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Actualités - REPORTAGE

un projet du PNUD financé par le Fonds mondial pour l’environnement L’audit énergétique : moins de consommation et des factures allégées dans les entreprises Suzanne BAAKLINI

Des lampes qui consomment moins, un système où la lumière s’éteint automatiquement quand personne n’est dans la pièce, des machines d’air conditionné qui fonctionnent en alternance selon la température de la salle… Il existe aujourd’hui de nombreuses mesures qui permettent de réduire la consommation d’énergie, allégeant les factures et protégeant l’environnement. Pour les entreprises, cela peut se chiffrer en dizaines ou même en centaines de milliers de dollars d’économies chaque année. Et pour celles qui ne savent pas comment s’y prendre, une aide ciblée est désormais disponible : un programme spécialement conçu pour effectuer des études adaptées à chaque entreprise et lui fournir des recommandations sur mesure. Le Centre libanais pour le projet de conservation d’énergie (LCECP) a été créé dans le cadre d’un projet du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), chargé de sa gestion, et du ministère de l’Énergie et de l’Eau, et financé par le Fonds mondial pour l’environnement (GEF). Il est basé au ministère. Ce centre pratique ce qu’on appelle un audit énergétique à la demande des entreprises, en d’autres termes des opérations de diagnostic de la consommation d’énergie au sein d’un établissement donné, à travers des études et des contrôles qui mettent l’accent non seulement sur la consommation d’énergie elle-même, mais sur les insuffisances qui la caractérisent (pourquoi le bâtiment consomme tant) et sur les moyens de la réduire. Quel est l’intérêt pour les entreprises et les institutions de tout genre – hôpitaux, usines, universités, bâtiments publics, hôtels… – de se lancer dans une telle aventure ? Pierre Khoury, ingénieur dans le domaine de l’énergie au sein du LCECP, et Rola Khazen, responsable de marketing et coordinatrice de l’information au sein du projet, expliquent qu’il y a, certes, un investissement à faire, mais que l’économie réalisée à long terme est considérable. « Un hôpital de taille moyenne qui a installé un chauffe-eau solaire a pu réaliser une économie de 11 000 dollars par an, explique M. Khoury. Une grande université compte elle aussi installer, dans sa chaudière, un système de réglage pour la combustion qui devrait lui économiser 200 000 dollars par an. Ce sont des sommes considérables. Selon une de nos études, un grand supermarché pourrait économiser jusqu’à un demi-million de dollars par an en appliquant certaines mesures. » Au LCECP, les estimations ne sont pas des chiffres en l’air, puisque l’une des premières expériences a été effectuée au ministère de l’Énergie lui-même, avec des économies réalisées grâce à un système d’éclairage approprié et des consignes suivies par les employés au sujet des équipements (bien les éteindre avant de partir, par exemple). « Ce projet pilote a montré qu’il a été possible de réduire les factures de ce bâtiment de 18,3 % pour les trois mois de printemps (par rapport aux mêmes mois l’année dernière), sachant que les économies pour les mois d’été pourraient totaliser 26 % grâce au système d’air conditionné devenu plus performant, poursuit M. Khoury. C’est sur cette base que nous avons présenté un dossier au ministère des Finances pour un projet qui devrait concerner tous les bâtiments publics. Le ministre Jihad Azour a décidé de lui consacrer un budget, mais il n’a pas encore signé le document relatif à cela. L’inauguration du projet aurait dû être imminente, mais elle a été reportée en raison de la situation. » Des mesures faciles à appliquer Mais quelles sont ces mesures le plus souvent préconisées à l’intention des entreprises ? M. Khoury explique qu’il s’agit surtout de systèmes d’éclairage avec des ampoules économiques (jusqu’à 80 % de consommation de moins que les ampoules traditionnelles), d’installations au niveau des chaudières, de réglages des airs conditionnés (qui s’interrompent puis reprennent selon la température de la pièce), ou encore d’un système dit de « détecteur de mouvement », dans le cadre duquel les lampes d’une pièce s’éteignent automatiquement dès qu’aucun mouvement n’y est plus détecté. Remplacer les anciens ordinateurs en écrans plats est aussi un facteur d’économie important. Le LCECP est en place depuis 2002, et a déjà effectué une cinquantaine d’audits pour des entreprises de tout genre, et une trentaine sont en cours actuellement. Les études durent entre deux ou trois mois, coûtent de 6 000 à 8 000 dollars, et sont financées à 70 % par le programme et à 30 % par les intéressés, « pour que les principaux concernés se sentent responsables de ce processus, même si notre budget nous auraient permis de financer ces études à 100 % », précise M. Khoury. Le centre entre lui-même en contact avec les entreprises, mais la décision d’entreprendre l’étude est prise par les deux parties, selon que le cas est apte à en profiter ou pas. À la mise en application, le LCECP met l’entreprise en contact avec un bureau d’ingénieurs pour les installations nécessaires. « Un bon nombre d’entreprises contactées se disent intéressées par l’idée, indique M. Khoury. À titre d’exemple, des questionnaires que nous avons envoyés à 627 usines par le biais de l’Association des industriels ont apporté 293 réponses. À partir de celles-ci, nous devrions trier pour savoir lesquelles représentent le plus grand potentiel d’économie d’énergie, lesquelles sont les plus représentatives de leur secteur, selon leur distribution géographique, etc. » Cependant, il reste que seules 30 % des entreprises ayant fait l’objet d’une étude par le LCECP ces dernières années ont franchi le pas, et appliqué les mesures préconisées. « La crise économique et l’incertitude liée à la situation générale sont nos principales ennemies, souligne Mme Khazen. Même si les entreprises sont convaincues des économies considérables à long terme, elles trouvent souvent l’investissement initial trop lourd. Mais le taux de mise en place des plans d’économie énergétique devrait augmenter avec le temps parce que les factures sont de plus en plus douloureuses à supporter. » L’étude reste cependant valable pour une application différée, précise M. Khoury. En fait, au Liban, la plupart des programmes mis en place prévoient un remboursement de l’investissement en deux ans, les Libanais préférant les amortissements rapides aux attentes prolongées. M. Khoury donne des exemples basés sur des études déjà effectuées : dans un grand supermarché, un investissement initial de 216 000 dollars économisera 96 000 dollars par an (pour chacune des six branches, soit un remboursement en deux ans quasiment). Quant à l’ordre des ingénieurs, il a fait un investissement initial de 15 000 dollars pour un système d’éclairage économique, avec des économies prévues de 7 000 dollars par an. Le projet du LCECP avait été conçu pour cinq ans, mais sa durée a été prolongée d’un an, jusqu’en 2008. Il a bénéficié d’un budget de 800 000 dollars pour les cinq ans. Il ne s’agit pour autant pas d’un projet à fonds perdu, puisqu’il devrait se transformer, après la fin du programme, en un Centre national de conservation d’énergie. « Toutes les mesures à appliquer sont très simples et sont devenues standard dans les pays européens, ajoute Mme Khazen. En fait, il est très aisé de démontrer qu’il est possible d’économiser de l’énergie sans faire des concessions sur le confort moderne. À titre d’exemple, les ampoules économiques éclairent tout aussi bien et aussi agréablement que les ampoules traditionnelles. » Un investissement remboursable à plus ou moins court terme, des économies considérables à très long terme, des mesures qui ne touchent pas au confort moderne, et, atout non négligeable, une conscience plus légère en matière de protection de l’environnement, autant d’arguments qui devraient s’avérer de plus en plus convaincants à mesure que les années passent, notamment dans un contexte de hausse du prix du pétrole.
Des lampes qui consomment moins, un système où la lumière s’éteint automatiquement quand personne n’est dans la pièce, des machines d’air conditionné qui fonctionnent en alternance selon la température de la salle… Il existe aujourd’hui de nombreuses mesures qui permettent de réduire la consommation d’énergie, allégeant les factures et protégeant...