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Actualités - OPINION

Brisez les décibels

Celui qui ose se plaindre du bruit des autres passe pour un mauvais coucheur. Le brouhaha de la terrasse du café voisin s’invite chez lui ? Il n’a qu’à fermer sa fenêtre. Les aboiements des chiens du quartier lui empoisonnent ses nuits ? Il n’a qu’à investir dans des boules Quiès. La proximité d’un gratte-ciel condamne son jardin ? Il n’a qu’à déménager... Voilà la mentalité du pays. Mais le bruit ne relève plus d’un simple problème de voisinage. Il s’affirme comme un vrai polluant, au même titre que les pesticides ou les dioxines. Les coups de klaxon, la pétarade des cyclomoteurs, les effets hystériques de démarrage-freinage, les insultes et les cris de colère poussés par les passagers, les marteaux-piqueurs de la municipalité qui vous vrillent les tympans, les voitures de police qui lâchent leurs sirènes, non en raison de l’urgence, mais pour se frayer un passage prioritaire, traduisent une situation de danger qui fait monter la pression artérielle et provoque une accélération cardiaque. Et l’on se demande alors pourquoi a-t-on des difficultés de concentration ? Pourquoi est-on agité ? Pourquoi est-on agressif ? Pourquoi le nombre de cas de surdité précoce chez les jeunes et les adultes va crescendo, selon les spécialistes ? Les sources du bruit sont nombreuses et viennent de partout : sports et loisirs mais aussi les restaurants et les pubs mal insonorisés qu’on peut comparer à une menuiserie industrielle. Après une demi-heure soumis à ce régime, il faut compter une heure pour récupérer un rythme cardiaque normal. Répété quatre ou cinq fois par semaine, pendant plusieurs années, un tel stress ne laissera-t-il aucune trace ? Même la nuit, on reste perméable aux rumeurs qui montent de la rue. Les voitures, qui passent avec la musique poussée à plein volume, ne sont pas pour adoucir les mœurs, la télé des voisins, le vent qui hurle, les portes qui claquent comme une bombe provoquent des réveils nocturnes, perturbent la structure du sommeil, modifient le comportement, accentuent l’état de stress et malmènent le système nerveux. La qualité du repos n’est pas la même que si un vrai silence règne. Les réactions cardio-vasculaires, elles, ne s’y habituent pas du tout. Impossible de prévoir les effets à long terme. On est bien mal aidé quand on souffre du bruit. Pour la police et la gendarmerie, les plaintes concernant les nuisances sonores ne sont pas prioritaires. Ils n’ont jamais entendu parler des 55 décibels… seuil jugé maximal dans les pays normaux. Mais chez nous, rien ne se passe d’une manière normale. May MAKAREM

Celui qui ose se plaindre du bruit des autres passe pour un mauvais coucheur. Le brouhaha de la terrasse du café voisin s’invite chez lui ? Il n’a qu’à fermer sa fenêtre. Les aboiements des chiens du quartier lui empoisonnent ses nuits ? Il n’a qu’à investir dans des boules Quiès. La proximité d’un gratte-ciel condamne son jardin ? Il n’a qu’à déménager......