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Actualités - CHRONOLOGIE

Incendies - Sabeh accuse des « agresseurs non identifiés » et assure que les feux sont volontaires Au Nord comme au Sud, les flammes déciment des superficies énormes d’arbres forestiers et fruitiers

Des incendies éclatent chaque année, surtout en cette période. Mais 2007 restera probablement dans les annales comme l’année où les feux de forêts se sont élevés au rang de véritable catastrophe naturelle. Après les 2 500 hectares d’espaces verts, sauvages ou plantés, perdus début octobre, des incendies monstres ont de nouveau ravagé, ces dernières 48 heures, des superficies considérables d’espaces verts, dans le nord comme dans le sud du pays. La journée d’hier s’est cependant caractérisée par une déclaration remarquable du ministre de l’Intérieur, Hassan Sabeh, qui confirme que ces feux sont d’origine humaine, et que des habitants ont été la cible de tirs alors qu’ils essayaient de se diriger vers un foyer dans l’une des forêts de Minié (Liban-Nord). M. Sabeh a accusé ouvertement des agresseurs non identifiés d’être à l’origine des feux. « La grande question est de savoir comment ces feux ont éclaté tard la nuit, et dans des secteurs qui ne sont pas reliés au réseau routier », a-t-il déclaré à la Voix du Liban. Il a confirmé que « dans la région de Ouyoun al-Samak, dans le caza de Minié, les résidents ont observé de la fumée dans une montagne proche, et se sont spontanément dirigés vers la source de la fumée pour tenter de l’éteindre quand ils ont été la cible de coups de feu ». « Cela renforce la thèse que ces incendies sont volontaires, a-t-il ajouté, surtout que quatre experts envoyés par la Défense civile en des endroits qui avaient brûlé il y a trois semaines ont récolté des preuves que les incendies avaient été provoqués. » Il a ajouté, à l’issue de sa réunion avec le Premier ministre au Grand Sérail, que « la brigade antiterroriste des Forces de sécurité intérieure a été chargée de recueillir les dépositions des habitants, et qu’il existe quelques suspects ayant un passé de pyromanes ». Le ministre a affirmé avoir demandé à Chypre d’envoyer des hélicoptères pour aider à combattre le feu, vu la dispersion des incendies, et a confirmé l’arrivée de l’un d’eux. « Le gouvernement n’a pas été négligent dans cette affaire, mais la naissance d’autant de foyers en tant d’endroits différents pose plus d’une question », a-t-il précisé. Pins, chênes et cyprès décimés Les incendies ont donc fait rage durant toute la nuit de mardi à mercredi ainsi que durant la journée d’hier, provoquant une véritable hécatombe dans les pinèdes et les chênaies particulièrement, surtout que l’obscurité a empêché les secours d’opérer efficacement avant l’aube. Les hélicoptères de l’armée ont secondé la Défense civile dans ses efforts pour lutter contre les sinistres. Quelle que soit l’origine du feu, il était certain hier que les températures élevées et le vent fort et sec étaient des facteurs aggravants dans la propagation des incendies. La Défense civile n’a pas fait état de victimes, même si quelques propriétés ont été perdues. Kobeyat, dans le Akkar, a de nouveau été durement touchée. Mais ce sont plusieurs localités du caza de Zghorta, notamment Aïto, Sebaal et Karm Saddé, qui ont connu les incendies les plus dévastateurs, avec des millions de mètres carrés qui ont brûlé. « Les membres de la Défense civile et les hélicoptères de l’armée peinent à les éteindre, surtout à Aïto où aucune route ne conduit au lieu de l’incendie », a précisé un responsable à l’AFP. À Aïto, le couvent historique de Saint-Simon a été cerné par les flammes, et les religieuses qui y résident ont dû appeler les secours. Aux six unités de la Défense civile, section du Liban-Nord, se sont joints plus de cent jeunes du caza de Zghorta, non seulement pour lutter contre le feu, mais aussi pour évacuer les civils dans les zones menacées. Du côté de Chekka, plus précisément dans le secteur de Héri, le feu a consumé des étendues de vieux chênes, de pins, de cyprès argentés, de chênes caducs et d’oliviers. Là aussi, des volontaires ont aidé la Défense civile, branche de Batroun, à faire face aux flammes. Deux hélicoptères de l’armée survolaient les zones sinistrées. Du nord au sud, même spectacle. Les feux se sont également propagés dans les forêts de pins et de chênes ainsi que dans les vallées et les massifs entourant les régions de Bisri, Sfaray et Machmoucheh dans le caza de Jezzine. D’énormes étendues de chênes, de pins et autres arbres forestiers sont ainsi parties en fumée dans ces localités. Le feu a atteint les confins de la ville de Jezzine elle-même, enflammant un bois de pins et s’approchant dangereusement des maisons. Les pompiers sont intervenus pour empêcher que les flammes n’arrivent aux zones habitées. Un autre incendie a éclaté dans la région frontalière de Tebnine, entre les villages de Yater et de Beit Lif, et la Défense civile l’a combattu difficilement durant toute la journée d’hier. Par ailleurs, un communiqué du commandement de l’armée a annoncé que des incendies ont éclaté dans des dizaines de localités, précisant que « les interventions de l’armée, répartie dans les régions, et les hélicoptères dont elle dispose ont travaillé à combattre le feu avec les membres de la Défense civile ». Le communiqué précise également qu’une superficie de 916 dounoums d’herbes sèches, d’arbres sauvages et fruitiers a brûlé. Une « négligence » de l’État ? Pour sa part, la ministre Nayla Moawad a suivi, depuis Washington où elle est en déplacement, la progression des incendies dans sa région de Zghorta. Dans un communiqué distribué par son bureau de presse, Mme Moawad s’est déclarée « inquiète » de l’ampleur de la catastrophe, et a précisé avoir contacté les responsables concernés, notamment le ministre de l’Intérieur, pour suivre cette affaire pas à pas. La ministre a rappelé qu’elle avait été l’une des premières, dans les années 90, à préconiser l’achat d’un canadair, et qu’elle allait y travailler dès son retour. Le comité de l’environnement du Courant des Marada a annoncé hier qu’il comptait, dès l’extinction des feux, reboiser les forêts calcinées en pins, cyprès, chênes et cèdres. Le comité a indiqué que sur directive du chef du courant, l’ancien ministre Sleimane Frangié, ses membres avaient fait une tournée sur les sites calcinés en compagnie d’ingénieurs agronomes, et qu’ils avaient décidé d’agir en coopération avec les présidents de municipalité et les propriétaires de terrains brûlés. De son côté, le Parti libanais de l’environnement (LEP) a stigmatisé l’État pour ce qu’il a appelé sa « négligence ». « Rechercher les responsables d’incendies politiques n’est ni sérieux ni approprié », dit le communiqué, en réponse à l’invitation lancée à la presse pour une réunion au Grand Sérail. « Tout cela ne sert à rien tant qu’on ne demande pas des comptes pour la période passée », estime le parti, rappelant qu’un comité de lutte contre les incendies, présidé par le ministère de l’Environnement, a été créé depuis 2001, qu’il a mis au point des recommandations, sans résultats tangibles. Il rappelle également que « le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR) a été chargé par le Conseil des ministres en 2002 de la réalisation du plan élaboré suivant ces recommandations et avec un budget de deux milliards de livres, mais que celui-ci n’a jamais vu le jour ». « Pourquoi cela s’est-il passé ainsi ? Est-ce le CDR qui est responsable de cette omission ou le ministère qui n’a pas effectué de suivi ? » se demande enfin le LEP.
Des incendies éclatent chaque année, surtout en cette période. Mais 2007 restera probablement dans les annales comme l’année où les feux de forêts se sont élevés au rang de véritable catastrophe naturelle. Après les 2 500 hectares d’espaces verts, sauvages ou plantés, perdus début octobre, des incendies monstres ont de nouveau ravagé, ces dernières 48 heures, des superficies...