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Les centres à la discipline de fer ont fleuri aux États-Unis depuis 1990 L’enfer des « boot-camps » pour jeunes en difficulté dénoncé au Congrès

Devant une commission du Congrès américain, les larmes aux yeux, Cynthia Harvey a raconté mercredi l’enfer vécu par sa fille de 15 ans dans un « boot-camp », un de ces camps disciplinaires pour jeunes en difficulté, dont elle n’est jamais revenue. «Toute notre vie, nous serons hantés par le souvenir de notre fille nous suppliant de ne pas l’envoyer dans un camp. » En mai 2002, au premier jour de son séjour, Erica mourrait de déshydratation au cours d’une marche forcée dans ce camp de « thérapie par un retour à la nature sauvage » dans le Nevada. Les « boot-camps » à la discipline de fer – qui trouvent leur origine dans les camps d’entraînement des militaires – ont fleuri aux États-Unis depuis les années 1990, pour remettre sur le droit chemin des adolescents en difficulté, parfois juste déprimés, parfois délinquants ou aux prises avec la drogue. Un rapport du GAO, l’office chargé des audits pour le Congrès, montre que, pour la seule année 2005, il y a eu 1 619 incidents ou abus, impliquant du personnel d’encadrement, sur des jeunes enrôlés dans ces camps. Ce rapport n’intervient alors qu’en Floride, plusieurs gardes et une infirmière sont jugés pour la mort en janvier 2006 d’un jeune de 14 ans battu sauvagement parce qu’il ne voulait pas « faire de l’exercice ». Le cas avait ému l’Amérique lorsqu’une vidéo avait montré sur toutes les chaînes de télévision le passage à tabac du jeune homme. Le document du Congrès énumère pas moins de dix décès intervenus dans ces camps, parfois lors de suicides mais aussi résultant d’accidents, de mauvais traitements, de malnutrition ou du manque de formation de l’encadrement. « Ces allégations d’abus vont de la négligence à la torture ; ce cauchemar est resté pendant des années un secret de polichinelle », a affirmé le représentant démocrate George Miller, président de la commission à l’Éducation, devant laquelle a été présenté ce rapport. Il plaide pour qu’une loi fédérale réglemente ces camps. « Certains ont été forcés de manger leur vomi, de se coucher dans leur urine... », a rapporté Greg Kutz, enquêteur pour le GAO. Bob Bacon, le père d’Aaron, 16 ans, mort en 1994, a raconté comment son fils, qui avait perdu 20 % de son poids pendant son séjour, se voyait refuser la visite d’un médecin sous prétexte qu’« il faisait semblant » d’être malade. Il avait en fait une perforation de l’estomac. Durant une randonnée, qui a duré 20 jours, il avait pour repas « des lézards et des scorpions mi-cuits avec des lentilles », a affirmé son père. Une psychologue indépendante, Allison Pinto, qui milite pour une meilleure réglementation, a présenté au Congrès une enquête où elle a recueilli 700 plaintes. « Certains de ces camps violent les droits de l’homme : les jeunes y sont privés de nourriture, de sommeil, d’abri », a-t-elle indiqué, évoquant également des abus sexuels. En contrepoint, la représentante de l’association nationale de ce type de camps (Natsap), Jan Moss, a tenu à souligner qu’il « en existait de haute qualité pour aider les jeunes ». « Nous avons pour but d’éliminer les pratiques abusives. De toute évidence, nous avons du chemin à faire  », a-t-elle ajouté.
Devant une commission du Congrès américain, les larmes aux yeux, Cynthia Harvey a raconté mercredi l’enfer vécu par sa fille de 15 ans dans un « boot-camp », un de ces camps disciplinaires pour jeunes en difficulté, dont elle n’est jamais revenue.
«Toute notre vie, nous serons hantés par le souvenir de notre fille nous suppliant de ne pas l’envoyer dans un...