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Qui se moque de qui ? David C. CORM

On aura tout vu ces deux dernières années en matière de violation des droits et libertés du citoyen et de ses élus, menacés et enfermés pour éviter les attentats et assassinats. Le président du Parlement barricade cette « maison du peuple » et empêche les députés, représentants de la nation, de se rendre dans l’hémicycle pour faire leur devoir de législateurs ou d’électeurs. On aura tout vu. Un sit-in en forme de camping sur des propriétés privées et publiques, qui dure depuis un an, et qui défigure et paralyse le cœur de notre capitale, contribue à la faillite de l’économie nationale, déjà chancelante, et prive surtout les Libanais de tous bords de ce seul lieu traditionnel de rencontres par excellence, où ils se retrouvaient par-delà leurs différences, bien avant Solidere ! Sans mentionner une grève, par définition facultative et démocratique, qui a barré les routes pour empêcher les citoyens de se rendre à leur travail ou de vaquer à leurs occupations. Tous ces excès et records « démocratiques » devraient permettre au Liban de figurer dans le Guinness Book of Records. Mais les contradictions les plus incroyables se trouvent dans les prises de position du général Aoun. Nul ne peut contester au général son droit absolu ou même sa légitime ambition, sinon obsession, à devenir président. Mais le général n’a pas à interdire ce droit à d’autres maronites aussi valables et certainement plus consensuels que lui. Le général Aoun, à l’unisson avec ses amis de l’opposition, ne cesse de proclamer que l’amendement constitutionnel pour élire le général Sleimane ne peut passer par le cabinet Siniora, qu’ils considèrent tous comme non existant. Pourtant, il y a à peine quelques mois, c’est bien un décret de ce même gouvernement qui a appelé à des élections partielles auxquelles le général Aoun ne s’était pas privé de participer avec ses alliés pour porter son poulain du Metn au Parlement fantôme. Les alliés du général – tous officiellement déclarés par eux-mêmes comme alliés du régime – ne lui ont pas fait de cadeau en exigeant que le prochain président devrait être « consensuel ». Le général Aoun serait-il assez naïf pour croire vraiment que ses partisans du Hezbollah, Amal, Sleimane Frangié et autre Wi’am Wahhab le réclament sincèrement et avec insistance comme leur candidat ? Le général Aoun croit-il vraiment que le régime syrien permettra à ses alliés indéfectibles libanais de le porter à la première magistrature ? Aujourd’hui, le général Aoun s’insurge contre « l’interventionnisme » de l’Amérique dans les affaires libanaises, alors que c’était lui-même qui, pendant ses années d’exil à Paris, avait frappé aux portes du Congrès américain pour le pousser à promulguer le notoire Syria Accountability Act. Aujourd’hui, le général Aoun accuse également la France et le patriarche maronite de se mêler de ce qui ne les regarde pas. Pourtant, il devait à la France d’avoir été sauvé des bombardements de l’armée syrienne sur Baabda et de lui avoir accordé un asile de 15 ans. Le général Aoun serait-il amnésique au point de croire que le régime syrien lui a pardonné ses propos ou encore le Syria Accountability Act ? Croit-il vraiment que ses alliés prosyriens vont le soutenir sincèrement ? De qui se moque-t-on ? Que Dieu protège le général Aoun de ses amis ; ses adversaires, il s’en charge très bien. David C. CORM Architecte Article paru le mardi 25 décembre 2007
On aura tout vu ces deux dernières années en matière de violation des droits et libertés du citoyen et de ses élus, menacés et enfermés pour éviter les attentats et assassinats. Le président du Parlement barricade cette « maison du peuple » et empêche les députés, représentants de la nation, de se rendre dans l’hémicycle pour faire leur devoir de législateurs ou...