchets de Ramlet el-Baïda, les frais étant couverts en partie par la société mère en Australie, « Decontaminate Australia ». On leur devra donc de voir les sacs en nylon noircis disparaître de la dernière grande plage publique de sable de Beyrouth avant l’été, mais pour l’avenir, les deux grands entrepreneurs ne cachent pas qu’ils espèrent décrocher les contrats pour le nettoyage du reste, surtout que, affirment-ils, la méthode qu’ils utilisent vaut le détour. Le principe de cette technologie est simple, comme l’explique M. Ayoub : il s’agit de verser le sable pollué dans la machine, et d’utiliser un produit spécial (propre à la compagnie australienne) pour liquéfier le pétrole et le séparer du sable. À la fin du processus, le sable est retiré humide et placé sur la plage pour sécher. Cette méthode présente un double avantage écologique, rappelle M. Ayoub, puisque le sable est nettoyé sur place tout en étant préservé sur la plage, au lieu d’être jeté ailleurs. Il précise que les autres options auraient été de laisser le fuel recontaminer les plages, de transporter les sacs ailleurs (sans les avoir traités pour autant) ou de brûler le sable et les déchets mazoutés. « Dans les trois cas, la catastrophe écologique est inévitable, dit-il. Nous offrons une option plus respectueuse de l’environnement. » La question qui se pose naturellement est de savoir pourquoi la société (qui n’est donc pas une organisation à but non lucratif) a décidé de financer elle-même cette partie du travail, et pourquoi maintenant ? C’est Georges Farah, le directeur, qui nous en donne l’explication. « Cela fait depuis la fin de la guerre de 2006 que nous voulions intervenir dans les efforts de nettoyage de la plage, sachant que nous en avions le potentiel », déclare-t-il. Pourquoi ne l’ont-ils pas fait alors ? M. Farah évoque les complexités administratives, les multiples rendez-vous non efficaces, le chaos de la gestion de ce dossier. « On nous a dit que pour tout appel d’offres présenté, et comme les contrats de gré à gré sont interdits, il fallait qu’il y ait au moins trois sociétés candidates, explique-t-il. Or dans notre domaine, c’est-à-dire le nettoyage du sable, nous n’avions pas de concurrent, d’où le fait qu’on nous refusait notre demande à chaque fois. Et nous, nous avons refusé de faire intervenir des intermédiaires politiques, voulant mériter notre intégration au processus de nettoyage par les canaux reconnus officiellement. Entre-temps, le sable pollué n’était pas traité pour autant. » Des contrôles continus Finalement, la société obtient l’accord du ministère de l’Environnement pour effectuer, l’année dernière, les premiers essais sur certains des déchets qui s’accumulent sur des plages des régions de Jbeil et de Tripoli. Mais le plus grand projet a été commencé en février, cette année, avec le nettoyage des déchets de Ramlet el-Baïda. « Tout ce que nous voulons, c’est prouver que notre méthode est vraiment efficace », souligne M. Farah. Cette crédibilité, la société souligne qu’elle l’obtient chaque semaine par les tests continus effectués par des inspecteurs de l’Institut de recherche industrielle (IRI) sur tous les lots de sable nettoyés sans exception. Ce contrôle porte sur deux points : le taux d’humidité et les restes de dérivés pétroliers. Il a lieu quelque trois fois par semaine. Selon les deux industriels, « ce contrôle a prouvé que le sable nettoyé s’avérait être propre à un taux variant de 99,5 % à 99,8 % ». Les travaux, eux, se poursuivent quelques semaines encore, et l’objectif est d’éliminer tous les sacs de la plage. Le budget total du nettoyage des déchets de Ramlet el-Baïda par la compagnie australienne est de 300 000 à 350 000 dollars, selon ses responsables. Après la fin de l’opération, la compagnie présentera son dossier au gouvernement. « Il est vrai que nous voulions entreprendre ce projet pour prouver que cette technologie fonctionne bel et bien, mais ce n’est pas la seule raison, insiste M. Ayoub. Nous avons le virus de l’environnement, et nous voulions prendre part aux actions visant à rendre à la plage son état original. Je veux personnellement que mes enfants profitent de l’environnement dont j’ai moi-même hérité. »
Le nettoyage de la marée noire, causée sur le littoral libanais suite à un bombardement par l’aviation israélienne des réservoirs de mazout de la centrale de Jiyeh en juillet 2006, a beau être en cours depuis presque deux ans, le problème du traitement des déchets mazoutés et du fuel retiré de l’eau reste entier. En effet, sur une partie des plages nettoyées, des sacs...