Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

L’excision, au Liban aussi

Si les mutilations sexuelles sont essentiellement perpétrées en Afrique, elles ont également lieu au Liban. Maya* nous a raconté sa triste expérience : « Aujourd’hui je suis adulte, j’ai un travail et je vais bientôt me marier. Bref, à me voir on pourrait dire que je suis une femme “normale”. Mais à l’âge de 9 ans, ma grand-mère m’a fait subir le pire des supplices », explique la jeune femme, avec une pointe d’amertume. Maya était une petite fille comme les autres, mais un jour, en rentrant de l’école, sa mère d’un air grave lui a annoncé qu’elle devait rendre visite à sa grand-mère. « Je pensais que c’était, comme tous les vendredis, une visite de courtoisie, qu’on allait manger des gâteaux et qu’elle me raconterait une de ses innombrables histoires sur notre famille », explique Maya. Rapidement, la jeune enfant sent toutefois que cette visite prend un tour étrange. « Durant tout le trajet, ma mère n’a pas dit un mot. Quelques minutes avant d’arriver chez ma grand-mère, elle m’a juste dit que j’allais entrer dans l’âge adulte, se souvient Maya. Sur le moment, je ne comprenais pas ce qu’elle voulait dire. Malheureusement, je l’ai compris bien trop vite. » Dans le salon, la grand-mère était assise avec la tante de Maya. Elle fait entrer la petite fille dans la chambre à coucher. « Subitement, ma mère m’a attrapé les mains, alors que ma tante s’agrippait à mes jambes. Ma grand-mère est arrivée avec une pince. J’ai ressenti une douleur atroce, je voyais du sang partout, je n’arrivais plus à bouger. C’est à ce moment que ma mère soulagée a dit : c’est fait, tu es excisée », raconte la jeune femme. « Pendant plus de 12 jours, je n’ai pas pu aller aux toilettes, je ne dormais plus la nuit, j’avais peur qu’on me refasse du mal », ajoute-t-elle. Par la suite, Maya a eu du mal à avoir confiance en elle. Il a fallu que les années passent pour qu’elle parvienne enfin à « oublier » un tant soit peu. « Mais, même si je fais un effort pour oublier le souvenir, la douleur ne s’oublie pas, et pour rien au monde je ne ferais subir quelque chose d’aussi atroce à ma fille », assure Maya. Zeinab Zeinab est une jeune Africaine âgée de 22 ans. Quand elle n’avait que 8 ans, elle s’est fait infibuler. Voici le témoignage qu’elle a livré à l’UNFPA (United Nations Population Fund). « Mes deux sœurs, ma mère et moi avons rendu visite à notre famille, dans notre pays. Je pensais qu’on y allait pour des vacances. Un peu plus tard, des membres de notre famille nous ont dit que nous allions être infibulées. La veille de l’opération, une autre fille a subi une infibulation et elle est morte à cause de l’opération. Mes sœurs et moi avions très peur, nous ne voulions pas souffrir de la même façon et mourir par la suite. Mais nos parents nous ont fait comprendre qu’il s’agissait là d’une obligation. Alors, nous y sommes allées. Nous étions sur le point de fuir – nous pensions vraiment que nous allions mourir à cause de la douleur – quand une femme a mis sa main sur ma bouche pour que je ne puisse pas crier. Deux autres femmes tenaient mon buste et deux autres encore tenaient mes jambes. Nous avons été infibulées, puis on nous a attaché une corde autour de nos jambes. Ceci devait nous contraindre à réapprendre à marcher. Après l’opération, nous devions essayer d’aller aux toilettes. Si au bout de dix jours, nous ne pouvions pas uriner, ceci signifiait qu’il y avait un problème. Nous avons été chanceuses, je suppose. Graduellement, nous nous sommes remises de l’opération. Nous ne sommes pas mortes comme les autres filles. Mais le souvenir et la douleur ne sont jamais partis. » K. J. * Le nom a été changé.
Si les mutilations sexuelles sont essentiellement perpétrées en Afrique, elles ont également lieu au Liban. Maya* nous a raconté sa triste expérience :
« Aujourd’hui je suis adulte, j’ai un travail et je vais bientôt me marier. Bref, à me voir on pourrait dire que je suis une femme “normale”. Mais à l’âge de 9 ans, ma grand-mère m’a fait subir le pire des...