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VIENT DE PARAÎTRE - « Qui se souvient de David Foenkinos ? » sélectionné au Femina Tel qu’en lui-même, et même en pire

Il y a trois David Foenkinos. L’écrivain, le narrateur et… le grand-père du narrateur. Dans cet ouvrage bien nommé, Foenkinos, l’écrivain, raconte donc comment Foenkinos, le personnage, vit en parallèle sa dégringolade littéraire (il est en panne d’idées depuis plusieurs années) et le déclin de sa vie conjugale. Bon, il est vrai que ce « matériau romanesque » – adultère, crise de la quarantaine, sèche d’idées – n’est pas franchement innovant. Mais la manière de présenter est tellement séduisante qu’on s’attache et au livre et à Monsieur Foenkinos, qui qu’il soit. Mais qui est donc David Foenkinos ? Foenkinos-l’auteur, lauréat de la Fondation Hachette en 2003, a écrit, entre autres, En cas de bonheur (Flammarion), Le potentiel érotique de ma femme (Gallimard, prix Roger-Nimier) et Les cœurs autonomes (Grasset). Son Qui se souvient de David Foenkinos ?, prix Jean Giono 2007, est en lice pour le Femina. On sait que le narrateur, lui, a publié jadis (chez Gallimard) des livres qui ont connu un certain succès. Il traverse une crise grave. Tout va mal pour lui : il a quarante ans (pas facile !), n’a plus d’inspiration, est cocu et géniteur d’une fille obsédée par ses matchs de tennis. Pour couronner le tout, son éditeur ne lui donne plus d’argent… Heureusement qu’il y a ces petites escapades en Suisse où il va se ressourcer au bord du Léman le temps d’une journée. C’est dans un train qui le ramène de Genève que le cours de sa vie va bifurquer. Il y est foudroyé par une idée géniale. Une idée de roman qui le fera redevenir la coqueluche des maisons d’éditions. Hélas, quand il veut en parler à sa femme, l’idée a disparu... Désormais, il va vivre dans l’obsession de cette idée perdue. Il se lance alors dans une sorte d’enquête policière (les consultations chez le spécialiste de la mémoire sont hilarantes) pour la récupérer. Sur les conseils d’un psychiatre, il décide de reconstituer l’instant précis de l’apparition de l’idée. Pour cela, il faut retrouver les passagers du train Genève-Paris et les convaincre de rejouer la scène... David Foenkinos a déclaré, dans les commentaires sur son blog, que son livre était « le scénario catastrophe de mon futur. (…) Le David Foenkinos du roman est la version ratée de moi ». C’est ce qu’on appelle dans le milieu littéraire l’autofiction maltraitée. Il est difficile de savoir à quel moment le texte glisse de l’autobiographie vers l’autofiction. Certes, quelques éléments factuels sont facilement décelables : l’auteur n’a pas écrit quatre romans depuis Le potentiel… le personnage est légèrement plus vieux que le Foenkinos de la réalité, etc. Mais l’essentiel du livre n’est pas là. Foenkinos prend en effet un malin plaisir à faire surfer son monologue sur de nombreux genres littéraires. Autofiction donc, mais aussi comédie, roman sentimental et, encore plus surprenant, polar à suspens. La recherche de l’idée perdue, sa quête pour la retrouver, et la stupéfiante divulgation de sa nature se lisent comme un roman policier quelque peu… décalé (hé, hé, les lecteurs du livre comprendront la blague). On l’aura compris, la veine loufoque est présente avec force. David Foenkinos (comprendre l’auteur) y confirme sa maîtrise de la formule insolite ou cocasse, tout en nous offrant de beaux passages sur les difficultés de la création romanesque et sur la fragilité du sentiment amoureux. Le style Foenkinos ? Ce sont des aphorismes et des formules en tous sens. Au hasard : « J’ai souvent l’impression que ma vie est une accoutumance progressive à la vieillesse. » « Pour un écrivain en perdition, les mots fléchés ont un mérite inestimable : enfin les mots prennent une direction. » « J’ai travaillé l’écriture de la même manière que lorsque j’apprenais la guitare : en travaillant mes accords », ou encore « Je ne sais pas si les hommes mentent mal ou si les femmes viennent au monde pour repérer les mensonges. » Qui qu’il soit, David Foenkinos fait mouche grâce à un style humoristique et allègre. Un livre qui, plus que tout, prête à rire, car Foenkinos, à un stade avancé de l’autodérision, s’amuse beaucoup. Maya GHANDOUR HERT
Il y a trois David Foenkinos. L’écrivain, le narrateur et… le grand-père du narrateur. Dans cet ouvrage bien nommé, Foenkinos, l’écrivain, raconte donc comment Foenkinos, le personnage, vit en parallèle sa dégringolade littéraire (il est en panne d’idées depuis plusieurs années) et le déclin de sa vie conjugale. Bon, il est vrai que ce « matériau romanesque » –...