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Actualités - CHRONOLOGIE

L’Université antonine compte 33 % d’étudiants supplémentaires cette année Pour le père Fady Fadel, « la double diplomation est un gage de reconnaissance et de qualité » Anne-Marie EL-HAGE

Il est vice-recteur aux relations internationales de l’Université antonine depuis l’année dernière. Suite à des études en théologie et en sciences humaines à l’Université catholique de Lyon, et des études juridiques suivies d’un DEA en droit public à l’Université Jean-Moulin, d’un master en droit de l’homme à l’Université catholique de Lyon, et d’une thèse de doctorat sur la réforme de la fonction publique au Liban, à la faculté de Paris V, René-Descartes, le père Fady Fadel a été sollicité durant plusieurs années par les organismes publics et privés pour des expertises en droit international et constitutionnel. En 2000, il a même servi, en tant qu’expert, à la direction générale des relations extérieures à la Commission européenne à Bruxelles, avant de faire partie de la délégation du Saint-Siège à l’ONU. Doté de cet impressionnant bagage, le père Fady Fadel a rejoint l’Université antonine en 2000, en tant que secrétaire général et pour un mandat de sept ans. Aujourd’hui, également vice-recteur, il décortique, pour L’Orient-Le Jour, les défis de l’Université antonine. Développer et préserver la qualité de l’enseignement, notamment en privilégiant la double diplomation, grâce au partenariat avec des universités européennes et américaines, est le défi majeur de cette université francophone, qui n’hésite pas à s’ouvrir sur l’anglais. « Les diplômes à la fois libanais et étrangers représentent pour les étudiants un gage de reconnaissance et de qualité, tout en étant une valeur ajoutée leur permettant dans un premier temps de trouver facilement des terrains de stage, et facilitant par la suite leur embauche dans des entreprises locales et étrangères », observe le vice-recteur. De plus, ajoute-t-il, « le partenariat avec les universités à l’étranger permet à nos étudiants d’avoir accès à la recherche au sein de ces universités et d’y poursuivre des spécialisations ou des doctorats ». Des partenariats réussis Malgré son jeune âge, une douzaine d’années à peine, l’Université antonine regroupe près de 1 800 étudiants dans ses deux campus de Baabda et de Zahlé, alors qu’un troisième campus est en cours de construction à Zghorta. « En l’absence d’une agence nationale d’accréditation, nous avons mis à jour, avec la collaboration d’experts, des critères de qualité au niveau de l’apprentissage et de la recherche, parallèlement à une harmonisation des programmes », explique le père Fady Fadel. Soucieuse de se hisser au niveau de ses partenaires européens et américains, l’université exige de ses enseignants qu’ils suivent régulièrement des séminaires de formation au sein des universités partenaires, en vue d’un nivellement des programmes. Évoquant quelques exemples de partenariat réussi entre l’Université antonine et des universités étrangères, le père Fady Fadel remarque qu’au niveau de la science du sport, l’Université antonine délivre des diplômes européens de préparation physique, en partenariat avec l’Université Claude-Bernard Lyon I, l’Université de Lausanne, l’Université libre de Bruxelles et l’Université de Turin, et ce en fonction de la spécialité. Quant au master de génie en informatique et en télécommunications, il est délivré en partenariat avec l’Université Saint-Étienne (télécom), la Sorbonne Paris I (multimédias) et l’Université de Bourgogne (logiciels). De même, la licence en physiothérapie, qui est une nouvelle filière, bénéficie d’un accord de partenariat avec l’Université catholique de Louvain. « Ce partenariat permet à nos étudiants de poursuivre un stage de 6 mois en Belgique et de bénéficier d’une prise en charge financière partielle », précise le vice-recteur. Le père Fadel ne manque pas de mentionner les pourparlers qui se poursuivent avec l’Université de Valenciennes, pour aboutir à un processus de double diplomation avec la jeune faculté de publicité et de médias de l’Université antonine. « Nous avons également entamé des pourparlers avec France Télévision pour que nos étudiants aient la possibilité de poursuivre un stage de 5 mois au sein de l’entreprise française », dit-il, tout en précisant que les échanges d’étudiants se font dans les deux sens et que l’Université antonine facilite les stages au Liban des étudiants étrangers. Niveau des langues et curiosité des étudiants Les importantes défaillances des étudiants au niveau des langues étrangères, notamment du français et de l’anglais, représentent toutefois un sérieux obstacle à la recherche de perfection et de qualité au niveau de l’université. « Ce constat nous a poussés à lancer un second défi, créer un centre de langues qui organise des cours de mise à niveau des étudiants, leur permettant de perfectionner les langues vivantes », précise le père Fadel. Il explique ainsi que l’objectif recherché est de rendre les francophones trilingues et d’améliorer les capacités en langue anglaise des anglophones. Déjà opérationnel, le centre de langues, après un accord avec l’Oregon State University, délivre aujourd’hui un diplôme de maîtrise de l’anglais délivré par cette université américaine. « Nous avons entamé des pourparlers avec une université française pour valider le diplôme de langue française de l’étudiant », ajoute-t-il. Et d’observer que les étudiants ne se rendent compte de leurs lacunes en langues qu’en deuxième année, au moment de leurs stages, dès qu’ils doivent rentrer en contact avec le monde professionnel. « Ils n’ont pas le vocabulaire nécessaire pour se vendre », remarque le père Fadel à ce propos. « C’est alors qu’apparaît leur motivation pour les langues étrangères. » Et de constater par la même occasion « le manque de curiosité des élèves dont la majorité se contente des cours et consacre de moins en moins de temps à la recherche personnelle et à la lecture ». Un problème qui met en exergue la nécessité pour les enseignants de modifier leur méthodologie d’apprentissage et de pousser les étudiants à traiter des thèmes avant les cours. L’Université antonine n’entend pas s’arrêter en si bon chemin. Soucieuse d’exploiter de nouveaux créneaux, sans pour autant concurrencer d’autres universités, également soucieuse de s’ouvrir sur d’autres langues, notamment sur l’anglais, cette université francophone a créé trois filières anglophones, la licence en prothèse dentaire, la licence en physiothérapie et la gestion des affaires, dont une section francophone existe déjà. Faire face à la crise Certes, comme dans l’ensemble du pays, la crise économique se répercute sur la situation financière des élèves. « Nous ne ressentons cependant pas le problème de manière très aiguë, observe le vice-recteur, car les scolarités de l’Université antonine sont raisonnables, et évoluent entre 1 000 et 5 500 dollars par an selon les spécialités ». L’université s’est de plus engagée auprès des étudiants ayant déjà entamé leurs études à ne pas opérer d’augmentation durant leur cursus universitaire. « Nous comptons d’ailleurs 33 % d’étudiants supplémentaires cette année », observe-t-il. Le vice-recteur évoque néanmoins le service social de l’université qui fonctionne à plein rendement pour répondre aux demandes d’aides. Les demandes sont examinées « au cas par cas », note le père Fadel et les aides sont accordées « aux plus nécessiteux », notamment les orphelins, les enfants d’employés, les familles nombreuses. De plus, et à la demande des élèves, « il est possible d’échelonner les scolarités sur plusieurs mois sans intérêt », précise-t-il. « Nous aidons même certains élèves à trouver un emploi, au sein de l’université ou ailleurs, tout en leur donnant la possibilité d’aménager leurs horaires de cours », dit-il. Finalement, poursuit le vice-recteur, « nous accordons des bourses aux majors de promotion ». Et de préciser qu’« aucun étudiant n’a quitté l’université pour des raisons financières ». La recherche Certes, l’Université antonine est jeune, mais elle n’en multiplie pas moins pour autant les priorités et les projets ponctuels, au niveau de l’aménagement de la bibliothèque, de la construction de nouveaux bâtiments, sans oublier le développement de la recherche, l’aménagement de laboratoires et la publication d’une revue scientifique. « Trente thèses de doctorats sont actuellement en préparation, en cotutelle avec nos partenaires à l’étranger », souligne à ce propos le père Fadel, affirmant que les chercheurs, une fois leurs thèses terminées, représenteront « une valeur ajoutée à l’enseignement et à l’université ». Et d’indiquer aussi que « l’enseignement qui ne tient pas compte de l’avancée de la recherche est stérile ». Grandir, non seulement en nombre d’étudiants, mais être géographiquement présente dans différentes régions du pays, est un des objectifs à long terme de l’Université antonine qui envisage déjà la création d’un nouveau campus dans le Akkar et réfléchit aussi à la possibilité de s’implanter au Sud. Dans l’espoir de compter parmi ses étudiants de nombreux élèves des pays environnants. Dans l’espoir surtout de jouer, très bientôt, dans la cour des grands.
Il est vice-recteur aux relations internationales de l’Université antonine depuis l’année dernière. Suite à des études en théologie et en sciences humaines à l’Université catholique de Lyon, et des études juridiques suivies d’un DEA en droit public à l’Université Jean-Moulin, d’un master en droit de l’homme à l’Université catholique de Lyon, et d’une thèse de...