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Soirée littéraire - Lancement des « Belles Étrangères » au théâtre Montaigne (CCF) Douze auteurs libanais, douze gardiens du temple... Zéna ZALZAL

À l’occasion du lancement des « Belles Étrangères » 2007, une soirée littéraire a réuni au théâtre Montaigne du Centre culturel français de Beyrouth un groupe d’écrivains libanais et leurs fervents lecteurs. Organisé par le Centre national du livre du ministère français de la Culture et de la Communication, « Les Belles Étrangères » est un événement annuel qui vise à favoriser la découverte – et la traduction – des littératures étrangères contemporaines. Pour sa quatrième édition, cette manifestation a choisi de mieux faire connaître aux Français la littérature libanaise contemporaine. Et cela à travers l’invitation, du 12 au 24 novembre, d’un groupe d’écrivains du pays du Cèdre à une tournée dans l’Hexagone à la rencontre des lecteurs comme des professionnels du livre : libraires, bibliothécaires, traducteurs, éditeurs... À quelques jours de l’ouverture de cette manifestation en France, c’est le public libanais qui a eu le privilège de rencontrer, au CCF (rue de Damas), les auteurs et les organisateurs des « Belles Étrangères » 2007 (à leur tête Benoît Yvert, président du Centre national du livre, et Mohammad Kacimi, écrivain et conseiller littéraire des Belles Étrangères), et d’assister à une projection, en avant-première, du film Écrire le Liban à jamais. Ce film, en DVD de 50 minutes, réalisé par Online productions, accompagne L’anthologie des Belles Étrangères-Liban (publiée par les éditions Verticales et distribuée par Dar an-Nahar), qui rassemble des textes et des dessins inédits des douze auteurs invités en France. À savoir : Zeina Abi Rached, Mohammad Abi Samra, Abbas Beydoun, Rachid el-Daïf, Hassan Daoud, Tamirace Fakhoury, Joumana Haddad, Imane Humaydane-Younes, Élias Khoury, Charif Majdalani, Alawiya Sobh et Yasmina Traboulsi. Un film qui met en lumière, à travers les entretiens intimistes menés par Mohammad Kacimi avec les douze écrivains libanais, la diversité de la littérature libanaise d’aujourd’hui, plurielle, libre et colorée. Une écriture cependant unanimement marquée par la guerre, même si chaque auteur l’aborde à sa manière. Frontale, dans les écrits du romancier Élias Khoury qui perçoit « la littérature comme lieu de mémoire de la guerre. Il s’agit pour nous de faire le procès de la guerre pour qu’elle ne se reproduise plus. Il s’agit de se rappeler non pas pour haïr mais pour aimer, car la littérature est un acte d’amour », affirme-t-il. De même que pour le poète Abbas Beydoun qui estime que « l’amnésie représente une nouvelle menace de guerre », et qui par « la poésie, ce système occulte qui existe partout, entreprend d’« archiver ce pays voué à disparaître ». Idem également pour la poétesse Tamirace Fakhoury, dont toute l’œuvre est imprégnée de l’image de la mort, si souvent côtoyée durant les années d’enfance, pour Mohammad Abi-Samra qui dit être « né de la guerre et de l’écriture » ou encore pour Imane Humaydane-Younes qui avoue « écrire pour comprendre comment un peuple arrive à supporter quinze ans d’humiliations sans réagir ». La guerre abordée, en filigrane, à travers les contextes et situations décrits dans les romans intimistes de Hassan Daoud, ou les fresques historiques de Charif Majdalani. La guerre, toujours, qui, en fractionnant l’espace et le temps, a provoqué une rupture avec le poids des valeurs sociales, tout en cloisonnant les diverses composantes du pays dans des cercles fermés. Une ambiance que l’on retrouve dans les albums consacrés à Beyrouth et son ancienne ligne de démarcation, qui signent la catharsis de la jeune auteur-graphiste Zeina Abi-Rached, mais aussi dans le deuxième roman de Yasmina Traboulsi, qui dit « pressentir comme la fin de quelque chose ... » et surtout chez Rachid el-Daïf, qui jette sur les hypocrisies de la société un regard cru et drôle, soutenu par une langue arabe délivrée de ses rhétoriques corsetées d’antan. Un souffle de liberté qui englobe aussi le verbe des « écrivaines ». À l’instar de Alawiya Sobh, qui s’assigne pour objectif « d’inventer un érotisme au féminin » ou de Joumana Haddad, poétesse à la veine surréaliste et aux textes empreints de sensualité. Il ressort de ces « images et témoignages » un bouquet de sensibilités et d’influences au mélange harmonieux dressant le portrait en filigrane d’un Liban idéal. Un Liban de tolérance, d’ouverture et de paix. Un peu à l’image – chimérique ? – de ce qu’il fut avant la guerre. La littérature libanaise d’aujourd’hui : une magnifique liberté de ton et de pensée portée par des écrivains voués à la protection d’une certaine spécificité culturelle libanaise. Les derniers gardiens du temple...
À l’occasion du lancement des « Belles Étrangères » 2007, une soirée littéraire a réuni au théâtre Montaigne du Centre culturel français de Beyrouth un groupe d’écrivains libanais et leurs fervents lecteurs.
Organisé par le Centre national du livre du ministère français de la Culture et de la Communication, « Les Belles Étrangères » est un événement annuel...