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Actualités - REPORTAGE

Les chevaliers de l’ordre de Saint-Jean ont donné au pays ses heures de gloire et son prestige historique Malte, l’île des chevaliers LA VALETTE, d’Antoine AJOURY

Situé au cœur de la Méditerranée, ce petit pays est, depuis la nuit des temps, un pont entre l’Europe, l’Asie et l’Afrique. Grâce à sa position stratégique, il a vu se succéder sur son minuscule territoire de nombreuses civilisations, préhistorique, phénicienne, grecque, romaine, arabe, européenne… Autant de civilisations qui ont laissé leurs traces dans cet État récemment indépendant. Il ne s’agit pas du Liban… mais de Malte. Comme le pays du Cèdre, cette île, qui se situe entre l’Italie et la Libye, possède un patrimoine artistique et culturel impressionnant. Tous les peuples qui sont passés par Malte ont laissé leur héritage, faisant de cet archipel un haut lieu multiculturel par excellence. Mais ce sont les chevaliers de l’ordre de Saint-Jean qui ont donné à ce pays ses heures de gloire et son prestige historique. Mariage parfait entre les éléments de la nature. Sous un ciel bleu quasiment toute l’année, les vagues viennent se jeter contre d’impressionnantes parois rocheuses dont la hauteur dépasse parfois les 200 mètres. Plus loin, la mer s’engouffre au sein de l’île pour former une côte ciselée de criques et de récifs découpés par le vent. Le célèbre « lagon bleu », les baies sauvages et envoûtantes de Saint-Paul, de Mellieha ou du Paradis, les falaises de Dingli où se trouve la grotte bleue, font de Malte le pays idéal pour les dieux. C’est d’ailleurs sur Gozo, l’une des îles formant l’archipel de Malte, que se trouve la grotte de Calypso, où la nymphe retint Ulysse pendant sept ans, en lui promettant l’immortalité s’il restait à tout jamais à côté d’elle. Les vestiges de mystérieux temples mégalithiques – comme à Ggantija ou Tarxien – témoignent de la période néolithique d’or par laquelle sont passées les îles de Malte et de Gozo. Ces édifices de culte, dont certains datent de 3 600 ans av. J.-C., parsemés à travers tout le pays montrent l’attachement déjà très ancien de la population locale à la vie religieuse. Les superstitions restent d’ailleurs très vives chez les pêcheurs maltais. Sur la proue de leurs bateaux figure, encore aujourd’hui, « l’œil d’Osiris », un symbole d’origine phénicienne censé protéger les marins des dangers lors de leurs voyages en mer. C’est toutefois le christianisme qui imprégna le plus l’histoire de l’île. Tout commença quand saint Paul fit naufrage sur l’île en 60 apr. J.-C., alors qu’il était emmené à Rome pour y être jugé. C’est durant les trois mois que le prisonnier passa à Malte où il vécut dans une grotte (l’actuelle grotte de Saint-Paul à Rabat), que le saint jeta les bases de la diffusion du christianisme dans l’île. Depuis, l’identité de Malte est associée à son caractère religieux chrétien. Les conquêtes arabes de l’île sont vues comme une période de lutte contre la domination musulmane. Cette conscience d’être le rempart du christianisme se renforça plus tard avec la propension des Ottomans à envahir Malte pour pouvoir ensuite pénétrer en Europe. Le « grand siège » de 1565, durant lequel une armée de 48 000 soldats turcs essaya de s’emparer de l’archipel, se termina ainsi par la victoire des Maltais, appuyés par des renforts italiens. Actuellement, la religion d’État est le catholicisme romain, mais chacun est libre d’exercer la religion de son choix, car la liberté de conscience est garantie par la Constitution. Néanmoins, plus de 90 % de la population est considérée comme chrétienne aujourd’hui. L’appartenance religieuse est d’ailleurs très présente dans la vie quotidienne à Malte. Les rues et les carrefours des villes et des villages fourmillent de niches où sont placées des statues dédiées aux différents saints vénérés par les habitants de l’île. On retrouve bien sûr saint Paul, le patron du pays, mais également sainte Agathe, qui, en 250 apr. J.-C., se réfugia à Malte pour fuir les persécutions. Les Maltais sont par ailleurs très croyants. Il est impossible de prendre les transports en commun sans remarquer une vieille dame ou un homme faisant le signe de croix à chaque fois que le bus démarre. Ils sont en outre très pratiquants. Les églises poussent comme des champignons sur ce petit territoire de 316 km2, chaque paroisse tentant d’édifier un sanctuaire plus grand et plus imposant que le village ou le quartier voisin. Des églises qui sont en outre souvent construites grâce aux dons et aux bénévoles. Une situation qui a poussé un touriste américain à s’exclamer que « les Maltais bâtissent les églises pour le plaisir ». C’est toutefois la présence des chevaliers de l’ordre de Saint-Jean qui marque le plus l’histoire maltaise. L’île fut offerte à l’ordre par l’empereur Charles Quint en 1530. Pendant plus de 250 ans, les chevaliers ont gouverné Malte, construisant châteaux forts, palais et, bien sûr, églises. C’est durant cette période que le pays connut sa splendeur artistique et architecturale. Le joyau de l’île reste ainsi sa capitale, La Valette, dont la construction débuta en 1566. Portant le nom du grand maître de l’ordre, la ville devait être un bastion de la chrétienté et un chef-d’œuvre d’architecture. On ne s’étonnera donc pas de la quantité d’églises construites à La Valette à commencer par la co-cathédrale Saint-Jean et Notre-Dame du Carmel dont la gigantesque coupole domine la ville. S’adressant à un groupe de touristes japonais qui s’affairaient devant une fontaine de la capitale maltaise, une femme se penche de la fenêtre d’un moucharabieh, une sorte de balcon fermé d’origine mauresque, et s’exclame : « Messieurs, dames, à La Valette, il faut toujours regarder vers le haut. Chaque coin vous réserve une surprise. » Sur l’un des immeubles, on verra flotter le drapeau national, frappé d’une croix à huit pointes, désormais connue sous le nom de croix de Malte, un des principaux legs des chevaliers de « l’ordre souverain militaire hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem », devenu depuis l’ordre de Malte.
Situé au cœur de la Méditerranée, ce petit pays est, depuis la nuit des temps, un pont entre l’Europe, l’Asie et l’Afrique. Grâce à sa position stratégique, il a vu se succéder sur son minuscule territoire de nombreuses civilisations, préhistorique, phénicienne, grecque, romaine, arabe, européenne… Autant de civilisations qui ont laissé leurs traces dans cet État...