Geagea avertit l’opposition : Ce sera Nassib Lahoud et Boutros Harb, ou alors … « bien pire »

Le chef du comité exécutif des Forces libanaises, Samir Geagea, a mis en garde l’opposition contre le rejet des candidatures de Nassib Lahoud et Boutros Harb à l’élection présidentielle, soulignant que le 14 Mars choisirait alors un candidat qu’elle considérerait « bien plus éloigné » d’elle. M. Geagea a tenu ces propos dans une interview à la revue Nahar al-chabab, à paraître aujourd’hui. Il a indiqué que le scrutin se déroulera « sur la base de la moitié plus un », et qu’au cas où les deux candidats actuels (MM. Lahoud et Harb) « ne se satisferaient pas du quorum, il y a d’autres noms disponibles ». Le chef des FL a certifié que l’Alliance du 14 Mars « n’a pas encore fixé son choix sur un candidat ». « En cas de troisième option, les autres protagonistes regretteraient la situation actuelle, car cela ne serait pas plus doux pour eux. Nous choisirions alors un candidat qu’ils considéreraient bien plus éloigné d’eux », a-t-il averti. M. Geagea a d’autre part refusé de considérer qu’un échec de l’initiative du patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir, en faveur d’un dialogue intermaronite conduirait à un affaiblissement de la position de Bkerké. « De nombreuses initiatives de paix dans le monde ne sont pas couronnées de succès. » « Le patriarche ne fait pas de la tactique. Il a jugé nécessaire d’intervenir pour résoudre le problème en invitant les partenaires chrétiens à tenter de s’entendre sur un président. Il se peut qu’ils parviennent à un accord et il se peut que non. Dans les deux cas, il n’y aura pas de catastrophe », a-t-il dit. Le chef des FL a d’autre part exprimé son rejet d’une candidature du commandant en chef de l’armée, le général Michel Sleimane. « Avec tout mon respect à son égard, il y a une Constitution qui stipule que les fonctionnaires de première catégorie doivent avoir présenté leur démission deux ans avant de présenter leur candidature », a-t-il précisé. Au sujet de la réconciliation interchrétienne, M. Geagea a souligné ne pas avoir de problème avec le chef du CPL, le général Michel Aoun, mais « avec son positionnement » politique. Pour lui, ce n’est même pas l’alliance avec le Hezbollah en tant que parti local qui est problématique. En revanche, ce qui l’est à ses yeux, c’est « la dimension régionale de cette alliance ». Enfin, interrogé sur l’ancien ministre Sleimane Frangié, il a dit : « Si (M.) Frangié avait la liberté de manœuvrer et si la décision était entre ses mains, il y a longtemps que la réconciliation avec lui aurait eu lieu. » Le scepticisme de Souhaid M. Geagea a par ailleurs reçu à Meerab l’ancien député Farès Souhaid, fraîchement rentré d’une tournée européenne. À l’issue de l’entretien, M. Souhaid a tenu des propos similaires à ceux du chef des FL au sujet des candidats Nassib Lahoud et Boutros Harb. « Les protagonistes (…) qui rejettent Nassib Lahoud, l’un des symboles de la modération chrétienne depuis l’époque de Kornet Chehwane, et Boutros Harb, autre symbole passé et présent de la modération, seront surpris par les autres noms et finiront par regretter MM. Harb et Lahoud », a-t-il dit. L’ancien député a rappelé que tout le problème se résume à l’existence de deux points de vue divergents : le premier estime que l’État légal libanais peut coexister avec l’État du Hezbollah et que cela n’entrave pas l’édification de l’État. « Alors que notre point de vue, en tant que 14 Mars, est différent. Pour nous, il faut qu’il y ait un État unique, une décision politique unique au sein du Conseil des ministres, et un monopole de l’armée et des forces de sécurité sur les armes », a-t-il souligné. M. Souhaid a conclu en niant l’existence de signes annonciateurs d’entente autour de la présidentielle.