Le plus beau cadeau de Dieu à l’humanité Sylvain THOMAS

On a tendance à oublier parfois la véracité du vieil adage bien connu selon lequel les meilleures choses de la vie sont gratuites. Par exemple, il nous est donné de voir le soleil se lever chaque matin et se coucher le soir, d’assister chaque printemps et chaque automne au vol migrateur des oiseaux, d’avoir à chaque heure du jour le globe terrestre sous nos pieds et la voûte du ciel au-dessus de nos têtes… De telles choses nous sont dispensées avec tant de facilité, de constance et de certitude de leur renouvellement que nous en arrivons à les considérer comme allant de soit à les recevoir – sans y penser – comme si elles nous étaient dues. Les meilleures choses de la vie, les splendeurs incomparables, les perfections éblouissantes de la création sont effectivement gratuites et elles nous sont prodiguées avec tant de persévérance et de libéralité que cette magnificence devrait quasiment nous stupéfier. La terre et tout ce qu’elle abrite, le ciel et ses étoiles, le simple fait qu’enfouie dans le sol, une graine va germer, bourgeonner et jaillir pour former ce nouvel élément de vie que sera l’arbre… tout ce fourmillement de miracles auxquels nous associe notre appareil sensoriel ne nous appartient pas en vertu de quelque « droit ». C’est un bienfait. Quelque occupés que nous soyons au temps de Noël, nous devrons sortir et aller à la découverte de tout ce qui nous entoure. C’est un don continuel qui s’offre autour de nous et partout sous nos yeux, un don qui est fait d’innombrables bénédictions. On dirait un merveilleux DVD qui contiendrait des millions de présents : c’est la course fraîche et cristalline du ruisselet du haut de la montagne et tout ce qu’implique sa cascatelle, l’étanchement de notre soif, la douceur d’un verre d’eau parfumée de l’air et de l’humus, c’est l’or pâle et diffus d’un beau soleil hivernal, c’est… Mais qui se risquerait à en dresser l’inventaire ? C’est le don d’une sublime harmonie que les hommes assoiffés de pouvoir et d’argent sont en train de spolier. C’est le don d’une ineffable sérénité. C’est, tout simplement, le don de la création que nous avons tendance à oublier à cause de nos problèmes politiques, familiaux et personnels. Noël n’est que la commémoration fervente et particulière de ce que les chrétiens et les hommes d’autres confessions considèrent comme la venue parmi nous du Dispensateur de toutes ces merveilles, de Celui qui, dans un geste de divine bonté, a créé pour nous les donner non seulement le canari et l’alouette, la neige immaculée de nos montagnes et les grands pins odorants brûlés, hélas, cet été par des pyromanes au Liban, en France, en Espagne ou en Grèce, mais aussi notre personne humaine avec sa conscience afin que nous puissions posséder tout cela et Le glorifier. Cette vue chrétienne et humanitaire des choses traduit-elle la vérité des faits ou seulement l’enchantement de la poésie ? Les opinions peuvent diverger, mais quelle que soit la manière dont il nous fut donné, quel qu’en soit aussi le sens, le présent est là, à notre portée, et nous n’avons qu’à nous réjouir. Il renferme les meilleures choses de la vie, et elles ne coûtent absolument rien. Il ne saurait être de meilleure saison pour sortir et nous rendre en quelque endroit où s’exprime symboliquement cette offrande : quelque sapinière ou quelque fleur en bordure de notre chemin dans un jardin public tout vivant de moineaux. Nous pourrons y donner libre cours à notre sentiment de gratitude, rendre grâces pour ce perpétuel cadeau de Noël et nous engager à le chérir vraiment du fond du cœur, comme il le mérite, en chantant : « Alléluia ! que le Seigneur est bon ! » Article paru le mardi 25 décembre 2007