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PÉTROLE L’OPEP prise entre l’enclume de la récession et le marteau de la chute des cours

L’OPEP, par sa décision de maintenir à l’identique sa production, ne fait rien pour aider une économie mondiale en difficulté, la peur d’une chute des prix en cas de récession l’ayant emporté sur le souci de ménager les consommateurs. « L’OPEP est sur une ligne très défensive », juge Bill Farren-Price, analyste de Medley Global Advisors, à l’issue de la réunion extraordinaire des ministres des 13 pays de l’organisation au siège de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole à Vienne vendredi. Le cartel est très inquiet d’une possible récession aux États-Unis, qui minerait la demande d’hydrocarbures. Il pourrait donc même envisager une baisse de son offre pour défendre ses revenus lors de sa prochaine réunion le 5 mars dans la capitale autrichienne. Après l’intercession de George W. Bush en faveur d’une hausse de l’offre pétrolière mi-janvier auprès des Saoudiens, traditionnels alliés des Américains, ces derniers pouvaient encore garder l’espoir d’un geste du cartel. L’Agence internationale de l’énergie (AIE), qui représente les intérêts des pays consommateurs, a aussitôt critiqué la décision du maintien du niveau de production de brut. « L’économie n’a pas besoin de pressions supplémentaires sur le pouvoir d’achat et la croissance avec des prix pétroliers quasi record », juge l’AIE. « Le comportement de l’OPEP représente un risque majeur de faire grimper les prix, surtout au deuxième semestre », renchérissent les analystes de Barclays Capital. Le cartel veut éviter une redite du scénario catastrophe après la réunion de Djakarta en 1997, « encore frais dans leur mémoire », selon Simon Wardell de Global Insight. Il avait alors augmenté sa production, au début de la crise asiatique, entraînant un effondrement des prix sous dix dollars le baril. Or, depuis leur record de début janvier (100,09 dollars), les prix ont perdu plus de 10 dollars, dans la foulée des mauvaises nouvelles de l’économie américaine, et sont tombés vendredi sous 90 dollars. En insistant dans son communiqué sur les craintes de ralentissement économique, le cartel a donc signalé un possible passage à l’offensive pour empêcher les stocks pétroliers de s’accumuler. « Leur instinct était déjà de couper » la production cette fois-ci, croit savoir Simon Wardell, mais il ne l’a pas suivi car « la pression était trop forte ». Mais pour Bill Farren-Price, même les Saoudiens, chefs de file de l’OPEP, « n’hésiteront pas à baisser la production s’ils sentent que l’économie se détériore et que la demande s’affaiblit ». Selon lui, Ryad voit dans la récente baisse inégalée des taux de la Réserve fédérale le signe que la crise économique américaine va « se répercuter sur l’Europe et l’Asie ». D’après l’analyse de Vera de Ladoucette, de Cambridge Energy Research Associates, « si les prix baissent encore de 7-8 dollars » d’ici à la réunion de mars, même les Saoudiens auront du mal à convaincre leurs partenaires de ne pas baisser la production. « Nous devons défendre les prix », a clairement affirmé le ministre vénézuélien Rafael Ramirez. Mais pour un expert présent à Vienne, qui souhaite garder l’anonymat, l’OPEP n’aurait pas d’intention ferme d’agir en mars et aurait seulement voulu « préparer le terrain » au cas où. Si les prix ne baissent pas trop brutalement, le cartel pourra aussi se contenter d’un maintien officiel des plafonds de production assorti d’une réduction discrète de sa production. D’autant plus que l’OPEP-12 (sans l’Irak, non assujetti aux quotas) produit en ce moment 100 000 barils au-dessus de son plafond de 29,67 millions de barils par jour. Une manière d’ajuster sans avoir l’air « d’aggraver le ralentissement américain », remarque Paul Tossetti, analyste de PFC Energy, qui penche pour cette option en mars.
L’OPEP, par sa décision de maintenir à l’identique sa production, ne fait rien pour aider une économie mondiale en difficulté, la peur d’une chute des prix en cas de récession l’ayant emporté sur le souci de ménager les consommateurs. « L’OPEP est sur une ligne très défensive », juge Bill Farren-Price, analyste de Medley Global Advisors, à l’issue de la...