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Actualités - REPORTAGE

Ses origines multiculturelles font sa richesse et sa spécificité La langue maltaise, fondement de l’identité nationale

À l’image de l’histoire de Malte, sa langue nationale est particulièrement riche. L’originalité du maltais tient d’abord à l’influence des nombreuses civilisations qui ont laissé leurs empreintes sur le pays et sur sa langue. Certains analystes assurent que les Phéniciens, les Grecs, les Romains, les Arabes et plus récemment les Italiens et les Anglais ont laissé un héritage devenu symbole du multiculturalisme de l’identité maltaise. La République de Malte reconnaît depuis 1934 l’anglais et le maltais comme langues officielles. Selon l’article 3 de la Constitution, seul le maltais est considéré comme une « langue nationale » : « La langue maltaise est une composante essentielle de l’héritage national, ayant été constamment développée dans les paroles des Maltais, ce qui distingue le peuple maltais de toutes les autres nations et donne à ses citoyens le meilleur moyen d’expression. L’État maltais reconnaît la langue maltaise comme une expression forte de la nationalité des Maltais et, en conséquence, reconnaît son importance unique et la protège contre la dégradation et la disparition. » Pour accomplir le but proclamé par la Constitution, un « Conseil national de la langue maltaise » fut ainsi créé. Il est chargé de « la promotion de la langue nationale, de la définition de l’orthographe et du vocabulaire et de la mise en œuvre d’une politique linguistique appropriée ». Cette reconnaissance tire son importance du débat linguistico-politique qui a eu lieu entre 1860 et 1940 à Malte alors sous la colonisation britannique. En effet, la majorité écrasante de la population, à cette époque, parlait le maltais, alors que l’élite utilisait l’italien. L’anglais jouait également un rôle important, alors que l’île était gouvernée par les Britanniques qui craignaient que l’Italie revendique cet archipel, en cas « d’italianisation » de la population locale. Avant cette date, le problème ne se posait pas, puisque « la majorité de la population était monolingue », affirme Olvin Vella, le directeur exécutif du Conseil national. C’est à partir du moment où les Maltais sont devenus bilingues qu’apparut « la nécessité d’affirmer la langue maltaise comme la première langue d’enseignement, afin qu’elle ne soit pas supplantée » par l’italien et l’anglais, ajoute Olvin Vella, qui souligne toutefois que « le maltais ne fut en aucun moment en danger. L’établissement du Conseil national vise d’abord à la promotion de la langue nationale et à envisager de nouveaux termes pour suivre l’évolution technologique, comme les termes : computer, radio, télévision, qui dérivent de l’anglais ». Une initiative critiquée par certains qui y voient une atteinte grave à la langue. « Il n’est pas normal de changer une langue régulièrement pour y ajouter des mots étrangers », s’indigne Antoinette Cassar, une ancienne journaliste qui travaille actuellement au Conseil. « La vraie menace vient de l’émigration des Maltais. Il y a une sorte de vacuum à Malte avec la fuite des étudiants et des intellectuels en dehors du pays », affirme toutefois Olvin Vella, mais « les autorités gouvernementales et l’Union européenne soutiennent sans faille la langue maltaise », caractérisée par son originalité. Le maltais est en effet une langue sémitique qui s’écrit avec un « alphabet latin complété ». Elle fait donc partie de la même famille que l’hébreu et l’arabe. Certains linguistes estiment par ailleurs qu’elle comprend un substrat phénicien et berbère. Pour Olvin Vella, la langue maltaise est très proche des dialectes arabes d’Afrique du Nord, en particulier le tunisien, alors que pour d’autres observateurs, on y trouve une ressemblance surprenante avec le libanais avec l’utilisation de termes comme « kbir » (grand) ou « zghir » (petit), ces termes étant « kabir » et « saghir » en arabe. Des mots italiens se sont ajoutés également au vocabulaire maltais, à l’instar de « karozza » (voiture) ou « grazzi » (merci). Même le français est parvenu à négocier sa part du gâteau. Les Maltais se disent « bonswa » (bonsoir) et « bongu » (bonjour). C’est néanmoins l’emprunt fait à l’arabe qui reste prédominant, malgré l’attitude équivoque des Maltais qui associaient l’arabe à la religion musulmane. Certains ont tenté de revendiquer une origine phénicienne, « plus catholiquement correcte que l’arabe », étant donné que les Maltais étaient et sont à une grande majorité catholiques. Dans les années 90, on pouvait même lire dans les colonnes d’un journal local que « le Maltais, de par son origine arabe, fait de nous des Afro-Méditerranéens alors que nous voulons devenir des Euro-Méditerranéens ». Pour Olvin Vella, « le problème de l’origine arabe de la langue se posait par le passé. Les Maltais acceptent désormais les origines historiques de leur langue. Tout cela est dépassé maintenant. Le maltais est particulier, spécifique, c’est notre langue nationale », conclut-il. A.A.
À l’image de l’histoire de Malte, sa langue nationale est particulièrement riche. L’originalité du maltais tient d’abord à l’influence des nombreuses civilisations qui ont laissé leurs empreintes sur le pays et sur sa langue. Certains analystes assurent que les Phéniciens, les Grecs, les Romains, les Arabes et plus récemment les Italiens et les Anglais ont laissé un...