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En France, 15 % des 11-18 ans sont « en grande souffrance » De la crise d’angoisse à la tentative de suicide, l’appel à l’aide des ados

Tentatives de suicide, consommation de psychotropes, troubles de l’alimentation et du sommeil, la souffrance psychique des adolescents prend différents visages, mais se manifeste de plus en plus précocement, selon le rapport 2007 de la « Défenseure » française des enfants. Environ 15 % des 11-18 ans, soit 900 000 ados, sont estimés « en grande souffrance », rappelle Dominique Versini. Pour 40 000 d’entre eux chaque année, elle s’exprime par une tentative de suicide, un « appel à l’aide » plus fréquent chez les filles que chez les garçons. Plus des trois quarts des tentatives de suicide chez les filles se font à l’aide de psychotropes, dont la consommation s’avère importante chez les jeunes, la France étant le troisième pays de consommation de psychotropes par des adolescents. Le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les 15-25 ans, bien que leur nombre ait baissé. Il est passé en effet de 966 en 1993 à 621 en 2004, grâce à la politique mise en place en 2000, après la publication d’un rapport alarmant du Haut comité pour la santé publique sur la santé des adolescents. D’autres « signes » sont révélateurs de souffrance, comme les troubles du sommeil, insuffisamment pris en compte. Un ado sur quatre souffre de troubles du sommeil et un sur dix prend des médicaments pour lutter contre le stress, ou pour dormir. L’absentéisme scolaire (5 % des collégiens et lycéens cumulent au moins quatre demi-journées d’absences par mois), voire la « phobie scolaire » pour certains, les comportements alimentaires perturbés, jusqu’à l’anorexie ou la boulimie, sont autant de marques de souffrance, qui peuvent prendre un caractère extrême avec la violence exercée sur soi : 5 à 10 % des jeunes reconnaissent s’être fait mal volontairement, 11,3 % des filles et 6,6 % des garçons se font des scarifications. Les conduites à risque chez les jeunes peuvent aussi créer une fragilité aggravant une souffrance psychique. Or, les poly-addictions (alcool, tabac, cannabis) ont doublé en 10 ans (de 17 % à 34 %) et démarrent de plus en plus tôt, dès le collège. Si l’usage de l’ecstasy, des amphétamines et de la cocaïne s’avère limité et plutôt festif, la consommation de cannabis est désormais « banalisée », souligne la « Défenseure » des enfants (38 % des jeunes de 15-16 ans ont déjà fumé). Alors que le tabagisme régulier est en recul, la consommation d’alcool augmente à la fin des années collège : 28 % des 15-19 ans ont été ivres plus de quatre fois dans l’année. La « défonce » est pratiquée par des ados de plus en plus jeunes, des 12-13 ans sont victimes de comas éthyliques. La « Défenseure » des enfants s’insurge contre l’absence de « politique de prévention pour les ados », en dehors du lien fait avec la sécurité routière. Elle condamne la politique commerciale des fabricants de boissons alcoolisées qui « incitent » les jeunes à consommer de plus en plus tôt des produits faiblement alcoolisés, comme les alcopops, sucrés et branchés, très en vogue aujourd’hui chez les jeunes, et dont la teneur en alcool atteint 5 à 6 degrés. Dominique Versini juge dangereux aussi l’accès facile aux sites ou films pornos : à 14 ans, 2 garçons sur 3 et 36 % des filles ont déjà vu un film porno. Enfin, si elle n’est pas liée forcément à un mal-être, la « cyber-dépendance », dont peut témoigner le succès des blogs chez les jeunes, risque de conduire à une rupture des liens sociaux, dangereuse à l’âge de l’adolescence sur un jeune un peu fragile.
Tentatives de suicide, consommation de psychotropes, troubles de l’alimentation et du sommeil, la souffrance psychique des adolescents prend différents visages, mais se manifeste de plus en plus précocement, selon le rapport 2007 de la « Défenseure » française des enfants.
Environ 15 % des 11-18 ans, soit 900 000 ados, sont estimés « en grande souffrance », rappelle...