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Les jours ultimes… Non à la peur

« Après minuit commence la griserie des vérités pernicieuses. » E. M. Cioran (1) «Bien des gens affirment qu’on ne saurait combattre le totalitarisme sans le comprendre. Ce n’est heureusement pas vrai car, autrement, notre situation serait sans espoir. » C’est par ce constat terrible que la grande Hannah Arendt commence son article de 1953 Compréhension et politique (2). Face au totalitarisme, le dialogue n’a point sa place car, par nature, le « tout » n’est pas dialectique. On ne dialogue pas avec une pensée totalitaire, on lui dit : « Non. » Hannah Arendt ne veut pas dire, par là, qu’on ne doit pas réfléchir le totalitarisme, elle veut simplement affirmer cette vérité première que le totalitarisme n’appartient pas à l’ordre rationnel et ne peut donc pas entrer dans une dialectique relationnelle. Le totalitarisme est, par essence, irrationnel car pulsionnel. Il suffit, pour s’en convaincre, d’écouter les discours des grands idéologues de cette forme de religion politique. À cet égard, les récents propos incendiaires de sayyed Hassan Nasrallah, guide suprême du Lubnanistan, sont à l’image de tous ses prédécesseurs : Hitler, Staline, Lénine, Mao, etc. Face à la foule en transe, comme toute foule constituée en conclave magique, le chef du parti dirigé par une divinité fut pathétique. Pathétique, parce qu’il ne peut pas effrayer les hommes libres. Pathétique, parce qu’il est réduit à un rôle d’épouvantail. N’étant pas des oiseaux migrateurs, les citoyens libanais n’ont aucune raison d’être effrayés par les outrances verbales, aussi menaçantes soient-elles, du sayyed Hassan Nasrallah. La seule et unique réponse possible est « non ». Point n’est besoin d’arguties, ni de figures de rhétorique : Non au projet de chaos originel que cet homme visionnaire souhaite instaurer dans le pays qu’il prend en otage. Non au totalitarisme métaphysique auquel ce chef de parti veut nous contraindre au nom d’une vérité divine. Dire non au Hezbollah ne consiste surtout pas à prendre les armes contre d’autres Libanais. Dire non au Hezbollah, c’est le dire partout, c’est le crier sur tous les toits, c’est assourdir le ciel, la terre, l’enfer et le Hezbollah avec le cri immense de la liberté que le totalitarisme hait par-dessus tout. Dire non au Hezbollah commence d’abord par le dire à soi-même. Il suffit de surmonter sa propre peur et tout sera possible. En principe, le seul, l’unique « tout » s’appelle « Dieu », celui qui est dit « bon et ami des hommes », de tous les hommes. Ce Dieu ne dirige pas des partis politiques et ne peut inspirer une culture de la mort. Toute pensée qui prétendrait englober « tout » est étrangère au monde de l’homme, elle est même la pire ennemie de la liberté humaine. Le Hezbollah et son totalitarisme ne peuvent pas faire peur à l’homme libre. Les prouesses oratoires de son chef ne sont que gesticulations d’épouvantail. Avec le totalitarisme, il n’existe pas de compromis ou d’entente possible, il existe uniquement des serments d’allégeance et de vassalité. C’est pourquoi il faut lui dire « non ». Jadis, sous les Achéménides, le Liban constituait la cinquième Satrapie de l’immense Empire perse jusqu’à l’arrivée d’Alexandre le Grand. Lors de la célèbre bataille navale de Salamine, Thémistocle fit remporter aux hommes libres de Grèce la première victoire contre l’hégémonie perse. La défaite perse était par contre une défaite phénicienne. En effet, la flotte perse était exclusivement composée de mercenaires phéniciens. Non, sayyed Hassan, nous refusons d’être une nouvelle satrapie de l’Empire perse. Non, sayyed Hassan, nous refusons votre idéologie de fascisme religieux. Non, sayyed Hassan, il ne nous appartient pas de vous rejoindre dans vos aspirations métaphysiques. Il vous appartient, en tant que citoyen libanais, de nous rejoindre pour reconstruire ensemble ce qui reste encore de notre pays. Le « non » que nous vous opposons, sayyed Hassan, est retentissant et remplit l’univers. Il est limpide, serein et ne souffre aucune nuance. C’est l’unique réponse que la liberté peut opposer à votre totalitarisme, car notre liberté n’a pas de prix. Pr Antoine COURBAN (1) De l’inconvénient d’être né, in Œuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1 281. (2) Hannah Arendt, La nature du totalitarisme, 2006, Payot, Paris, p. 34.
« Après minuit commence la griserie des vérités pernicieuses. »
E. M. Cioran (1)

«Bien des gens affirment qu’on ne saurait combattre le totalitarisme sans le comprendre. Ce n’est heureusement pas vrai car, autrement, notre situation serait sans espoir. » C’est par ce constat terrible que la grande Hannah Arendt commence son article de 1953 Compréhension et politique (2).
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