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CIMAISES Le cas Wagner et ses résonances picturales à la Cité de la musique

Le compositeur Richard Wagner (1813-1883) n’avait qu’un intérêt modéré pour la peinture, mais il a suscité de nombreuses résonances en art, d’Auguste Renoir à Anselm Kiefer, comme le montre une passionnante exposition qui se tient à la Cité de la musique à Paris. Le Musée de la musique du parc de la Villette présente, jusqu’au 20 janvier, une soixantaine d’œuvres illustrant les courants les plus divers (symbolisme, expressionnisme, surréalisme...), jusqu’aux images poétiques et aquatiques du vidéaste américain Bill Viola pour l’opéra Tristan et Isolde. « Wagner n’avait que fort peu d’intérêt pour la peinture, mais son œuvre a beaucoup interpellé les peintres », explique le commissaire de l’exposition, Paul Lang, des Musées d’art et d’histoire de Genève, qui ont accueilli ces « visions d’artistes » il y a deux ans. « Nous avons voulu mettre en évidence la permanence de l’intérêt que le compositeur a suscité depuis les années 1840 et le fait qu’il n’y a pas d’unité stylistique dans la manière dont la geste wagnérienne est perçue », poursuit le conservateur. Le parcours, largement chronologique, s’ouvre sur une toile peinte dès 1845-1847 par le romantique allemand Ludwig Richter, Le Cortège nuptial au printemps, inspirée de Tannhäuser. Deux portraits du compositeur évoquent deux manières de voir et de faire. Au Wagner à béret immortalisé de profil et de manière très officielle par l’Allemand Franz von Lenbach répond un portrait de face par l’impressionniste Renoir, qui n’eut le droit qu’à 45 minutes de pose durant lesquelles il fut horrifié par la haine antisémite de Wagner. L’or du Rhin cher au compositeur n’est que suggéré par la dramaturgie de la lumière chez Henri Fantin-Latour alors qu’il brille de tous ses feux chez Hans Makart, peintre emblématique de la Vienne impériale. L’exposition ne passe pas sous silence la récupération de la mythologie wagnérienne (ses dieux, ses géants, ses Walkyries belliqueuses...) par le régime nazi, comme l’illustre l’Autrichien Hugo Hodiener. Une dérive funeste dénoncée par l’Américain Edward Kienholz dans Brünnhilde, où une Mutterkreuz – décoration accordée aux mères allemandes sous le IIIe Reich – est accrochée à une planche à linge qui diffuse un extrait de La Walkyrie... L’Allemand Anselm Kiefer réagit de son côté avec Siegfried oublie Brünnhilde, dont les sillons désolés rappellent les chemins de fer qui menaient aux camps d’extermination. Fidèle à sa vocation, le Musée de la musique propose un parcours sonore par audioguide avec des extraits des dix principaux opéras de Wagner. Il présente aussi en images « quelques usages contrastés de la musique wagnérienne au cinéma », notamment chez Coppola, Fellini, Chaplin ou Bunuel. Enfin, la Cité de la musique donnera du 3 au 10 novembre un cycle de concerts intitulé « Visions wagnériennes » autour des compositeurs influencés par Wagner, de Chabrier à Stockhausen, en passant par Scriabine.
Le compositeur Richard Wagner (1813-1883) n’avait qu’un intérêt modéré pour la peinture, mais il a suscité de nombreuses résonances en art, d’Auguste Renoir à Anselm Kiefer, comme le montre une passionnante exposition qui se tient à la Cité de la musique à Paris.
Le Musée de la musique du parc de la Villette présente, jusqu’au 20 janvier, une soixantaine...