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Témoignage d’une vie sous couvert d’anonymat

«Nous n’avons rien à dire. Nous sommes des Libanais ordinaires. Nous avons les mêmes problèmes que les autres et nous vivons de la même manière », raconte un ancien membre du Conseil de la communauté juive. Pour deux responsables actuels du Conseil que nous nommerons Jacob et David, pour des raisons de sécurité, « les quelques dizaines de juifs libanais qui ne sont pas partis ne révèlent pas leur véritable identité, de crainte qu’ils ne soient agressés par ceux qui confondent juifs et israéliens, israéliens et israélites ». « Avant la guerre, les juifs étaient autorisés à entrer dans l’administration. Le fonctionnariat nous est aujourd’hui prohibé. Et nous ne votons pas de crainte d’être repérés, car nous ne sommes que 5 500 inscrits sur les listes électorales. Une juive a une fois voté pour Rafic Hariri, ils en ont fait tout un scandale », poursuivent-ils. En effet, le Parti syrien national social (PSNS) ne cache pas sa volonté d’«éradiquer le sionisme et le judaïsme ». De même, dans le discours du Hezbollah, le juif n’est guère distingué de l’Israélien. David se fait donc souvent passer pour un Arménien, son fils pour un chrétien. « Je suis libanais. Les chiites libanais ne sont pas iraniens, les catholiques du pays ne sont pas des ressortissants du Vatican. De même, les juifs libanais sont bel et bien libanais et non pas israéliens. D’ailleurs, nous sommes là depuis 1 200 ans, alors qu’Israël n’est vieux que de 60 ans », affirme-t-il. Selon Jacob, moins d’une centaine de juifs libanais demeurent aujourd’hui au pays, alors qu’en 1967, ils étaient près de trente mille. « Les autres sont partis car la ligne de démarcation passait par Wadi Abou Jmil. Quinze de nos coreligionnaires ont été enlevés, 11 sont toujours disparus et 4 ont été assassinés », précise-t-il. Jacob souligne que « comme tous leurs concitoyens, les juifs attendent l’édification d’un État de droit pour vivre normalement ». Le principal projet du Conseil de la communauté est de rénover le cimetière de Sodeco, qui a été déminé par l’armée, et le Maghen Abraham, la seule des 18 synagogues du centre-ville « à être épargnée par Solidere ». Le bâtiment remonte à 1925, lorsqu’un juif venu des Indes, un certain Sasson, finance sa construction. Dans les années 1970 et au début des années 1980, la synagogue a été protégée par les combattants palestiniens, suite aux directives données en ce sens par Yasser Arafat. Après le départ de l’OLP, elle a été saccagée et pillée de tout son contenu par les belligérants et investie par la milice du mouvement Amal qui l’a transformée en dispensaire. Les parchemins historiques qu’elle contenait ont été transmis aux synagogues libanaises à l’étranger. Si le Maghen Abraham est réhabilité, la communauté reprendra son culte, ajoute Jacob. « Quant aux extrémistes, nous ne les craignons pas, vu qu’il y en a partout », ajoute-t-il Concernant les autres propriétés de la communauté, il souligne qu’elles sont systématiquement violées. « Des gens ont construit dans notre cimetière à Saïda, d’autres ont occupé nos lopins de terre. Mais pour le moment, nous faisons profil bas pour des raisons de sécurité. Pourtant, des Darwiche exilés à Milan ont déposé plainte contre deux personnes qui avaient tenté de s’approprier leurs terres et ont obtenu gain de cause », note-t-il. Jacob assure que les juifs libanais en exil voudraient bien rentrer au Liban, ne serait-ce que pour une brève visite. « Au lendemain de l’intifada de l’indépendance, beaucoup d’entre eux ont visité le pays. J’ai un ami parti depuis trente ans au Brésil. Il est revenu pour la première fois en 2005 et visite désormais le Liban systématiquement, tous les trois mois », poursuit-il. Jacob et David ne peuvent pas pratiquer librement leur culte. « Nous ne mangeons pas casher mais, parfois, on importe de la viande casher depuis la Syrie, où les droits des juifs sont mieux respectés », concluent-ils.
«Nous n’avons rien à dire. Nous sommes des Libanais ordinaires. Nous avons les mêmes problèmes que les autres et nous vivons de la même manière », raconte un ancien membre du Conseil de la communauté juive.
Pour deux responsables actuels du Conseil que nous nommerons Jacob et David, pour des raisons de sécurité, « les quelques dizaines de juifs libanais qui ne sont pas...