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Actualités - CHRONOLOGIE

EXPOSITION - Lithographies et gravures de huit artistes au CCF Impressions originales et multiples

Au Centre culturel français*, une exposition qui ne cache pas son caractère pédagogique. « Impressions sur place » se propose, en effet, de faire connaître la lithographie et la gravure, deux techniques artistiques aussi peu connues que pratiquées au pays du Cèdre. Aux cimaises, les travaux de Tala el-Amine, Zeina Badran, Imad Fakhry, Mansour el-Haber, Charles Khoury, Nabil Makarem, Raouf Rifaï ainsi que ceux du commissaire de l’exposition, Youssef Aoun. En collaboration avec l’Académie libanaise des beaux-arts (ALBA). En plein milieu de la salle d’exposition du CCF trône une machine qu’on dirait tout droit catapultée de plusieurs siècles en arrière. Cette presse lithographique, avec pierres et bac à lavage, a été amenée de l’ALBA pour permettre aux artistes exposant de faire une démonstration « live ». Grand succès à la clé pour ces pierres qui impriment. Car « lithos », en grec, veut dire pierre. La lithographie, une technique d’impression qui a connu son apogée au XIXe siècle, utilise effectivement les propriétés d’une pierre dite… « lithographique ». Le procédé est très original. « Et très méticuleux », précise Youssef Aoun, qui a réuni autour de ses œuvres celles de sept artistes ayant suivi des ateliers que l’artiste dirige à l’ALBA dans le cadre du pôle « Impression-Edition ». Ce pôle – inauguré en 1992 en collaboration avec l’Ensba de Paris et la Mission culturelle française dans le cadre d’une convention d’échange artistique et pédagogique – dispose d’équipements professionnels permettant de se familiariser ou de se perfectionner dans trois techniques : la gravure, la sérigraphie et la lithographie. « Cet atelier est ouvert à tous, précise Aoun. Du débutant au professionnel, des candidats libres aux étudiants de l’académie. L’apprentissage peut se faire tout au long de l’année, en journée comme en soirée. » Dirigé et animé par des professionnels, il est un des rares de son genre au Moyen-Orient et il attire de ce fait de nombreux artistes de la région. « L’atelier s’est ainsi transformé en lieu d’échanges et d’expériences particulièrement enrichissants », témoigne l’artiste. Les objectifs du pôle : offrir l’initiation aux techniques de base pour les débutants. Les étudiants plus expérimentés y trouvent eux une possibilité de développement des capacités de recherche personnelle. Les artistes professionnels y effectuent pour leur part un langage artistique approfondi. Aoun, diplômé en arts plastiques de l’institut des beaux-arts de l’UL, a suivi un atelier de gravure en 1993, puis un autre en lithographie en 2004, à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris. Puis un master en cette même spécialisation à l’Académie libanaise des beaux-arts en 2005. Il indique que cette exposition a nécessité un travail de six mois. Tala el-Amine, Zeina Badran, Charles Khoury et Raouf Rifaï exposent chacun six ou sept lithographies. Nabil Makarem et Imad Fakhry donnent à voir des gravures à l’aquatinte et à l’eau-forte. Youssef Aoun et Mansour el-Haber manipulent quant à eux les deux techniques (gravure et litho) avec maestria. Il est intéressant de souligner que les impressions exposées ressemblent énormément aux œuvres peintes de chaque artiste. Ce dernier conserve donc son style et son langage pictural même si le moyen diffère beaucoup. Techniques Bien qu’il préfère de loin la liberté et l’espace des grandes toiles où il laisse libre cours à son inspiration ordonnée, Aoun ne cache pas aimer la litho qui, dit-il, oblige le graveur à suivre une discipline de fer. « Ces contraintes techniques éduquent l’artiste. » Et d’ajouter, mi-figue, mi-raisin : « Sa créativité devient ordonnée en quelque sorte. » La gravure se pratique en relief (« taille d’épargne ») sur bois ou linoléum. « Seul le motif en relief est encré et apparaît à l’impression. » Ou en creux (« taille douce ») sur métal . « Les parties creusées (avec outils : burin, pointe sèche ou mordants chimiques comme l’eau-forte et l’aquatinte) retiennent l’encre à l’impression. » La lithographie se distingue des autres modes d’impression par le fait qu’il n’y a ni creux ni relief. La composition n’est pas gravée, mais dessinée sur une pierre calcaire. Celle-ci à été préalablement grainée par ponçage pour pouvoir recevoir le dessin. L’artiste dessine librement sur cette pierre avec un crayon ou une craie qui ont la particularité d’être très gras. Il peut aussi utiliser une plume avec de l’encre grasse. Pour obtenir des teintes, il peint des aplats à l’encre : on parle alors de lavis lithographique. Le lithographe, au passage, devra concevoir son dessin « en miroir », car c’est son image inversée qui sera imprimée. Les zones noircies peuvent être entamées avec une pointe pour revenir au blanc (grattage). Le gras du crayon ou de l’encre pénètre dans la pierre, qui est légèrement poreuse. Il doit ensuite être fixé pour pouvoir résister à un grand tirage. L’imprimeur lithographe humidifie la pierre avec de l’eau, qui ne mouille que les parties non dessinées. Puis elle est encrée en noir ou en couleurs avec un rouleau. C’est sur le support gras, tracé au crayon ou à la craie, que se dépose l’encre refusée par la surface humide. Une feuille de papier est déposée sur la pierre, et l’ensemble est passé sous la presse lithographique. Pour chaque nouvelle impression, il faut humidifier et encrer à nouveau la pierre. Le résultat donne un effet de dessin au crayon, mais on peut reconnaître le grain typique de la pierre. Aujourd’hui, on pratique la lithographie également sur le zinc ou l’aluminium. Comme il n’y a pas de contraintes de gravure à proprement dit, les formats sont souvent assez grands. La lithographie a donné naissance à un procédé industriel, l’offset, parfois utilisé par les artistes. Loin d’être « de simples procédés de photocopie » (dixit les mauvaises langues ou les novices), la lithographie et la gravure permettent en tout cas à l’amateur d’art de s’offrir une œuvre griffée à un prix accessible. Maya GHANDOUR HERT *Rue de Damas, jusqu’au 22 février, du lundi au vendredi, de 13h00 à 19h00.
Au Centre culturel français*, une exposition qui ne cache pas son caractère pédagogique. « Impressions sur place » se propose, en effet, de faire connaître la lithographie et la gravure, deux techniques artistiques aussi peu connues que pratiquées au pays du Cèdre. Aux cimaises, les travaux de Tala el-Amine, Zeina Badran, Imad Fakhry, Mansour el-Haber, Charles Khoury, Nabil...