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INSTALLATION « Arménographie » à l’Art Lounge, ce soir et jusqu’au 8 mars, à 19h00 La cartographie mentale de Stefan Kristensen et Anna Barseghian

Des reportages illustrant des témoignages glanés de différents pays. C’est ce que permet de voir l’installation vidéo réalisée par Stefan Kristensen et Anna Barseghian. « Arménographie » a déjà voyagé. D’abord à Quimper, cette installation a ensuite circulé entre Thessalonique et Genève pour se retrouver à l’Art Lounge jusqu’au 8 mars, à partir de 19h00. Qu’est-ce qu’une diaspora ? Quels sont ses rapports avec le pays d’origine ? Aux territoires perdus ? C’est à partir de ces questions que Stefan Kristensen, professeur de philosophie à Genève, et l’artiste Anna Barseghian ont entrepris de réaliser une cartographie mentale de l’Arménie en assemblant des témoignages qu’ils ont recueillis à Erevan, en Turquie, à Alep ou à Anjar (Liban). Il fallait pour cela établir une approche des communautés dispersées, filmer les témoignages puis les assembler. « Le projet a démarré en 2005, avoue Kristensen. Après avoir créé une association qu’on a baptisée Utopiana en 2001, où l’on organisait des échanges artistiques et culturels dans le domaine de l’art contemporain entre la Suisse et l’Arménie, nous nous sommes lancés, Anna et moi, dans ce projet croyant aboutir à un simple documentaire. » « Mais, poursuit Kristensen, nous nous sommes retrouvés avec un matériau de cinquante heures de pellicules. Après une sélection, nous avons réussi à conserver quatre entretiens par lieu, chaque extrait n’excédant pas 20 à 25 minutes. » Sur chacun des moniteurs installés, les entretiens passent en boucle dans une succession de paroles et d’émotions. Le film vidéo peut être visualisé par une dizaine de personnes qui assisteront ainsi à une succession, mais aussi à une juxtaposition de témoignages. Vivre avec les fantômes Les personnes interrogées s’expriment ainsi sur le sens du mot nation en arménien. Comment perçoit-on cette notion ? Et comment visualise-t-on la dispersion ? Est-ce qu’il faut distinguer entre centre et périphérie ? Ou casser cette dichotomie existante entre diaspora et nation d’origine ? Les propos recueillis, qui montrent un vaste échantillonnage d’idées et une diversité de perceptions, prouvent qu’il s’agit finalement d’un seul peuple aux nombreux points communs, dont seuls l’éloignement et la dispersion avaient réussi à le rendre hybride. À côté de ces moniteurs, derrière un rideau, est placé un écran noir. L’espace, impénétrable, évoque le sanctuaire car la projection qui y a lieu a quelque chose de sacré. Les vidéastes lui ont donné le nom de Voyage au pays des fantômes. Sans y entrer, on peut regarder les images qui sont projetées. Dix minutes de projection suffisent pour raconter quatre histoires particulières. Une dizaine de minutes pour traduire la démarche que font un grand nombre d’Arméniens en allant à leur village d’origine retrouver la terre de leurs ancêtres. « Il ne s’agissait pas pour nous de raviver les blessures enfouies ou les anciennes douleurs, explique Anna Barseghian, mais de montrer comment les hommes arrivent, par de petits rituels quotidiens, à faire leur deuil, à travailler sur leurs propres personnes dans ce dur cheminement. » Et de poursuivre : « Ces fantômes appartiennent à notre vie sociale. Nous ne pouvons les refouler car ils influencent notre vie. Autant alors les affronter au lieu de les laisser dans un demi-sommeil. » Enfin, le couple conclut que cette installation ne représente qu’un début. Jouant à présent son rôle de plate-forme, elle cherche à explorer d’autres communautés parsemées dans le monde et probablement à devenir, sur le plan technique, un véritable documentaire. Colette KHALAF

Des reportages illustrant des témoignages glanés de différents pays. C’est ce que permet de voir l’installation vidéo réalisée par Stefan Kristensen et Anna Barseghian. « Arménographie » a déjà voyagé. D’abord à Quimper, cette installation a ensuite circulé entre Thessalonique et Genève pour se retrouver à l’Art Lounge jusqu’au 8 mars, à partir de 19h00....