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Actualités - OPINIONS

Les lecteurs ont voix au chapitre

Ces arbres qu’on arrache… Agrippée aux barreaux de la grille noire, je regardais atterrée les gros troncs qui gisaient dans la belle terre fertile, elle-même labourée sauvagement. Je voyais les touffes arrachées, les branches débitées au fond d’ornières, blessures béantes. Et soudain, un souvenir bien enfoui en moi me revint à l’esprit. Je me rappelai... Petite fille, ma mère m’emmenait souvent avec elle pour déposer des brassées d’arums sur la tombe de mon grand-père au cimetière de Saint-Dimitri. Le retour vers chez nous, à Tabaris, se faisait par la rue Sursock. Rentrée à la maison, j’avais l’impression d’avoir fait une incursion à la campagne. C’est en me remémorant ce souvenir fugace que j’entendis alors une voix à l’accent très prononcé me dire avec compassion : – Ça fait mal, hein? – Oui, répondis-je dans un élan de gratitude envers cet homme qui avait compris mon désarroi. Vous savez, j’ai connu ce jardin de tout temps ; j’ai vu les bambous se balancer mollement, les ficus abriter tous les oiseaux du quartier et les palmiers tutoyer le ciel ! C’est tellement triste... La voix à l’accent que j’identifiai alors me répondit : – Et moi madame, que dois-je dire ? Mon père avant moi a planté ce jardin, j’y ai passé ma vie aussi à m’occuper de lui, à le chouchouter, et le jardinier que je suis a aujourd’hui tant de peine ! Nous étions soudain deux âmes désespérées face à ce saccage, face au rapt de nos plus beaux souvenirs. Nous nous sommes tus alors, les mots ne servant plus à rien. Au moment de nous quitter dans cette connivence des victimes d’un même fléau, il ajouta en hochant la tête : – Tout ce gâchis pour contempler du béton plus tard, quel dommage ! Ces arbres auraient pu être arrachés en vue d’une transplantation ultérieure. Mais non, ceux qui ne les ont pas vu grandir, centimètre par centimètre, ceux qui n’ont pas veillé à leur bien-être ne peuvent pas comprendre le mal qu’ils nous font aujourd’hui, à vous, et à moi. L’argent, l’argent... Ah ! l’argent ! Je n’avais plus rien à ajouter, mon philosophe syrien avait tout résumé. Fasse le ciel que nous ayons un peu plus d’âmes simples et d’hommes de bonne volonté dans ce pays qui n’est déjà plus nôtre, puisque défiguré. Nayla DEBS Bravo, Dame municipalité ! Les panneaux de signalisation « stationnement interdit » n’ayant pas eu d’effet sur le citoyen, la municipalité de Beyrouth a trouvé le moyen de faire appliquer la loi en installant des parcmètres sur les artères principales. Dans un pays sans président de la République, dans un pays tenu en otage en son centre même, par une poignée de tentes peuplées de fantômes, dans un pays exsangue, qui va à vau-l’eau, dans lequel le minimum requis pour vivre décemment – électricité, eau, sans parler de sécurité, smic honorable – n’existe pas, dans un pays où la chaussée est un énorme gruyère, dans un pays où les immeubles poussent comme des champignons sur le peu de parkings qui existent, eh bien ! la priorité des priorités c’est d’y installer des parcmètres ! Bravo, messieurs ! Et encore une fois, c’est le citoyen qui trinque. Zeina BRIDI
Ces arbres qu’on arrache…

Agrippée aux barreaux de la grille noire, je regardais atterrée les gros troncs qui gisaient dans la belle terre fertile, elle-même labourée sauvagement. Je voyais les touffes arrachées, les branches débitées au fond d’ornières, blessures béantes. Et soudain, un souvenir bien enfoui en moi me revint à l’esprit. Je me rappelai...
Petite...