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MUSIQUE - Nouvelle coqueluche des « belcantistes » Une antidiva nommée Natalie Dessay

Ses images dans Lucia di Lammermoor de Gaetano Donizetti au Metropolitan tapissent les murs de New York, les pancartes publicitaires des parkings et les têtes de station de bus. Nouvelle coqueluche des « belcantistes » new-yorkais, Natalie Dessay est une antidiva française qui fait beaucoup parler d’elle… Sur plus d’un plan, et ce n’est guère du caprice d’une star qu’il s’agit pour une « battante » qui n’en a pas fini de s’en prendre à sa voix (qui a posé déjà une multitude de problèmes), tout en la travaillant, avec abnégation et détermination, sans relâche ni lassitude. À souligner d’abord ce Natalie sans « h », en hommage à la figure emblématique du cinéma américain, Natalie Wood. Née en 1965 à Lyon, Natalie Dessay est une soprane colorature. Une antidiva qui n’a jamais eu la carrure d’une Monserrat Caballé, d’une Maria Callas à ses débuts, ou d’une Castafiore se pâmant devant son miroir… Études au Conservatoire de Bordeaux et début de choriste au Capitole de Toulouse. Et tout d’un coup, après Les noces de figaro de Mozart, avec l’Olympia des Contes d’Hoffmann d’Offenbach, mise en scène par Roman Polanski en 1992, la cantatrice est sous les feux de l’actualité car révélée au grand public. Elle sera successivement la reine de la nuit, Lakmé, Eurydice, Ophélie, Amina, Zerbinette… Autant de rôles qui vont asseoir sa réputation de cantatrice aux virtuosités étourdissantes, car la tessiture de sa voix lui permettait, en toute assurance, les aiguës les plus périlleux… De la Scala de Milan au Covent Garden à Londres, de Paris à Lyon, Natalie Dessay, sans roulades ni fioritures déplacées, conquiert le cœur du public. Au rendez-vous de son chant L’enlèvement du sérail de Mozart, Ariane à Naxos et La femme silencieuse de Richard Strauss. Mais aussi Le rossignol de Stravinski et Les Indes galantes de Rameau. Le répertoire baroque lui va comme un gant car elle jette en toute facilité ces célèbres contre-fa non écrits dans les partitions… Quand les cordes vocales chavirent… Et puis brusquement, en l’an 2000, en pleine ascension de carrière, ses cordes vocales chavirent et grésillent…Du gaz dans l’air. Les problèmes de santé ça n’arrive pas qu’aux autres. Et commence l’infernal cycle de contrats rompus. Non, ce n’était guère comme ce simple et funeste rhum qui a poursuivi la Callas jusqu’à la fin de sa vie. Non ce n’était pas caprice de diva de faire attendre des salles pleines venues l’applaudir. Longue et pénible période pour enlever les nodules des polypes sur les cordes vocales et rééduquer une voix presque brisée. Labeur intense et volonté de fer pour une cantatrice éprise de scène de se refaire une voix, une présence. En 2003, Natalie Dessay émerge de son calvaire et change son répertoire en s’éloignant des productions pâlottes, exigeant des rôles phares et des compositions de comédienne. Car elle a toujours eu aussi le goût du jeu théâtral, elle qui confiait récemment lors de l’une de ses interviews : « L’opéra c’est du théâtre, la seule différence, c’est qu’on chante au lieu de parler… » On la verra, dynamique et passionnée, dans plus d’une œuvre. Elle sera Manon chez Massenet, Juliette chez Gounod, la Traviata chez Verdi. Comme pour rattraper le temps perdu, elle s’investit dans le Deliria de Haendel, mais vocalise aussi dans le dernier album de Claude Nougaro, plonge dans l’univers des enfants avec un conte, La boîte à joujoux de Debussy et, plus proche de nous, chante l’admirable Ave Maria de Philippe Romli dans le film Joyeux Noël. Mère de deux enfants et épouse du baryton Laurent Naouri, Natalie Dessay, qui aurait voulu travailler avec Patrice Chéreau et Carlos Kleiber (hélas décédé en 2004 sans avoir pu exaucer les vœux de la cantatrice), a repris en main sa carrière, son public et sa voix. « Miracle de voix », ont titré les journaux pour cette cantatrice dont les prestations sont sensationnelles. Son agenda est surchargé pour les quelques années à venir. Mais qui peut dire ce que réserve l’avenir ? Souhaitons que du bien. Pour le moment, écouter Natalie Dessay est un pur bonheur. Et pourquoi pas ce CD, « Miracle d’une voix », groupant justement le meilleur d’une interprétation célébrée et ovationnée à très juste titre ? Edgar DAVIDIAN
Ses images dans Lucia di Lammermoor de Gaetano Donizetti au Metropolitan tapissent les murs de New York, les pancartes publicitaires des parkings et les têtes de station de bus. Nouvelle coqueluche des « belcantistes » new-yorkais, Natalie Dessay est une antidiva française qui fait beaucoup parler d’elle… Sur plus d’un plan, et ce n’est guère du caprice d’une star...