Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGE

CORRESPONDANCE - Après des décennies de ciné-clubs « Le Cuirassé Potemkine » refait surface en DVD

WASHINGTON- IRÈNE MOSALLI Depuis plus de 50 ans, il fend les flots des ciné-clubs et se fait acclamer à travers des copies plus ou moins améliorées et accompagnées d’extraits de musique de Chostakovitch, plus au moins appropriés. Il s’agit du Cuirassé « Potemkine », le chef-d’œuvre que Sergueï Eisenstein avait filmé en 1925 et qui, aujourd’hui, vient de subir un véritable carénage afin d’être diffusé en un double DVD. Cette opération décapage est due à la firme Now Kino International qui, à force de recherches, a pu trouver le matériel de tournage original qu’elle a clarifié pour produire l’album DVD Potemkin. On a affaire là à la version la plus proche de celle qu’Eisenstein avait filmée. De même qu’a été trouvée la musique d’accompagnement composée initialement par Edmund Meisel. Ce film, réalisé en 1925, est une vibrante célébration des débuts (1905) de la révolution de 1917. Malgré son caractère d’œuvre de propagande, il reste l’une des plus grandes créations de l’histoire du cinéma. Il n’est pas une évocation de guerre qui ne s’en soit inspirée : des Incorruptibles de Brian de Palma à Guerre et amour, la parodie de Woody Allen. En France, il a également influencé des cinéastes aussi divers que Resnais, Bresson et Godard. Le Cuirassé « Potemkine » relate, plus précisément, la mutinerie, en 1905, des marins de ce navire dans le port d’Odessa contre leurs officiers, présentés comme cyniques et cruels, contraignant notamment l’équipage à consommer de la viande avariée. Les forces tsaristes avaient décidé de mater les insurgés, mais les équipages des autres navires se sont ralliés à la cause des rebelles et ont refusé de tirer sur eux. La fraternité avait opéré, et avec elle, commençait la révolution. Mariage de l’esthétique et du politique Eisenstein, qui a pu marier l’esthétique et le politique, a, pour sa part, révolutionné les débuts du cinéma, spécialement par son idée du montage basé sur les rythmes et les mouvements. La scène la plus célèbre du film demeure le massacre sur les marches de l’escalier monumental d’Odessa que des soldats descendent d’une manière rythmée vers la foule en la bousculant. Il y a aussi un travelling en plongée (nouveau pour l’époque), devenu mémorable : celui d’un landau dévalant les marches. Cette étude de foule et d’action massive est construite en cinq parties à la manière d’une symphonie, selon le concept d’Eisenstein pour qui « le degré de discordance entre les différentes images détermine la plus ou moins grande intensité de l’impression et de la tension ». Dès sa sortie, Le Cuirassé Potemkine a connu un énorme succès et a marqué l’histoire du cinéma par ses inventions et ses qualités techniques, et le souffle épique insufflé par son auteur. En 1958, il a été classé comme le meilleur film de tous les temps par un groupe de 117 critiques du monde entier, lors de l’exposition universelle de Bruxelles. Sergueï Mikhaïlovitch Eisenstein est né le 23 janvier 1898 à Riga (Lettonie). Son père était architecte et sa mère appartenait à la petite bourgeoisie. Il fait des progrès rapides à l’école et apprend plusieurs langues avec facilité. Il se passionne pour tous les arts. En 1915, il entre à l’Institut des ingénieurs civils de Petrograd. En 1918, abandonnant ses études, il s’engage dans l’Armée rouge et part volontaire pour le front. Démobilisé en 1920, il se lance dans la mise en scène théâtrale (avec Le Mexicain, d’après Jack London). Il fait ses débuts au cinéma en 1923, avec Le journal de Gloumov, un petit film burlesque inséré dans une représentation théâtrale, et publie la même année ses premiers écrits théoriques sur le « montage-attraction ».
WASHINGTON- IRÈNE MOSALLI

Depuis plus de 50 ans, il fend les flots des ciné-clubs et se fait acclamer à travers des copies plus ou moins améliorées et accompagnées d’extraits de musique de Chostakovitch, plus au moins appropriés. Il s’agit du Cuirassé « Potemkine », le chef-d’œuvre que Sergueï Eisenstein avait filmé en 1925 et qui, aujourd’hui, vient de subir un véritable...