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L’Église reproche à la maçonnerie « ses secrets et ses complots »

S’il fallait énumérer tous les reproches formulés par l’Église catholique à l’encontre de la franc-maçonnerie, ces colonnes ne suffiraient pas. Comme point de départ, l’Église soulève d’abord et avant tout le « secret » qui prévaut au sein de l’organisation maçonnique. Le raisonnement est le suivant : « S’il n’y a rien à cacher, alors pourquoi tant de secret ? » soutient à cet égard le père Jean-Paul Bou Ghazaleh. Les francs-maçons, eux, estiment que livrer leur secret équivaudrait à leur ôter leur raison d’être. « Quelle raison d’être ? » se demande père Bou Ghazaleh, qui relève que « tous les symboles maçonniques sont en fait des symboles chrétiens anciens ». « Le but des francs-maçons est de dire à l’Église catholique qu’ils sont plus authentiques et plus vieux qu’elle. En ce sens, si l’Église a 2 000 ans d’âge, les francs-maçons, eux, se rattachent au mythe de Salomon et Hiram Abi pour se targuer d’être vieux de 6 000 ans », ajoute-t-il. Dans le nouveau code latin de droit canon, l’article 1374 dispose : « Qui s’inspire d’une association, qui conspire contre l’Église sera puni d’une juste peine ; mais celui qui y joue un rôle actif ou qui la dirige sera puni d’interdit », souligne le père Abou Ghazaleh. « Si le nouveau code ne mentionne plus expressément la franc-maçonnerie ou les autres associations du même genre qui complotent contre l’Église, il correspond au canon 2335 du code de 1917. Mais la peine n’est plus la même, elle a été atténuée de l’excommunication majeure et ispo facto limitée à la juste interdiction des dirigeants de ces associations », explique-t-il. Mais ces peines sont-elles vraiment appliquées ? Comment l’homme d’Église peut-il savoir si un fidele est franc-maçon ? A-t-il déjà eu affaire à un problème de ce genre ? « J’ai écrit une thèse de droit canon sur le lien entre la franc-maçonnerie et l’Église. Je reconnais un franc-maçon à sa bague, au pin qu’il arbore sur sa veste, à la manière qu’il a de saluer. Bien sûr, pas tout le monde connaît cela », répond le père Bou Ghazaleh. Il poursuit : « Il m’est déjà arrivé de refuser de donner la communion à un fidèle parce que je savais qu’il était franc-maçon. C’était en plein milieu de la messe, au moment de la communion. Un homme que je savais franc-maçon s’est avancé vers l’autel pour communier, je me suis contenté de le bénir. Il m’a dit de ne pas le ridiculiser devant les gens. Je n’ai pas cédé et je lui ai dit de s’éloigner... » À ce titre, un membre d’une loge régulière estime, contrairement à ce qu’avancent certains francs-maçons non réguliers, que le fait pour un prêtre maronite d’être franc-maçon est une question « sujette à un vif débat ». « Je n’ai pas connaissance d’un prêtre maronite franc-maçon. Par contre, je sais qu’au XIXe siècle, le père jésuite Louis Cheikho avait intégré la franc-maçonnerie pour écrire ensuite un mémoire sur les pratiques maçonniques. Je me souviens aussi avoir lu les noms de “frères” cheikh musulmans et prêtres chrétiens, mais pas spécifiquement maronites. » En ce sens, l’avis de ce franc-maçon régulier rejoint celui du père Bou Ghazaleh. Ce « frère » insiste en effet pour dire que « toutes les religions sont exclusives. Un chrétien ne peut pas être à la fois musulman. Un juif ne peut être bouddhiste. La religion est exclusive par nature ». Jean-Paul Bou Ghazaleh insiste sur la condamnation historique de la maçonnerie « à chaque fois que la situation et les conditions l’exigeaient ». Le 15 janvier 1906, le patriarche maronite Élias Hoayek « met en garde ses fidèles maronites, clercs et laïcs, contre la franc-maçonnerie et les autres associations secrètes qu’il condamne expressément ». Pour l’Église, les francs-maçons complotent contre elle, il faut donc les excommunier, conformément à la lettre Humanum Genus du pape Léon XIII le 20 avril 1884. Le patriarche maronite Nasrallah Sfeir indiquera quant à lui que « nos fils adhérant à la maçonnerie » se prétendent chrétiens catholiques. « Il convient de leur rappeler qu’il leur est impossible, selon la logique de la foi, d’associer l’appartenance à l’Église catholique et à la maçonnerie dans ses différentes branches et formes, et qu’ils doivent choisir entre ces deux appartenances. »
S’il fallait énumérer tous les reproches formulés par l’Église catholique à l’encontre de la franc-maçonnerie, ces colonnes ne suffiraient pas. Comme point de départ, l’Église soulève d’abord et avant tout le « secret » qui prévaut au sein de l’organisation maçonnique. Le raisonnement est le suivant : « S’il n’y a rien à cacher, alors pourquoi tant...