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Actualités - OPINION

Le Liban à la croisée des chemins Marc COOLS

Le Liban est au bord d’une nouvelle guerre civile. Les tensions y sont extrêmes. La situation économique du pays est des plus mauvaises. Les jours et les semaines qui viennent seront cruciaux pour l’avenir du Liban selon que le Parlement parviendra ou non à élire un nouveau président de la République. Le Liban souffre de sa situation géopolitique comme mon pays, la Belgique, a souffert pendant très longtemps de la sienne. Nous avons été pendant plusieurs siècles, jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, le champ de bataille de l’Europe. Le Liban est, lui, toujours techniquement en guerre avec Israël. Le dernier conflit, en juillet 2006, entre le Hezbollah et Israël a provoqué la destruction de tout le Sud. La Syrie pour sa part n’a jamais réellement reconnu l’indépendance du Liban. Il n’y a pas d’ailleurs d’ambassade de Syrie à Beyrouth. Il suffirait de quelques années de paix au Proche-Orient pour que le Liban redevienne la Suisse du Proche-Orient. Les difficultés du Liban ne doivent toutefois pas être cherchées uniquement dans ses relations avec ses voisins. La société libanaise a aussi ses responsabilités. Sa structure reste profondément médiévale et clanique. Le fils succède en politique à son père. Les partis politiques libanais n’ont pas de véritable programme. Ils représentent tel ou tel clan familial. En démocratie, le dernier mot doit revenir au peuple et à ses représentants. Au Liban, les assassinats se sont multipliés ces derniers mois pour essayer de changer la majorité parlementaire. Le président du Parlement empêche régulièrement celui-ci de se réunir. J’ai été parlementaire pendant quinze ans dans mon pays. Les discussions sont parfois vives dans un Parlement et les oppositions très fortes. Mais la règle en démocratie veut que la majorité, fut-ce la moitié plus un, décide. Le début de la reconstruction du Liban, ce sont des institutions politiques qui fonctionnent et jouent le rôle qui est le leur conformément à la Constitution. Le confessionnalisme est une caractéristique du Liban. La société y est toute entière organisée autour des différentes confessions religieuses. Le statut personnel dépend de sa religion. Il n’y a par exemple pas de mariage civil. Les principales charges publiques sont attribuées en fonction de l’appartenance religieuse. Les grands leaders religieux ont une influence importante au Liban. Ils doivent l’employer à favoriser le dialogue interlibanais et encourager la construction d’un réel État. Un État où la religion relève de la sphère privée et non de la sphère publique. La faiblesse et bien souvent l’absence d’État est le problème majeur du Liban. L’armée est une illustration de cette situation. Elle est sous-équipée. Elle doit être capable de garantir l’intégrité du territoire libanais. Il n’est pas admissible dans un pays démocratique que des civils soient armés. Les combattants du Hezbollah doivent être incorporés dans l’armée et le terrain d’action du Hezbollah doit se limiter au plan politique. L’État doit être à même de développer des politiques sociales et aider le Liban-Sud à sa reconstruction. Il doit veiller à ce que les infrastructures nécessaires au développement économique du pays (centrales électriques, réseau routier…) soient en état. Il doit garantir l’exercice de la justice. À cet égard, beaucoup de progrès restent à faire. La Belgique a par exemple encore plus de difficultés avec le Liban qu’avec le Maroc ou l’Iran lors de rapts parentaux d’enfants. L’incapacité du Liban à traduire devant un tribunal pénal international ou devant ses propres tribunaux les complices de l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Harriri montre que le chemin à parcourir pour une réelle justice au Liban est encore long. J’aime le Liban pas seulement parce que mon épouse est libanaise, mais parce que chaque fois que je m’y rends, je redécouvre cette chaleur humaine typiquement méditerranéenne qui est celle des Libanais. C’est un pays au croisement de l’Orient et de l’Occident et qui pourrait être un pont entre l’un et l’autre. Rien ne me navre plus que de constater que de nombreux jeunes diplômés cherchent à s’expatrier faute de trouver un emploi. Quel gâchis ! Quelles compétences perdues dont le Liban a pourtant besoin ! Je veux croire qu’il y a un avenir pour le Liban. Celui-ci passe par les jeunes. Des jeunes comme ceux qui ont fondé le mouvement « Khalass ! ». Des jeunes qui appellent à un réel dialogue national, à la conclusion d’un pacte de responsabilité politique et au rejet de toutes les formes de violence et de sectarisme. Des jeunes qui plaident pour la bonne gouvernance, pour la démocratie et la mise en place de plans d’action immédiats pour résoudre les problèmes pressants auxquels la population libanaise est confrontée. Ils sont l’espoir du Liban. Leur appel doit être entendu. Marc COOLS Vice-Président honoraire du Parlement bruxellois Président de l’Association de la ville et des communes bruxelloises Article paru le mercredi 24 octobre 2007
Le Liban est au bord d’une nouvelle guerre civile. Les tensions y sont extrêmes. La situation économique du pays est des plus mauvaises. Les jours et les semaines qui viennent seront cruciaux pour l’avenir du Liban selon que le Parlement parviendra ou non à élire un nouveau président de la République.
Le Liban souffre de sa situation géopolitique comme mon pays, la...