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Actualités - CHRONOLOGIE

CORRESPONDANCE Le « Washboard » du jazzman Robert Young entre au musée Une percussion bricolée dans les années 1900 WASHINGTON, d’Irène MOSALLI

La lampe électrique d’Edison, le chapeau haut-de-forme d’Abraham Lincoln, le premier téléphone de Bell, la bible de Thomas Jefferson, la première caméra Kodak, les crayons de couleurs Crayola lancés en 1903, les bas en nylon (1939), « La machine humaine » Eniac, précurseur de l’ordinateur (1942), la maquette du cœur artificiel réalisé en 1969... Ce sont là quelques spécimens, faisant partie de la collection Trésors de l’histoire américaine, qui se trouvent dans l’un des musées du Smithsonian à Washington, le Musée national de l’histoire américaine. Aujourd’hui, cette collection vient de s’enrichir d’un objet ayant également marqué la vie du pays. Il s’agit d’un instrument de musique qui a appartenu à un jazzman des années 1900, Robert Young. Cet instrument s’appelle tout simplement « Washboard », ou planche à laver. Et, à l’origine, c’en était une, destinée à laver et battre les tissus. Dans la Nouvelle-Orléans des années 1900, les premiers batteurs de jazz ont utilisé des planches à laver en métal, qu’ils grattaient avec les doigts, recouverts d’un objet en métal ou de dés. Parmi eux, Robert Young qui, lui, y est allé de son innovation. Il a d’abord équipé son « Washboard » d’une plate-forme étroite qu’il calait sur une chaise puis s’asseyait dessus, coinçant ainsi l’instrument entre ses genoux. Cet arrangement ingénieux lui permettait d’avoir les mains libres pour manier à sa guise les baguettes de tambour et produire une remarquable variété de sons. Puis il a ajouté divers objets pour percuter les rythmes qu’il voulait. Ces objets n’étaient donc pas du tout choisis au hasard. Il les sélectionnait en fonction de leurs formes, de leurs tailles et du matériau. Lorsque par exemple il a accroché une clochette de vache, c’était ce son même qu’il recherchait. Ces objets recréés Malgré un instrument qui avait l’air d’être un véritable « outsider », Robert Young était un musicien accompli qui s’était produit avec les meilleurs interprètes de blues de l’époque : Brownie McGhee (avec lequel il avait enregistré Double Trouble et Money Spending Woman), Big Bill Broonzy, Sonny Terry et Buddy Moss. Né au Texas, cet artiste s’était installé à Philadelphie dans les années 40. Jeune, il jouait de la guitare et du trombone. Plus tard, après un accident vasculaire qui avait ralenti les mouvements de ses mains, il avait mis au point son « Washboard » dont il a joué durant le reste de sa vie. Dans les années 80, il s’était également mis à des instruments à percussion plus sophistiqués, notamment un « high-hat » (deux cymbales actionnées par une seule pédale). Et, fait étonnant, il s’est remis à manier la guitare le jour de son 85e anniversaire. S’il est mort âgé et dans la pauvreté, il a toujours été apprécié et regretté. Un grand concert du souvenir lui avait été dédié, dont les bénéfices avaient été offerts à son épouse. Le jour de ce concert (5 juin 1990) avait été déclaré par le maire de Philadelphie « jour du Washboard ». L’un des responsables du Musée national de l’histoire américaine projette de créer une section consacrée aux objets d’art recréés, tel le « Washboard », notamment, « pour que les enfants puissent dire : “Moi aussi je peux faire cela” ».
La lampe électrique d’Edison, le chapeau haut-de-forme d’Abraham Lincoln, le premier téléphone de Bell, la bible de Thomas Jefferson, la première caméra Kodak, les crayons de couleurs Crayola lancés en 1903, les bas en nylon (1939), « La machine humaine » Eniac, précurseur de l’ordinateur (1942), la maquette du cœur artificiel réalisé en 1969... Ce sont là quelques...