Portrait Javier Bardem, entre « Tif et Tondu »

Il est le tueur cinglé des frères Coen. Un assassin à la tronche bizarre, aux tifs à la Beatle et qui balaye tout sur son passage. Son nom est Anton Chigurgh, né Javier Encinas Bardem et, depuis quelque temps, sa cote ne fait que monter dans les cieux de Hollywood. Pourtant cet Hispanique aux traits irréguliers, à la face particulière avait juré un jour de ne pas se laisser avoir par le système. On peut cependant dire qu’il a tenu ses promesses, car même si les spectateurs ont eu l’occasion de le voir souvent à l’écran ces derniers temps, il a surtout travaillé pour le compte de réalisateurs indépendants. Affublé le plus souvent de drôles de coiffures, Javier Bardem se moque du look. L’essentiel pour lui c’est d’avoir ces instants de grâce avec ses rôles, qu’il dit très rares d’ailleurs. Tour à tour sex-symbol dans Jambon Jambon, auprès de Pénélope Cruz, de José Juan Bigas Luna en 1992, rôle principal dans En chair et en os d’Almodovar en 1998, lequel a vu en cet acteur toute la fougue et la virilité de son prédécesseur Banderas, Bardem obtient en 1995 un premier Goy (équivalent des Césars en Espagne). Dès lors, il ne cesse d’enchaîner les films et c’est son rôle de l’écrivain cubain homosexuel, dans le film de Reinaldo Areinas, qui va lui valoir une première nomination à l’Oscar, la coupe Volpi du Festival de Venise en 2000 et le Golden Globe du meilleur acteur. Mar Aredentro est également ce film remarquable qui le fait asseoir dans la cour des grands. Le comédien, adulé, sollicité par Hollywood, va désormais choisir des rôles et non des moindres. Toujours exigeant envers lui-même, il peut être ce moine vicieux dans Goya’s Ghosts, amoureux transi dans Love in Time of Cholera et surtout, surtout cet implacable tueur engagé par les frères Coen. Histoire de changer de tête… et de coiffe.