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Actualités - OPINION

Les lecteurs ont voix au chapitre

Le précédent du XIXe siècle Plus que jamais le panorama de Ras el-Metn vu de Beit-Méry attirait le regard. Un vent chaud dépourvu de la poussière qui d’habitude l’accompagne, associé aux rayons rasants du soleil couchant, soulignait les collines, les replats, les entailles des vallées et les bois de pins de cette montagne si solitaire, si belle encore et si proche du désordre de notre capitale. Quand vint la nuit, des pulsions rougeoyantes d’un feu de forêt apparurent soudain à l’endroit même que l’on contemplait il y a peu. Elles se joignirent aussitôt à celles ressenties dans la gorge à l’idée que si l’incendie se répandait, le désert d’une terre brûlée deviendrait en un jour le pendant du désert minéral que la construction anarchique a patiemment installé de ce côté de la vallée. Les villes qui s’étalent sont-elles vouées à ne plus être entourées d’arbres, ni être à des distances telles que la forêt voisine ne joue même plus son rôle de fond de décor ? Mais à propos, n’est-ce pas dans cette montagne qu’au milieu du XIXe siècle d’autres incendies qui, eux, ne furent pas provoqués par un vent chaud ordinaire, réduisirent en cendres des maisons ? L’idée qu’ils pourraient se reproduire par la faute d’un quelconque va-t’en-guerre glace le dos. Grégoire SÉROF La justice façon George Bush N’en déplaise à l’Administration Bush, le déni du génocide arménien est un crime en lui-même, un outrage aux droits de l’homme et un mensonge cruel. L’ironie de cette injustice est que depuis le 11-Septembre, le cow-boy de l’Amérique a décrété sa vision bien réductionniste du bien et du mal. « L’axe du bien » se situerait-il dans la sauvegarde des relations militaires turco-américaines au détriment de la souffrance tragique de nos ancêtres ? Cette arrogance à la face de toute la nation arménienne assoiffée de vérité est révoltante. L’Amérique n’a malheureusement pas compris que sa politique nombriliste, soutenue par la logique de guerre, est une catastrophe, un fiasco total. Les enjeux économiques et la soif d’omnipotence prennent le pas sur le droit de reconnaissance d’un peuple héroïque qui a été sauvagement torturé, massacré et déporté sous l’Empire ottoman. Par ailleurs, on nous gave jusqu’à l’indigestion de documentaires relatant la Shoah, pour que le souvenir reste intact et qu’il soit d’une manière ou d’une autre exploité... C’est ici que se situe l’axe du mal ; il s’inscrit dans le déni, dans l’injustice et dans le non-respect de tout un peuple. De grâce, ne nions pas l’histoire pour qu’enfin nos morts reposent en paix. Tamar TUFENKJIAN C’est de nous qu’il s’agit Quarante jours ont passé, notre pays n’est toujours pas décidé. Les familles pleurent encore leurs martyrs, les jeunes s’en vont, les vieux restent. Mais cette fois, ce n’est pas de cette situation que je veux parler, ni de notre gouvernement, ni de nos supérieurs… C’est de nos martyrs qu’il s’agit : ceux qui sont morts pour la patrie, ce qui ont été tués parce qu’on leur en voulait. C’est de notre volonté de survivre qu’il s’agit : cette envie de vivre qui ne nous lâchera jamais. C’est de notre engagement qu’il s’agit : celui qui nous permet d’avancer, de s’accrocher. C’est de notre avenir qu’il s’agit : celui que l’on planifie mais dont on n’est jamais sûr. C’est de nous qu’il s’agit : nous qui ne savons plus quoi faire, nous qui rêvons enfin d’être libres, nous qui croyons à un Liban meilleur, nous qui vivons dans l’idée que tout va bien. Nous qui voulons parler, nous qui voulons agir… Christy MASSABNI À vos risques et périls SVP ! Je trouve choquant que les candidats, à tout et n’importe quoi et à n’importe quel prix, mettent en péril, tous les jours, la sécurité de leurs concitoyens. En effet, quelques voix (pas assez nombreuses) se sont élevées dernièrement pour souligner le fait que lorsque l’une de ces personnalités était visée, ce sont plusieurs citoyens qui tombaient. Qui n’a pas en mémoire le magnifique sourire du jeune Chikhani ? Sa famille et ses amis seront meurtris à jamais. La solidarité nationale doit être un devoir contre ces agresseurs criminels, et nous avons été plus d’un million à les dénoncer. Mais le devoir premier de ces personnes à risque ne serait-il pas de rester tout simplement chez elles le temps que la menace passe ? Non seulement elles ne se résignent pas à le faire, mais en plus elles pensent déjouer les complots en envahissant les propriétés privées voisines et en y faisant transiter des voitures de leur convoi, exposant encore plus ces habitants qui n’ont rien demandé et n’aspirent qu’à vivre en paix. Est-ce que ce comportement est civique ? Est-ce qu’il est responsable ? Définitivement non. Surtout pour des personnes qui cherchent à assumer de hautes responsabilités au sein de l’État et à garantir... la sécurité de leurs concitoyens. Nous ne leur avons pas demandé de faire de la politique. Alors de grâce, Mesdames et Messieurs, recommandez à vos stratèges ès sécurité de penser à la vie de vos concitoyens également. Et que Dieu vous protège ! Semaan BOUBÈS Les limites de la liberté Libre ? Vraiment ? Libre de nous réveiller en sursaut, en pleine nuit, nous les citoyens, parents et enfants, à coup de klaxon, de télévision tonitruante, de musique qui envahit la maison, la chambre de nos enfants et même nos viscères, une cacophonie cauchemardesque qui finit avec des feux d’artifice qui éclaboussent nos balcons et déchirent nos oreilles. Libre ? Vraiment ? Libre de nous pousser à appeler police et armée, en vain d’ailleurs… Libre de nous pousser à descendre dans la rue en chemise de nuit pour réclamer un minimum de civisme et de liberté chez soi. Chers aounistes, Votre liberté s’arrête là où commence la nôtre. Et par nous, je veux dire les honnêtes citoyens qui assurons à partir de 6 heures du matin, et pendant que vous dormez encore, la survie de ce pays qui agonise. C’est ça notre résistance véritable, envers et contre tout. N’empiétez plus sur ce strict minimum qui nous reste. Respectez-nous pour vous faire respecter. Ghada L. HADDAD et un groupe d’habitants de la rue Sioufi, Achrafieh Mise en scène Il est des jours où on se demande à quoi bon suivre l’évolution de la situation puisque le pays vit sous le régime de la douche écossaise depuis deux ans. Le Libanais, tout en reconnaissant l’ampleur de la crise, semble impuissant à agir ou à infléchir le cours des choses. Ce qui est sûr, c’est que personne ne s’attaque vraiment au fond du problème ou n’est prêt à des concessions pour arriver à une entente. Et l’on assiste à une mise en scène où l’on voit les parties s’entendre pour ne pas en découdre en cas de fiasco, où des tentatives de rapprochement ont lieu pour trouver un président dans les délais constitutionnels. En fait, c’est toute la vision du Liban qui est en jeu. C’est une période fondatrice pour l’avenir. En cas d’échec, le pays, ou ce qu’il en reste, est menacé dans son existence même. Mais le défaitisme n’est pas permis, la société civile est capable et peut mener au changement. La classe actuelle (majorité et opposition) a échoué ; elle doit céder la place à une nouvelle classe capable de débattre et de remédier aux problèmes de fond. Ce qui nous confortera, c’est un programme clair sur les questions cruciales : quel Liban, quelles relations avec la Syrie, les armes du Hezb, les résolutions internationales, les réformes économiques... Paul SAWAYA

Le précédent du XIXe siècle


Plus que jamais le panorama de Ras el-Metn vu de Beit-Méry attirait le regard. Un vent chaud dépourvu de la poussière qui d’habitude l’accompagne, associé aux rayons rasants du soleil couchant, soulignait les collines, les replats, les entailles des vallées et les bois de pins de cette montagne si solitaire, si belle encore et si proche...