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Actualités - CHRONOLOGIE

CIMAISES Francfort expose les différentes facettes de Cranach l’Ancien

Ami de Martin Luther mais apprécié des catholiques, peintre de cour mais aussi marchand de vins et apothicaire : le talent et le sens des affaires ont fait de Cranach l’Ancien l’un des hommes d’art les plus importants du XVIe siècle. Une exposition du musée des beaux-arts de Francfort, le Städel, parcourt la palette des talents de l’Allemand. Plus d’une centaine d’œuvres venues du monde entier, de Besançon à Washington, en passant par Londres et Madrid, y sont exposées jusqu’au 12 février. « Le nom de Cranach évoque quelque chose à tout le monde, mais les gens ne connaissent pas toujours ses tableaux », d’où l’importance de cette rétrospective, explique Bodo Brinkmann, en charge de l’exposition. Chaque salle présente un aspect différent du travail de l’artiste : des scènes profanes tirées de la vie quotidienne ou de la mythologie, des nus féminins aux formes graciles, des portraits inspirés aussi bien de la Renaissance italienne que des Pays-Bas ; des peintures, gravures et décorations réalisées pour le puissant prince de Saxe, Frédéric le Sage ; des tableaux reprenant les thèmes favoris des catholiques, la Vierge et le Christ, mais aussi des images de propagande au service du réformateur Luther. « C’est un fabuleux portraitiste », s’exclame M. Brinkmann. Il souligne aussi les « lignes abstraites » des femmes peintes par Cranach l’Ancien, qui inspireront plus tard des artistes comme Picasso ou Giacometti. « Rendre avec exactitude les proportions du corps humain ne l’intéresse pas », contrairement à Albrecht Dürer, l’autre grand nom de la peinture allemande de l’époque, poursuit M. Brinkmann. Son génie et sa prolificité expliquent le succès de ce fils de peintre, né en 1472 dans la ville de Kronach, en Haute-Franconie, d’où il tire son nom. Vers 1500, il apparaît à Vienne. Entre ces deux dates, sa trace se perd et on ignore quelle a été sa formation. Ce qui est sûr, c’est qu’à son arrivée dans l’actuelle capitale autrichienne, il est déjà un artiste accompli, à la vaste culture. 1505 marque un tournant décisif dans sa carrière : il devient le peintre officiel de la cour de Saxe et s’installe à Wittenberg, ville de Luther et centre de la Réforme. « Il y dispose d’un contrat très privilégié, car il était bien payé et disposait d’une grande liberté », explique M. Brinkmann. Il conservera ses privilèges pratiquement jusqu’à sa mort en 1553. C’est aussi à cette époque qu’il se marie avec Barbara Brengbier, dont il aura deux fils. Non content d’être un artiste reconnu, il se révèle être aussi un redoutable homme d’affaires : à côté de son atelier, qui produit des tableaux et des décorations murales, il ouvre une pharmacie, donne dans l’immobilier et le commerce de vin, est associé dans une imprimerie et élu maire à plusieurs reprises. Son sens de la diplomatie lui permet de s’attirer les grâces de clients aux intérêts très divergents, comme Luther et le cardinal Albrecht de Brandebourg. Du premier, il réalise des portraits en série pour défendre sa cause, par exemple à l’occasion du mariage de l’ancien moine augustin avec Catherine de Bora, qui provoque alors un tollé. Cranach est présent à ses côtés jusqu’à son décès en 1546 : le portrait de Luther sur son lit de mort présente un homme au visage serein, pour contrer les rumeurs lancées par la contre-réforme affirmant que le religieux schismatique avait été précipité en enfer. Ces affinités n’empêchent pas Cranach de faire le portrait en 1526 du cardinal Albrecht, farouche opposant à la Réforme, en saint Jérôme. L’histoire de Cranach l’Ancien ne s’arrête pas vraiment à sa mort à Weimar. Avec son fils Cranach le Jeune, la relève est assurée.
Ami de Martin Luther mais apprécié des catholiques, peintre de cour mais aussi marchand de vins et apothicaire : le talent et le sens des affaires ont fait de Cranach l’Ancien l’un des hommes d’art les plus importants du XVIe siècle.
Une exposition du musée des beaux-arts de Francfort, le Städel, parcourt la palette des talents de l’Allemand. Plus d’une centaine d’œuvres venues...