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Actualités - CHRONOLOGIE

ACHKAL ALWAN - Coup d’envoi du festival avec les performances du chorégraphe japonais au Madina Hiraki Umeda : transes nippones et vibrations numériques

Seul dans la lumière, artificielle et digitale qu’il a su créer, et face à un public hypnotisé et sous le charme, le jeune chorégraphe japonais Hiraki Umeda a donné le coup d’envoi du festival MP5, organisé par Achkal Alwane, en présentant au Madina deux magnifiques performances, « Accumulated Layout » et « While Going to Condition », de vingt minutes chacune. Un état de transe qu’il a su générer et partager avec des spectateurs qui se sont laissés agréablement submerger par cette vague nippone. «La lumière n’existe pas pour montrer la danse, mais pour créer un espace. Avec ses variations, elle devient dynamique... Je veux la travailler comme je travaille le son et l’image, en créant des changements d’état... » C’est ainsi que Hiraki Umeda définit ses créations corporelles et visuelles. Influencé un jour par la performance en solo de Saburo Teshigawara dans Absolute Zero, le jeune homme décide d’abandonner l’effet instantané de la photographie pour sonder les limites de la danse. Au fil des années, l’artiste finit par développer un art plastique singulier et multiple, indéfinissable et inclassable, qui puise à la fois ses références autant dans le hip-hop contemporain que dans la culture du Japon. Sur scène, tout commence par un grand silence dans un noir absolu. L’homme est là, face au public. Rien ne bouge. Tout est diffus, confus. L’écran auquel il tourne le dos s’anime soudain. Il tressaute, toussote et hoquète. Des lignes le traversent. À l’horizontal, à la verticale. Elles deviennent lumière. « Je crée une pièce à partir d’un espace vide, puis une image naît et se développe, a-t-il avoué un jour. La danse prend alors peu à peu forme, ainsi que le son et l’image de façon simultanée. » Un champs magnétique nouveau Ainsi pris dans une énergie invisible et habité par des ondes telluriques, à petits pas minimalistes et radicaux, et par gestes spasmodiques souvent irréguliers, Umeda va dessiner les contours de son champ magnétique. À partir du vide et de l’espace, l’artiste crée son propre univers et convie les présents à y entrer. Ce sont des couches de lumière décharnées, bleuâtres et grises qui envahissent l’écran par graphismes. Des images en strates. Hiraki Umeda vient de réinventer son propre éclairage. Le public, d’abord hésitant et sous le choc de ces ondes sismiques qui le parcourent à une vitesse vertigineuse, se laisse prendre au piège. Sur fond de grésillements, de vrombissements, de musique électronique ou de simples toussotements, l’artiste n’est plus seul. Ses mouvements se sont décomposés, démultipliés. Désormais fusionnant avec la lumière qui elle-même est devenue son, Umeda vacille sous le martèlement des images. Son corps, soudain, vibre et se déchaîne. Des flashes de mouvements. Des instantanés. Brusques et brefs. Est-ce des réminiscences de son amour pour la photo ? Le chorégraphe passe alors de l’inertie absolue à la désarticulation totale en une fraction de seconde. Comme une machine qui se met en branle. Il semble ne plus contrôler son corps alors qu’il a un pouvoir absolu dessus. Déconcertant et éblouissant ! La danse de Hiraki Umeda se place au centre de la matière électronique et numérique. Elle en est les pulsions et les oscillations, la trajectoire et la matrice. « Mon souhait est de transmettre des sensations au public, plus que des messages. Donc pas de thème conceptuel dans mes spectacles que je vide de tout ce qui fait sens », confie-t-il. Changement, glissement, voire rupture. Telles sont les teintes qui colorient l’écriture personnelle de cet artiste qui se balance avec équilibre et élégance entre passé et futur. Colette KHALAF
Seul dans la lumière, artificielle et digitale qu’il a su créer, et face à un public hypnotisé et sous le charme, le jeune chorégraphe japonais Hiraki Umeda a donné le coup d’envoi du festival MP5, organisé par Achkal Alwane, en présentant au Madina deux magnifiques performances, « Accumulated Layout » et « While Going to Condition », de vingt minutes chacune.
Un état de transe...