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Nous irons tous au paradis, bientôt Raymond NAHAS

Dans ces derniers préparatifs pour assurer une échéance présidentielle, nous, Libanais de la majorité silencieuse, assistons impassibles à ces prises d’armes de dernière minute, qui devraient aboutir à l’élection du nouveau président de la République. Chaque matin, nous lisons avec fièvre notre journal pour essayer de déchiffrer entre les lignes le nom de l’heureux élu, et tous les commentaires creux que nous subissons chaque jour à la télévision des différents commentateurs, soi-disant inspirés, sont autant de verres d’eau à la mer. Depuis vingt ans que nous sommes soumis à ce régime de la douche écossaise, nous ne sommes pas arrivés à découvrir une lueur d’espoir, et l’avenir de nos enfants s’assombrit de jour en jour. Que demandons-nous de ce nouveau président pour retrouver notre sourire et espérer des jours meilleurs ? Tout d’abord, un libanisme à toute épreuve. Le Liban a besoin d’un homme qui sache mettre de côté ses intérêts personnels et se dévouer sans compter pour une cause commune, dans le cadre d’une convivialité entre les différents pôles du pays. Il doit savoir rétablir avec fermeté la confiance de toutes les parties, fortifier l’armée libanaise en coordination avec tous les pays amis et surtout éliminer de toutes ses forces tous les courants contraires qui ont choisi le Liban comme champ de bataille pour vider leurs querelles régionales. Le Liban doit redevenir le pays de la joie de vivre, le pays de la coexistence pacifique et surtout le pays exclusivement touristique qui saura attirer nos 10 millions d’émigrés libanais disséminés de par le monde ainsi que nos amis arabes à la recherche d’un peu de soleil et de liberté, et tous les investisseurs du monde entier qui trouveront au Liban un terrain fertile à leurs projets d’envergure. Comment voyons-nous l’avenir dans le cas où nous n’aurons pas atteint cet objectif ? Avec les Iraniens, assez voilé. Avec les Syriens, assez désarmant (il faudra bien six ans pour ramasser toutes les armes). Avec les Américains, assez engagé (on ne saura plus à quel pacte appartenir). Il nous reste l’ONU et la Finul car, en matière de tourisme, c’est toujours ça de pris. Quant aux nations dites amies (France, Arabie saoudite, Italie, Égypte, etc.), nous leur demandons juste de nous garantir la paix à nos frontières. Cela nous permettrait à l’intérieur de nous mettre sérieusement au travail et de trouver un vrai coupable à tous les crimes et assassinats, qu’on aura enfin le courage de nommer, de juger et de condamner. Et si, après six ans de bons et loyaux services, nous sommes enfin devenus ce havre de paix où toute personne aimerait investir et vivre, nous serons prêts à amender la Constitution et à le réélire, sans être contraints de le faire, en sachant que nous avons enfin choisi the right man… Le Liban sera alors devenu un vrai paradis, et les Libanais non coupables, de vrais anges, qui pourront enfin se partager la part de gâteau qui leur revient, sans sentir autour d’eux des envieux et des jaloux qui essaieront toujours de ne leur laisser que des miettes.
Dans ces derniers préparatifs pour assurer une échéance présidentielle, nous, Libanais de la majorité silencieuse, assistons impassibles à ces prises d’armes de dernière minute, qui devraient aboutir à l’élection du nouveau président de la République.
Chaque matin, nous lisons avec fièvre notre journal pour essayer de déchiffrer entre les lignes le nom de l’heureux...